Chapitre 11

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Je clignai des yeux plusieurs fois.
Feindre l'ignorance,
feindre l'ignorance, me répétais- je.

Il avait deviné, c'était sûr, de toute façon, Epéiste lui avait dit qu'elle m'avait sauvé la vie.
Le problème c'était qu'il avait l'air de me prendre pour responsable de ce qu'elle avait fait.

Remarquant ses yeux bleu glacier braqués sur moi, je daignai répondre.
«Euh, non, non, je l'ignorais. C'est... terrible.
-Terrible, certes, mais moi je l'aurais plutôt qualifier d'horrifique. Ce serait "terrible" si le ou les meurtriers en faisant cette homicide pensaient à inspirer la terreur ou à amener de grands malheurs, si le responsable de cet acte était masochiste. Je vais t'apprendre quelque chose sur moi Dayana: J'exècre ce qui est terrible donc je veux que tu me racontes dans les moindres détails ce qui s'est passé hier soir.»

Je baissai les yeux, honteuse, j'étais décidément la pire des menteuses qui puisse exister.
Que dire?
La vérité?
Je décidai d'aller du côté de la raison et lui appris ce qui était arrivé hier, de ma rencontre avec l'homme ivre à mon arrivée au repère d'Epéiste.

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Cela faisait exactement quatorze minutes et six secondes que j'avais fini de lui raconter les faits d'hier et qu'il régnait un silence pesant dans la cuisine.
Je ne distinguai comme seul son le bruit des mes couverts dans mon plat.
Monsieur Liber, lui, n'avait pas touché à son assiette, il se contentait de fixer la nappe d'un air songeur depuis que je m'étais tu.
Ce silence et ce regard perdu dans le vide étaient une torture pour moi.
Si je me faisais licencier, j'étais foutu, j'aurais perdu un temps considérable pour la recherche d'un futur travail.

«Mais qu'à tu fais Ombe?»

Je relevai la tête et écarquillai les yeux.
Seize minutes et cinq secondes, c'était le nouveau record du temps que j'avais passé dans un silence total si l'on ne comptait par la nuit.

Mon employeur se leva et s'approcha de la seule fenêtre de la pièce, il serra les poings, ses jointures devinrent blanches.
Je remarquai une larme couler le long de sa joue.
Il finit par me dire
« Je fermai la bibliothèque, on était mardi, je m'en souviens car c'était le lendemain de la révolte, il régnait une ambiance des plus triste dans la ville, personne n'avait le cœur à se mettre à l'ouvrage. C'étaient les conséquences de la défaite du peuple. Bref, je m'apprêtai à fermer les portes quand une adolescente de ton âge, les a franchies et m'a demandé d'une petite voix si elle pouvait s'asseoir et faire une recherche. N'ayant eut aucun client ce jour là, je n'ai pas refusé. Je me suis assis à mon bureau et l'ai observé pendant un quart d'heure. Son teint était pâle, ce qui contrastai avec la couleur des ses cheveux et des ses yeux qui eux étaient noirs. Après cela, la jeune fille a essayé de se levée mais s'est écroulé par terre. J'ai accouru vers elle, l'adolescente pleurait. Je l'ai faite assoir sur une chaise et ai attendu qu'elle se calme. Une fois calmée, elle m'a dit d'un ton emplie de tristesse que ses parents étaient décédé la veille. Le soir même je l'ai nourrit, logé; pendant un an je l'ai gardé sous mon toit jusqu'à cette nuit. Elle sortait souvent pendant le couvre feu, elle faisait de nombreuses ballades nocturnes pour le simple plaisir de ne pas respecter la loi. C'était le début de sa vengeance, disait elle. Bref, cette nuit, elle est sortie et n'est pas revenue. Je ne l'ai revue qu'un mois plus tard dans les journaux, elle avait tué un vérificateur, et deux semaines plus tard elle a passé les portes de la bibliothèque habillée comme se matin, en noir avec une cape de même couleur. Elle s'est contentée de poser un mot sur le comptoir, d'un sourire et d'un: Merci Jean.
Cette adolescente s'appelle désormais Epéiste et pourtant je garde en mémoire Ombe, c'est ainsi que je l'appelai.»

Cet homme avait aimé ma sauveuse, il avait pris soin d'elle et malgré son départ soudain, il ne lui en voulait pas.
Il n'avait jamais apprécié les projets d'Epéiste, il n'avait jamais apprécié sa vengeance et pourtant il avait respecté son idée.

Monsieur Liber pensait être soudainement entré dans la vie de la guerrière mystérieuse et d'en être sorti rapidement mais il se trompait. Je l'avais bien vu au regard d'Epéiste quand elle m'a déposé ici, Jean Liber comptait toujours pour elle.

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*Point de vue de Jean Liber

"Cher Jean,
Pardonne moi, je sais que je n'aurais jamais dû partir ainsi, je sais aussi que j'aurais du te donner de mes nouvelles.
Mais non comme à mon habitude, j'ai désobéis aux règles, cette fois c'était celles de la politesse.
Je suppose que tu m'as vu dans le journal, oui Jean, depuis que je t'ai quitté j'ai ôté la vie à deux personnes, deux vérificateurs, deux monstres.
Un, le soir où je t'ai quittée, l'autre, il y a deux semaines.
Je te le jure le premier je ne l'ai pas voulu.
Le second, cela fait parti de ma vengeance.
Je sais que tu ne l'as jamais apprécié, mais je me dois de la faire, pour honorer mes parents. Ils ne sont pas mort pour rien, ils sont mort en voulant atteindre la liberté, moi je mourrai en atteignant la liberté.
Je ne t'oublie pas,
Ombe devenue Épéiste."

C'était cela le mot qu'elle m'avait laissé, un mot pour m'annoncer qu'elle avait basculé de l'autre côté, un mot d'adieu, un mot pour dire qu'Ombe n'existait plus, qu'il ne restait qu'Epéiste, une fille qui tuait pour se venger, une fille qui avait oublié ce qu'est "aimer".

Je ne connaissais pas Epéiste mais j'avais aimé la défunte Ombe.

J'observai Dayana, elle regardait par la fenêtre, la grande place.
Ses yeux or me faisaient penser à deux soleils brillants dans un ciel sans nuages, ils étaient beaux, uniques.
Ses cheveux bruns clairs lui tombant sur les épaules étaient légèrement ondulés, il lui donnait un air plus sage, plus mature.

Quand elle était rentrée tout à l'heure dans la cuisine, j'avais remarqué qu'elle avait pleuré, des rougeurs se trouvaient au niveau de ses cernes.

Elle me faisait un peu penser à Ombe, elle avait pleurer le passé et les jours heureux, sans doute.

J'avais aussi tout de suite remarqué qu'elle mentait, ses joues avaient rosies, de l'hésitation s'était sentie dans sa voix et sa réponse était la première qu'il lui était passé par la tête. Personne ne répondait que c'est terrible quand on annonce qu'il y a eut un meurtre.
enfin j'avais remarqué son visage se décomposer quand j'avais contesté sa réponse.

Je regardai l'heure sur ma montre, 21h00, il était déjà tard, j'ordonnai donc à Dayana
« Vu l'heure tardive, il faudrait mieux que tu ailles te reposer, il serait fâcheux que tu n'arrive pas à l'heure pour le petit déjeuné.
-Oh, oui, excusez moi, passez une bonne nuit monsieur Liber.»

Elle me sourit et quitta la cuisine.
Je sortis à mon tour de la pièce et me dirigeai vers ma chambre.
Une fois arriver, je me changeai, m'allongeai sur mon lit et avant de sombrer dans le sommeil je me souvins d'avoir déjà vu le collier que Dayana porte, ce soleil en or.

La révolte du soleil Where stories live. Discover now