Chapitre 1:

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J'étais devant la table, il fallait que je le dise sinon il sera trop tard.
Ils comprendront, Laurier aussi comprendra, je partais pour lui, je ne voulais pas qu'il aille à la guerre, qu'il se batte pour notre despote.
Si je partais les vérificateurs seront obligés de le laisser à la maison, ces gardes qui vérifiaient quotidiennement si l'on respectait les lois du monarque, d'ailleurs ils avaient  tous les droits. Non, j'allais partir, changer d'identité, je serai comme disparu, une jeune fille de 16 ans qui aura fugué.
Si je restais, Laurier ira à la guerre car selon la loi les parents étaient  en train de devenir faible car ils ne pouvaient  courir, se défendre et donc ne pouvaient pas garder une famille en tant de crise. Par contre, j'étais  assez grande pour travailler, tenir une maison.
Oui, c'était décidé j'allai partir, changer de vie, m'en crée une.

Comment leur annoncer?
Je voyais déjà la tristesse transparaître dans leurs yeux déjà ternes par l'âge et la fatigue causée par une vie faite de dures labeurs.
Je voyais déjà les rivières coulées sur les joues de ma mère, les poings de mon père se contracter et prendre une teinte proche du rouge qui apparaissait aussi dans nos veines.
Je voyais déjà les efforts de ma génitrice pour me faire dissuader, les jurons sortir de la bouche de mon géniteur .
Je voyais déjà tous ce que je redoutais:la douleur.
Je la voyais déjà s'infiltrer au plus profonds d'eux mêmes, les ronger de l'intérieur jusqu'à ce qu'il ne reste que peu de force pour lâcher un dernier vœux, un dernier mot doux, un mot d'amour, un mot qui fait naître un espoir...inespéré.

Serais-je assez forte pour voir tout cela?
Il le fallait, c'était même inévitable si je voulais pouvoir sauver Laurier, pouvoir offrir la paix à mes parents.
Ils n'auront rien à craindre, mon frère sera avec eux vivant, en bonne santé, moi...

Que deviendrais-je?
Une orpheline, une pauvre fille sans rien.
Mes économies me feront survivre deux à trois semaines maximum.
Il faudra que je trouve un travail, aujourd'hui avec la guerre on peut trouver un job à 16 ans.
J'y arriverai, il le fallait, je n'avais pas le choix, ma survie en dépendait.

Peut être qu'un jour, dans un monde meilleur, quand tout cela sera terminé, je pourrai revoir mes géniteurs, les serrer dans mes bras, je pourrai ébouriffer les cheveux bruns de mon frère et lui dire que tout va bien , que tout est fini, qu'il n'a plus rien à craindre .
Pourquoi tremblais-je?
Pourquoi pleurais-je?
Ne pas y penser, la réponse me fera ralentir dans ma quête, me fera tout abandonner.

Oh mon dieu!
J'entendis des pas dehors, seraient-ils déjà arrivés, faites que non.
Une clé fut insérée dans la serrure, je l'entendis tourner, la porte s'ouvris et mon monde s'écroula en entendant ces mots:
«Flore, ma chérie, nous sommes rentrés!»

Aurais-je assez de force pour leur avouer mes plans?
Aurais-je assez de force pour complètement disparaître?
Aurais-je assez de force pour désormais m'appeler Dayana Silva?

La révolte du soleil Where stories live. Discover now