Chapitre 46

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J'étais à terre, regardant le plafond d'un regard vide.
L'épée à quelques centimètres de mes doigts, or je n'essayais même plus de la prendre, de m'entraîner avec.
J'étais fatigué.
Fatigué de fuir,
fatigué de me battre.

La porte de la salle d'entraînement s'ouvrit soudainement.
Je ne tournais même pas la tête pour voir qui était-ce.
Je n'avais pas envie de retourner à la réalité. J'étais bien là, à me souvenir d'un bonheur qui, aujourd'hui, me paraissait lointain.

Le nouvel arrivant s'allongea à mes côtés et ne dit rien pendant un instant.
Cela ne me dérangeait pas, je ne ressentais plus rien à part de la colère.
«Je suis désolé.»

Bien sûr, il fallait que ce soit lui.

«Que me vaut ce plaisir, Regulus?
-Le jour où je t'ai vu à la bibliothèque, je ne pensais pas complètement ce que je t'ai dit. J'étais en colère, certes, concernant le fait que tu ne m'ais rien dit car tu ne m'avais jamais repoussé. En fait, c'est cela, j'étais vexé. Tu as fui en un coup de vent en me laissant les bras ballant avec pour seul réponse un stupide mensonge sur le manque de sommeil.
-Alors pourquoi m'as tu craché à la figure mon égoïsme pour avoir tout quitté afin de protéger Laurier?
-C'est grand-mère qui me l'a demandé, cela faisait parti de son plan. Elle avait besoin de quelqu'un qui pourrait accepter de surveiller la Tour du Lynx en faisant semblant de travailler pour Jean pour aider les révolutionnaires. Donc le jour où Epéiste lui a dit qu'elle avait accompagné une gamine à la bibliothèque et qu'elle ait fait le rapprochement avec ta fuite, elle a tout de suite compris que tu étais cette personne. Selon elle tu avais toutes les qualités et les capacités pour nous rejoindre. Grand-mère était persuadée qu'en touchant les cordes sensibles te raccrochant à ton passé, tu serais plus naïve, moins réfléchi. Elle avait raison, il a suffit que je remette en cause des actes pour que tu la suives et d'un Laurier furieux et révolutionnaire pour que tu sois sûre de ton choix. C'est de ma faute si tu as tué, c'est moi qui ai suivi cette partie du plan. Je t'ai contredis avec colère puis donné les bon arguments à Laurier afin qu'il vienne au repaire et essaye de te faire changer d'avis. Ainsi tu as appris la vérité sur ton frère et tu es devenue révolutionnaire.»

Je digérai toutes ses paroles.
Ça n'avait jamais été mes choix, tout avait été calculé.
Ma colère ne fit qu'augmenter.
Malgré cela je constatai
«Ce n'est pas de ta faute, cela reste quand même mes choix. Ce sera toujours moi qui aura appuyé sur la détente et tué ce vérificateur.»

On laissa le silence s'installer.
Une larme coula sur ma joue.
Je me redressai.
Je me devais de combattre, il était temps d'arrêter de fuir.
J'avais tué et cela me poursuivrait jusqu'à ma propre mort mais si c'était pour être pourchassée par un meurtre toute sa vie autant donné un sens à ce crime.

Regulus se redressa à son tour et de ses doigts sali par le sang de plusieurs fidèles de la dictature, chassa ma larme.
Je ne bougeais plus, j'avais apprécié ce contact, cette peau toucher la mienne.
«Tu étais sincère le jour de ton départ quand tu m'as dit "Je t'aime"?»

En plus de ne pas bouger, je ne respirais plus.
Je ne savais que répondre.
Quand je lui ai avoué mes sentiments, c'était réel. Mais aujourd'hui?
Avec cette pression, la révolte, la trahison de Laurier et la révélation de Victor.
Je l'ignorais.
«Le jour de mon départ, oui, j'étais sincère.
-Et aujourd'hui?
-Je ne sais pas. »

Regulus se redressa d'un coup, l'air furieux.
Je me relevai donc, sans comprendre.
Il reprit la parole.
«C'est ce garçon n'est-ce pas? Je l'ai vu au restaurant. Ça va, vous avez passez une bonne soirée! Et puis après tout, pourquoi dire non? Il a les moyens de te payer un dîner au restaurant chic. C'est sûr qu'un homme comme moi qui n'a presque plus d'héritage et qui, pour seul possession, a une arme à feu et un poignard. J'ai peu de chance!
-Il n'y a rien entre moi et Victor! C'est juste un ami!
-Tu en as de bons amis. Fais nous une liste la prochaine fois qu'on souhaite rentrer dans tes critères d'amitié. A la première place, ce doit être le restaurant chic.
-Tu te trompes.
-Alors dit moi une bonne fois pour toute ce que tu ressens pour moi.
-Je t'ai aimé, plus que je ne le voulais. Aujourd'hui je ne sais pas car mes illusions à l'eau de rose sont tombées le jour où tu m'as craché ces paroles blessantes à la bibliothèque. Même si tu viens de m'apprendre que ce n'était que le plan de Serena, je ne suis plus certaine de ce que je ressens pour toi. Je sais que c'est plus de l'amitié mais pour que ce soit de l'amour, laisse moi du temps. Il faut que je retrouve cette sensation que je ressentais autrefois en te voyant.»

Regulus me regarda, un instant, sans que je ne puisse comprendre ce qu'il éprouvait puis il s'avança vers moi jusqu'à ce que sa bouche ne soit non loin de la mienne.
Nos souffles se mélangeaient, mon coeur battait vite, trop vite.
Je n'arrivai plus à bouger, j'étais fixée sur place. Mes yeux alternant son regard marron à sa bouche foncée.
Je crois aussi que je ne respirais plus, j'avais chaud, un grand besoin de respirer l'air frais, voilà ce qu'il me fallait.
«Et là, tu l'as retrouvée la sensation d'autrefois? me chuchota-t-il.
-Regulus... soufflais-je.»

Il ne me laissa pas finir, sa bouche venait de se plaquer sur la mienne.

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Je crois qu'on peut le crier haut et fort:
ENFIN!

Sinon, comment avez-vous trouvez ce chapitre?

La révolte du soleil Where stories live. Discover now