Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt Scamander

Chapitre 19

Chapitre 19

Jeudi 24 décembre

Au petit matin, Tayor Blimsk s'éveilla difficilement. Ses cheveux noirs d'encre étaient sens dessus dessous, et son visage étrangement bouffi. Sa peau était plus pâle qu'à l'accoutumée et ses yeux verts semblaient vitreux. Il n'y avait pas l'étincelle malicieuse et parfois énervante qu'il avait d'habitude. Quand il vit Norbert déjà prêt à quitter le dortoir, il l'interpella.

− Qu'est-ce que tu vas faire de beau aujourd'hui, Timide ?

− Je vais me promener avec Leta, et profiter de la neige, expliqua le petit rouquin sans mentir.

− Amusez-vous bien alors.

Norbert n'était pas très doué pour détecter les émotions des gens, mais là, le visage de son camarade et sa voix éteinte montraient une tristesse flagrante, même pour Norbert. Il s'arrêta un instant et regarda Tayor. Ils étaient les seuls premières années de Poufsouffle à ne pas être rentrés chez eux. Pour Norbert, c'était un choix personnel, il ne se sentait pas prêt à revoir son père, mais il semblait être tout autre pour l'autoproclamé Atchoum. Pris de pitié, il décida de proposer à son camarade de l'accompagner.

− Oh oui ! Cela serait super ! s'extasia Tayor. Mais... Tu es sûr que Leta sera d'accord que je reste avec vous ?

Norbert savait pertinemment que cette dernière ne voudrait pas, mais bon, il avait l'habitude qu'elle lui reproche ses actes. Quoi qu'il en soit, elle finissait toujours par lui pardonner.

– Ne t'inquiète pas, elle fera avec.

Un sourire éclaira le visage du jeune garçon, absolument ravi de pouvoir se rapprocher de Norbert qu'il trouvait si mystérieux et de Leta, qu'il trouvait si jolie. Il bondit de son lit et partit se préparer. Pendant ce temps, Norbert en profita pour prévenir Josyane qu'il n'y aurait personne dans le dortoir avant ce soir. Ainsi, son acromentule naine pouvait se balader, il plaça sa valise entrouverte sur son lit.

– Que fait Blimsk avec toi ? questionna Leta d'une voix peu engageante quand elle vit les deux Poufsouffles s'asseoir avec elle pour déjeuner.

– Ouah, tu connais mon nom ! s'exclama le garçon heureux comme tout.

– Bien évidemment, tu ne cesses de te faire remarquer en classe !

– Il va passer la journée avec nous, se contenta de dire Norbert.

Leta le foudroya du regard, puis avec le plus grand détachement déclara :

– Très bien, après le déjeuner nous allons jouer au lancer de gnome avec Peeves vers la forêt interdite.

– Nom d'un Troll, ça sera le plus beau Noël de ma vie, s'extasia Tayor avant d'éternuer un grand coup.

Leta, dépitée, n'ajouta rien. Elle avait compris qu'il resterait dans leurs pattes, quoi qu'elle en dise.

Trente minutes plus tard, les trois jeunes sorciers allèrent au fin fond du parc, tout en restant dans une zone autorisée. Peeves les rejoignit peu de temps après et s'exclama en voyant le jeune Blimsk.

– J'ai bien l'impression que ce ne sont pas des gnomes que nous allons lancer !

Tayor se mit à éternuer compulsivement, ce qui fit mourir de rire l'esprit frappeur. La suite de la matinée fut un mélange de jetés plus ou moins médiocres et de manœuvres pour faire éternuer Atchoum, ce qui était particulièrement amusant pour Peeves et Leta. Norbert quant à lui restait dans son coin à faire quelques croquis de la forêt interdite.

– Bien, il est l'heure de nous quitter, monsieur Blimsk ! décréta Peeves après avoir lancé un énième Gnome.

– Oh, pourquoi ? Je m'amusais si bien !

– Pour la simple raison que nous allons aller dans un endroit mortellement dangereux, et que le moindre bruit risquerait de nous faire tuer ! expliqua Peeves en s'approchant de plus en plus du jeune garçon.

– Mais je ne di-di ATCHOUM !

Tayor renifla un bon coup et observa l'esprit frappeur. Il ne semblait pas très disposé à changer d'avis et l'expression sur son visage était assez terrifiante. Penaud, il fit signe à Leta et Norbert, et leur proposa de se retrouver pour le repas. Son camarade acquiesça d'un signe de tête. Ravi, Tayor les laissa en paix et retourna au château, les ennuis, très peu pour lui !

– Nous allons dans la forêt interdite ? s'exclama Norbert, le sourire aux lèvres.

– Tout à fait, jeune sorcier, je me suis dit que ça serait un bon cadeau de Noël pour mes deux petits malfaiteurs préférés ! avoua Peeves avec un plaisir certain.

– Je ne veux pas casser ton plaisir, Norbert, mais tu ne pourras pas voir l'élevage de Sombral tant que tu n'auras pas vu la mort en face, déclara Leta, assez amusée de voir un Poufsouffle si heureux d'aller dans un tel endroit.

– Je sais, mais en les touchants je pourrai peut-être discerner leurs traits !

Leta pouffa et les trois compères entrèrent dans la forêt qui bordait Poudlard. Pendant une centaine de mètres, la forêt n'avait rien de bien effrayant. Les arbres étaient espacés les un des autres permettant au soleil de les inonder de ses rayons. Peeves s'amusait en passant d'ombre à lumière, à disparaître et réapparaître. La lumière agissant sur lui, le rendant encore plus brumeux qu'à l'ordinaire. Puis, les arbres se rapprochèrent, les branches tapissaient le haut créant ainsi un plafond qui ne laissait aucune chance à la lumière d'arriver jusqu'ici. Marcher fut bien plus difficile entre les racines qui sortaient de toutes parts. Il faisait littéralement nuit en plein jour. Leta, après s'être entravée une troisième fois, sortit sa baguette et utilisa le sortilège Lumos.

– Oh non malheureuse, tu vas faire fuir ce qu'on est venu voir ! piailla Peeves en lui ordonnant de cesser immédiatement.

– Nox, grommela Leta.

– Contentez-vous de suivre mon scintillement !

– D'accord, mais va moins vite alors ! C'est facile quand on flotte dans l'air, mais je te signale que ce n'est pas notre cas, déclara avec un certain mordant la jeune fille.

Peeves eut un sourire mauvais, mais ralentit tout de même l'allure, permettant ainsi aux deux jeunes de le suivre plus aisément. Une bonne dizaine de minutes plus tard, Norbert remarqua deux petits êtres fantomatiques en boule en plein milieu d'une sorte de clairière. Les arbres étaient bien plus espacés à cet endroit, mais leurs larges branches et leurs multiples feuilles empêchaient tout de même les rayons du jour de percer. Curieux, le garçon voulut s'approcher, mais Leta l'attrapa aussitôt par le bras.

– Tu ne peux pas y aller, ils sont entourés par une colonie de Sombrals !

– Tu vois les Sombrals ? s'étonna aussitôt Norbert en la regardant avec des yeux ronds.

– C'est une longue histoire que je n'ai pas le moins du monde envie de conter, avoua Leta, gênée.

La jeune fille regardait les créatures avec un certain effroi. Ces chevaux squelettiques aux ailles de chauve-souris étaient des plus effrayants. Ils n'avaient pas l'air agressifs, ils se contentaient d'entourer les deux petites boules légèrement lumineuses, comme des parents protégeant leurs petits.

– Vous pouvez vous approcher, ils vous laisseront passer si vous ne vous montrez pas hostile, expliqua Peeves en avançant vers eux.

Norbert, n'en croyait pas ses yeux, enfin, ses oreilles vu qu'il ne pouvait les voir. Il suivit à pas de loup Leta qui lui désignait la position de chacune de ces créatures magiques.

– Voilà, il n'y en a plus devant nous, déclara-t-elle pour Norbert.

Toujours doucement, il s'approcha des deux petites boules qui commençaient à gémir. L'une d'elle leva son museau vers Norbert et poussa un cri plaintif.

– Ce sont des bébés Cynospectre, s'étonna ce dernier en caressant amicalement le pelage fantomatique du chien. Comment se fait-il que leurs parents ne soient pas avec eux ?!