Chapitre 1

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L'ambiance me paraissait glaciale, simplement marquée par un bruit aigu régulier. Parfois, d'autres bruits s'y rajoutaient, mais bien trop rapidement pour que je puisse les reconnaître ou bien même les décrire. Contraint de subir les allers venus autour de moi, je n'avais qu'une envie : ouvrir les yeux, voir ce qui m'entourait, voir à qui appartenaient ces voix que j'entendais par moment autour de moi. Je voulais prendre possession de mon corps et de tout le reste. J'ignorais combien de temps s'était écoulé depuis que j'étais conscient de ce qu'il se passait autour de moi, tout comme j'ignorais pourquoi j'étais ainsi bloqué dans cet état de semi-conscience, mais cela me semblait interminable. J'avais cherché à me rappeler, mais je n'avais rien trouvé. J'étais incapable de me rappeler de quoi que ce soit, pas un seul souvenir ne voulait refaire surface. Pourtant, comme si mes efforts avaient enfin payé, je parvins à ouvrir les yeux, mais la lumière crue des néons me contraint à les refermer aussitôt. La pièce était claire, trop claire, ça en était éblouissant.

— Il a ouvert les yeux ! s'empressa de dire une jeune femme.

J'entendis alors des bruits de pas précipités et une voix qui s'adressait à moi, sans que je ne parvienne à l'identifier.

— Matt ? Tu m'entends ?

Incapable de répondre, incapable de faire le moindre bruit, je restai immobile, tentant simplement de recouvrir des sensations. Puis une nouvelle voix retentit, et bien que je ne parvienne pas à mettre un visage dessus, elle me sembla familière.

— Matt ? Matt, c'est papa, est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu peux ouvrir les yeux ?

Cette fois-ci, je compris qui il était vraiment et parvins à laisser un gémissement passer mes lèvres pour lui répondre. Un faisceau lumineux s'abattit sur mes pupilles après qu'il ait ouvert mes paupières, l'une après l'autre. Puis je m'appliquai à ouvrir les yeux et me rendis rapidement compte que tout était trouble autour de moi. Je finis par réaliser que ce que je sentais au creux de ma main depuis de longs jours étaient une autre main. Je tournai la tête vers sa propriétaire et au bout de longues secondes d'adaptation, je remarquai qu'il s'agissait d'une jeune femme. Elle devait avoir une vingtaine d'années à tout casser. Son visage fin aux traits fins était encadré par une chevelure dorée s'accordant à merveille avec son regard émeraude. Je réalisai rapidement que ses yeux larmoyaient, et un sourire était bien logé sur ses lèvres sans que je ne comprenne réellement pourquoi. J'ignorais qui elle était et encore plus ce qu'elle pouvait faire ainsi à mon chevet, à me tenir la main. Sans rien dire, je tournai difficilement la tête pour apercevoir deux hommes. L'un d'eux quitta simplement la pièce sans que je n'aie pu m'attarder sur son visage, mais le second, je le reconnus immédiatement. C'était mon père.

— Papa, soufflai-je tout bas.

J'ignorais s'il m'avait entendu mais ma gorge était prise et douloureuse, et ma voix enrouée. J'avais l'impression de n'avoir pas parlé depuis des semaines et en réalité, j'ignorais à quand remontaient mes derniers mots. J'ignorais tout autant depuis combien de temps j'étais allongé sur ce lit d'hôpital et pourquoi je l'étais. À cette pensée, mon cœur s'emballa en même temps que le moniteur relié aux électrodes présents sur ma poitrine.

— Bonjour fiston, souffla-t-il simplement.

Il n'était pas difficile de voir sa joie de m'entendre, mais la panique dû se lire sur mon visage.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? s'inquiéta-t-il à son tour.

— Qu'est-ce que..., tentai-je. J'ai mal...

Ce furent les seuls mots que je parvins à prononcer.

— Prépare un verre d'eau s'il te plait.

Souviens toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant