Chapitre 33

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Il était environ dix heures, la bibliothèque était vide, le seul bruit venu déranger ce silence pénible était celui de l'horloge qui avance, qui nous rappelle à chaque instant nos actes, leurs conséquences et l'impossible retour en arrière. On pouvait dire ce que l'on voulait, on était jamais vraiment pardonné après une erreur, le temps nous pardonnait pas, c'était toujours des secondes perdues pour avoir commis ce que certains appellent un pêché.

Je ne faisais que repasser les retrouvailles catastrophiques avec Laurier, je savais que j'avais agi excessivement mais je m'étais senti trahi, je me sens trahi et je me sentirai trahi, car oui l'aiguille avance toujours et éternellement, je me souviendrai de ce sentiment de trahison, alors il renaîtra avant de peut être redisparaître puis revenir attaquer.
Ce n'était qu'un cercle vicieux, le temps n'est qu'un cercle vicieux, il donne naissance à la nostalgie et vous chuchote sans cesse la mort qui se rapproche à grand pas, chaque seconde, elle est de plus en plus prête à bondir à la moindre occasion; ce peut être la maladie, l'accident, l'erreur, ou bien encore la vieillesse, cadeau empoisonné du sablier qui ne fait que s'écouler.
L'âge avancé montre les souvenirs passés, or en échange elle vous donne regret, laideur, et plus encore l'enlèvement de la dernière once de vie.

Je pris le téléphone et tapai le numéro que je m'étais juré de ne plus jamais appelé.
La sonnerie retentit, une fois, deux fois, trois fois.
«Oui, allô?
-Bonjour, excusez-moi de vous déranger Madame Hortus, votre fils Laurier a réservé une table à la bibliothèque pour demain à 17h30, je souhaitai m'assurer qu'il n'y aurait aucun empêchement.
-Excusez-moi, on se connaît?
-Non, je ne crois pas... je suis nouvelle.
-Oh, excusez-moi, vous me rappe..., ce n'est rien. Concernant mon fils, je l'ignore, puis-je vous rappeler ce soir?
-La bibliothèque ferme à 18h00.
-Je vous recontacterez plutôt. Bonne journée.
-Bonne journée, madame.»

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*Point de vue de Violette Hortus

Je reposai le téléphone sur la table en même temps qu'une larme coula sur ma joue.

La voix, elle était si semblable à celle de Flore, et pourtant il y avait quelque chose qui me faisait douter, une force, une détermination qui n'existait pas chez ma fille.

Puis, les vérificateurs m'avaient annoncé sa mort, étrangement je ne me souvins que de l'expression des ses anciens camarades.
On leur avait partagé la terrible nouvelle, seulement six jours après la disparition de Flore.
Par la suite Laurier s'était enfermé dans sa chambre, seul un ancien ami à mon aînée, Regulus avait le droit de le voir.
Mon fils n'était sorti de la maison qu'hier, il n'était toujours pas revenu, autrefois je ne m'en serai pas préoccupé, mais là c'était différent, il avait dû subir le deuil.

Je n'avouais pas à voix haute ce que je pensais, je n'y croyais pas à la mort de Flore, elle nous avait annoncé son départ, je n'étais pas d'avis sur le fait qu'elle ait perdu la vie quelques jours plus tard malgré le premier soir de sa fuite qui fut mouvementée par ce double meurtre.
«Maman, pourquoi tu pleures?»

Je tournai la tête et vit Marguerite et Rose, mes deux petites jumelles, accompagnées de leur petit frère Lotus.

Je souris pour deux raisons, la première est que notre monde était assez dure comme ça pour qu'elles assistent en plus à la tristesse que peut être la vie, la deuxième était que malgré leurs yeux marrons, elles me rappelaient Flore, ma fille à tout jamais perdue.

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*Point de vue de Dayana Silva
Quelques heures plus tard:

J'étais devant le téléphone attendant l'appel avec impatience.
Je désirais ardemment m'expliquer et entendre les arguments de mon frère cadet.

Une mélodie qui m'était familière retentit, je pris l'appareil rapidement, le mis près de mon oreille et eut le malheur de bégayer.
«Oui, allô?
-On m'a dit que je devais vous appeler.»
1,2,3, c'est le nombre d'inspiration que je dus prendre avant de pouvoir répondre à cette phrase dite par la personne dont j'avais envie d'entendre la voix depuis environ sept heures. Je n'avais pas remarquer que ma respiration s'était coupée alors que j'étais dans l'attente de sa réponse à ma phrase composée de deux mots que j'avais prononcé si vite qu'il m'était difficile de dire si celui qui se révélait être un révolutionnaire les avait compris.

Bref au bout de ces trois respirations, je réussis à demander
«Depuis quand?
-Mes dix ans.»

Ce qui était bien avec Laurier c'est qu'il m'avait toujours compris mieux que personne.
Ce qui était moins bien, c'est que cela faisait cinq ans qu'il me tenait dans l'ombre de ses secrets, prêt de ses mensonges.
-Comment?
-Serena m'a remarquée alors que je pratiquais le sport de combat à l'école. Elle m'a demandée si je souhaitais devenir meilleur, si je souhaitais me battre, si je souhaitais protéger ceux que j'aime. Je fais parti des rares ombres des révolutionnaires, les enfants engagés dans l'ordre et tenus secret, dans "l'ombre".
-Cite moi un moment où j'aurais pu percer ce secret.
-Le jour de la révolte, il y a trois ans quand j'ai mis a terre ce vérificateur à douze ans.»

Je me repassais la scène dans tête, je me souvins de m'être demandée la raison pour laquelle il avait réussi à battre cet homme d'âge mûr.
Je me souvins de ne pas avoir trouvé de réponse.
Je crois que je lui en voulais, que je m'en voulais, que j'en voulais à la dictature.
Mon esprit s'embrouillait, s'était trop, je ne le supportais pas.
«Au revoir, Laurier.
-Au revoir...Dayana.»

L'entendre dire mon prénom fut la goutte qui n'aurait jamais dû tomber, en un mot je venais de comprendre que c'était définitivement la fin d'une jeunesse heureuse.
Celle-ci laissait place à l'avenir mouvementé.
Une larme coula, je me jurais que c'étaient les dernières pour une trahison.
Désormais, je serai forte, je barrai définitivement mon passé.

Je portais la main à mon collier et tirai dessus, je cassai le fermoir.
J'étais peut être un soleil, mais mes rayons n'éclairaient que l'avenir, que l'aiguille qui avance.

Je ne séchai mes larmes que quand j'entendis ces mots
«Tout va bien madame?»

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Je vous préviens la personne que vous allez rencontré va avoir un rôle important, va être décisif pour notre héroïne préférée.

Comment avez vous trouvé le commencement de l'embrigadement de Laurier chez les révolutionnaires?

Avez vous aimez ce chapitre?

Enfin, avez vous une idée du personnage que nous allons rencontré?

Sur ce, à la semaine prochaine.

PS: publié sous une pluie battante.

La révolte du soleil Where stories live. Discover now