La révolte du soleil

Chapitre 48

La ville était sombre, seul le palais illuminé éclairait cet embouteillage d'immeubles et de maisons.
Vu des toits, cela donnait un aspect féerique au château.

J'étais assise sur la toiture du repaire, les pieds dans le vide.
Pour la première fois depuis des mois, le ciel n'était pas recouvert de fumée.
La guerre était finie.
L'issue de celle-ci était inconnue mais qu'importe, le sang ne coulerait plus pour cette horreur.

Il y a environ deux mois, j'en aurai profité pour rentrer à la maison, prétextant aux vérificateurs un enlèvement.
Aujourd'hui, je ne pouvais pas, on connaissait mon visage, j'avais une mission et un rôle.

J'entendis une voix féminine qui rouspétait, ce qui me donna le sourire.
Epéiste arriva à ma hauteur, les sourcils froncés, suivie d'Elizabeth qui souriait.
À la vue de ces deux amies, je ris.
Je les aimais bien.
Malgré la difficulté et la dangerosité de leur travail, elles arrivaient à alimenter une amitié soudée.
« Bon, mon élève préférée, on y va bientôt? Je ne compte pas rêvasser toute la nuit. On doit faire une petite surprise aux vérificateurs!
-Depuis quand suis-je ton élève préférée demandais-je dans un rire.
-Depuis que tu n'as pas respecté le plan de Serena et que tu l'as mise en colère. "La Révolte du Soleil dessine l'ombre de la Liberté." Rien que pour ça j'aimerai être mentor plus souvent. Tu as bien compris la leçon, il faut être rebelle pour atteindre ce que l'on souhaite avoir. »

A sa remarque, je partis dans un fou rire, quand à Elizabeth, tout en gardant le sourire, leva les yeux au ciel.
C'était de ces moments qu'on espérait éternels. Pendant quelques minutes, nous avions oublié la mission qui allait suivre, le danger qu'on allait encourir, les meurtres qu'on allait peut être commettre.
Pendant quelques minutes, nous avions été trois jeunes femmes normales.
Sans doute, dans une autre vie, nous aurions été comme cela, à rire pour un rien .
« Cessons, il est bientôt minuit. Allons à la bibliothèque. »

Nous fîmes ce que venait de dire Elizabeth et nous nous dirigeâmes vers le lieu où je travaillais. La nuit était froide, une légère brise soufflait et emmêlait nos cheveux.
Le stress montait, je ne faisais que toucher mon épée accrochée dans mon dos pour vérifier si elle était bien la.
Au moins, ce sentiment me permettait de ne pas revisionner les images du corps s'écroulant devant mes yeux.

Nous arrivâmes sur les toits de la grande place, nous descendîmes et marchâmes à la vue de tous vers la bibliothèque.
Monsieur Liber nous attendait, celui-ci prit Ombeline dans ses bras
« Fais attention à toi, Ombe. »

Après cette demande émouvante, Epéiste alla l'enfermer dans sa chambre.
Elizabeth en profita pour s'accroupir au dessus d'une étagère afin d'avoir un bon angle de tir. Quand à moi, je m'installai derrière la porte d'entrée pour prendre par surprise nos assaillants.
Je serai la première cible sur le front.
Epéiste finit par nous rejoindre, elle se plaça derrière le bureau massif, prête à lancer ses couteaux au moindre mouvement.

Nous attendions.
Mes mains étaient moites, mon cœur battait à tout rompre.
Je comptais mes respirations pour me calmer. Des bruits sourds me ramenèrent à la réalité.
Des bruits de pas qui tapaient contre le sol. Beaucoup de pas.

Je sortis l'épée de mon fourreau et la plaçai devant moi.
J'étais prête à me battre.
Un souffle,
deux souffles...

La porte s'ouvrit dans le plus grand des fracas. Les vérificateurs n'avaient même pas mis un pied dans la bibliothèque que les flèches fusèrent, ainsi que les couteaux.
Pour ma part, je mis quelques secondes à réagir. J'étais figée par la peur.
Ils étaient environ une trentaine prêt à nous éliminer.
On était trois .
Trois à être le piège qui pouvait nous faire gagner.
Nos chances de nous en sortir indemnes étaient minces.
« Dayana! »

Je sortis de mon état de glace et me lançai dans la masse.
J'évitai les coups et les balles de justesse.
Je blessai de plus en plus.
Je me battais sur un lac de sang,
sous une nuit de pluie de flèches et de lames.
Je ne ressentais plus rien sauf le poids de mon épée dans ma main droite.
Je n'entendais plus rien sauf mon souffle irrégulier.
Je voyais tout, les morts, les blessés, les virtuoses du combat, mes amies, le sang...

Soudain, cet état second prit fin quand je ressentis une vive douleur à l'épaule gauche.
Une balle d'arme à feu était venue se réfugier dans ma chaire.
J'hurlai de douleur et reculai de quelques pas. Sous l'emprise de cette blessure, je pris le temps d'observer ce qui se passait autour de moi. Elizabeth avait bientôt finie sa réserve de flèches. Epéiste, elle, n'hésitait pas à aller chercher ses couteaux sur les vérificateurs tombés au combat. Il fallait que je fasse quelque chose.
Je ne servirai pas à grand chose si je continuai à me battre dans cet état.
Je remarquai les flèches plantés dans les morts. Elizabeth en avait besoin.

Je me lançai dans ce champ de bataille comme une de ces lames qui courait dans l'air, ma main droite pressant avec force mon épaule blessée. Mon épée rangée dans mon dos me parut légère tandis que je courais ainsi.
Une balle atteignit ma cuisse.
Je trébuchai et criai ma souffrance à terre dans ce sang.
Pourtant, je me relevai quand même et en titubant, j'atteignis les vérificateurs morts.
Je voyais flous, mes larmes me brouillant la vue tandis que je retirai les flèches de ces corps sans vie.
Cette affreuse labeur finie, je m'élançai vers l'archère, grimpai les étagères remplis de livre et lui lançai son armement.
Elle me gratifia d'un hochement de tête avant de remarquer mes blessures.
Je lui répondis par un sourire d'un air de dire que tout allait bien.

À peine eus-je fini de descendre ces étagères qu'un silence lourd tomba sur ce massacre.
Une personne au visage familier, accompagnée de deux vérificateurs venaient de pénétrer dans la bibliothèque.

**********************************************
Dites moi, à votre avis, quel est cette fameuse personne???

Sinon, comment avez vous trouvé ce chapitre.

PLUS QUE DEUX AVANT LA FIN DU PREMIER TOME!!!!