Chapitre 8

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Chapitre 8

Norbert admirait la réponse de Leta, elle n'en connaissait sûrement pas autant que lui, mais elle avait visé juste. Un selkie ne pouvait dire non devant un morceau de musique.

− Quelle charmante attention, siffla Méridia en approchant la barque près du bord.

Leta était rassurée. Josyane aussi. La créature mi humaine mi-poisson sortit une de ses mains griffues et palmées du lac et la tourna dans un sens puis dans l'autre. Sous le regard incrédule des sorciers, une masse informe sortit en rampant de l'eau. Un mélange de boue, de vase, de plante aquatique, de petits cailloux et même de coquillages avança jusqu'à un mètre de la rive. Puis l'agglomérat commença à prendre une forme bien particulière sous le regard ébahi de Leta. Un piano se trouvait devant elle, certes il était d'une matière douteuse, mais c'était quand même un piano. Elle s'approcha de lui avec émotion et fit glisser sa main sur les touches faites en coquilles de mollusques. Un son sublime en sortit, qui résonna agréablement dans la caverne.

− On ne va pas tenter le Sinistros, l'arrêta alors Norbert en pointant sa baguette droit devant lui. Unicus crypta !

Une bulle sortit de sa baguette grossie jusqu'à se fondre dans les parois rocheuses.

− Un sort pour ne pas que le son se propage hors de cette grotte, eh bien Norbert Dragonneau, j'ai l'impression que tu as utilisé la magie avant de venir à Poudlard, déclara Leta en lui adressant un regard inquisiteur.

Norbert haussa les épaules et se retourna vers la selkie.

− Merci d'avoir accepté que je te dessine.

− Avec plaisir, répondit-elle de sa voix frémissante.

Leta commença à jouer du piano. C'était simplement magnifique, les sons qui sortaient de cet instrument sortaient du réel. Leta n'avait jamais compris pourquoi sa belle-mère tenait tant à ce qu'elle apprenne à jouer d'un instrument Moldu, eux qui prônaient le sang-pur. En cet instant, elle ne regretta aucunement les heures de travail acharné qu'elle avait passées des années durant. La musique qu'elle produisait en était la plus belle réponse.

Méridia, satisfaite de ce qu'elle entendît se glissa hors du lac pour s'allonger devant Norbert. Il s'installa aussitôt sur la première pierre à peu près confortable venue et dégaina son fusain. Il croqua en premier les contours de son corps, descendant jusqu'à sa queue de poisson qui partait ses hanches argentées. Puis il s'attarda sur certains détails, comme l'implantation de sa chevelure qui formait un V sur son front, ses yeux bien plus écartés que ceux des humains et son nez presque plat.

La selkie observait avec attention le jeune sorcier. Il la regardait avec un certain envoutement. Ça flattait Méridia, mais elle se demandait qui des deux était le plus captivé. Elle admirait son visage grossier, ses globes oculaires si rapprochés et sa bouche si petite. Il mordillait ses lèvres et fronçait les poils qui se trouvaient sur son front. Mais par-dessous tout, elle aimait la couleur de ses cheveux qui paraissaient si souples et si soyeux. Ils lui rappelaient le feu qui brûlait seulement sur terre. D'un mouvement elle passa ses cheveux derrière ses oreilles, persuadée que le sorcier s'intéresserait à son cartilage pointu.

Elle avait raison, Norbert s'empressa d'ajouter ce détail. Puis il descendit, pour dessiner les formes charnues de sa poitrine. Il rougit à ce moment-là, même si sa peau grise ne laissait pas voir les mêmes différences que chez les humaines. Après avoir défini sa musculature, et queue de poisson composée de différents ailerons, il s'attaqua aux piquants qui recouvraient son échine.

Norbert dessina ainsi pendant une demi-heure, peut-être plus. Il ne se lassait pas de crayonner toutes les informations que lui offrait le corps de la selkie. Il était dans une sorte de transe, amplifiée par la voix douce de Leta. C'était une chanteuse née. À aucun moment il n'aurait imaginé un tel don entre ses mains... car oui, la musique, le chant était un véritable cadeau. Norbert n'en n'était pas doté, mais il se voyait encore, dans l'élevage d'hippogriffes à écouter sa mère chanter tandis qu'il l'attendait patiemment dans son berceau. Elle ne chantait pas que pour lui, non, elle chantait pour tous ses animaux qui se sentaient, apaisés, sereins quand une belle mélodie sortait de sa gorge. En grandissant, Norbert n'avait su développer ce talent, mais il trouva goût aux sifflements. Sa manière à lui de communiquer avec les animaux. Il était fier d'être capable d'appeler toutes les créatures magiques qui avaient un jour où l'autre atterrit dans son jardin. Poudlard lui offrirait un éventail plus large, lui permettant de perfectionner encore plus son art. Son rêve pourrait ainsi devenir réalité...

Norbert passa un dernier coup au troisième croquis qu'il avait ébauché et fut satisfait de son travail. Il ne lui manquait plus que quelques informations qui pouvaient se révéler utiles.

− Les aiguilles qui sont sur ton dos sont-elles empoisonnées ? lui demanda-t-il.

− Seulement en période de gestation, révéla Méridia de sa voix sifflante.

− Et... voulu continuer Norbert.

− Si tu veux en savoir davantage sur mon peuple, il faudra revenir. Il est temps pour moi de partir.

− Comment pourrai-je t'appeler ?

La selkie sortit un coquillage en forme de corne de sa chevelure et le tendit à Norbert.

− Souffle mon nom dans l'eau et je reviendrai. Je m'appelle Méridia, prit-elle soin d'ajouter avant de retourner dans l'eau.

− Attends, s'empressa de crier Leta qui venait tout juste d'arrêter de jouer. Sais-tu pourquoi les fantômes de nos maisons ont disparu ?

Trop tard, la selkie avait plongé dans l'eau glaciale du lac. Norbert se tourna vers elle, étonné.

− Bah quoi, on ne sait jamais.

Ils s'apprêtaient à quitter la crypte quand le clapotis de l'eau se fit entendre. Méridia n'était pas retournée chez elle. Son visage hors de l'eau elle plongea son regard d'un jaune citrine sur les deux jeunes sorciers. Elle semblait hésiter à leur répondre.

− Délivrer les fantômes vous soumettra à un sort funeste...

− Le mien ne sera pas plus joyeux, décréta Leta Lestrange, je veux bien prendre le risque.

− Soit, si le danger ne vous effraie guère, allez à sa rencontre. Dans leur tombe sont enfermés les fantômes, du moins... c'est ce que prétendent les créatures des bas-fonds.


(l'image de couverture vient de site suivant : http://fr.harrypotter.wikia.com/wiki/%C3%8Atres_de_l'eau )

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now