Chapitre 8

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Epéiste ferma la porte de l'échoppe qui n'était rien d'autre qu'une couverture pour son repère se trouvant au sous-sol puis me rejoignit au milieu de la rue étroite.
Il devait être midi passé et pourtant la rue était vide, les volets des maisons environnantes étaient fermés.
J'avais  l'impression de me trouver dans un quartier fantôme ou il n'y avait aucune âme qui y vive.

Cela avait-il toujours été comme ça?

Je ne le savais, je n'étais jamais venu ici, c'était  un quartier mal famé, il n'y avait donc aucune raison pour que je vienne flâner dans ces rues insalubres.

A force de marcher, nous arrivâmes dans le centre ville, il n'était plus aussi vivant qu'il y a six mois et pourtant cela restait le secteur le plus fréquenté de la ville.
Non loin se trouvait la grande place, c'est là que m'emmena Epéiste.

Pourquoi m'avait-elle fait venir ici, allait-elle me dénoncer au vérificateur, allait-elle se diriger vers la tour du Lynx, que devais- je faire?

Je me stoppai nette, mon souffle s'accéléra et je commençai à avoir chaud.
La fille à la cape noir se retourna et me détailla de haut en bas puis elle remarqua mes yeux qui fixaient la grande tour.
Elle éclata de rire et dit entre deux fous rire
«Tu crois vraiment que je vais te faire entrer dans le quartier général des vérificateurs. De un, ma chère, je t'ai dit que je les détestais depuis ce qu'ils ont fait à mes parents. De deux, si j'avais voulu te dénoncer je ne t'aurais pas relooké, ni prêté une tenue propre pour que tu passes inaperçu, ni logé chez moi, ni sauvé en tuant un assassin ivre. De trois, quand je t'ai dit hier soir que tu étais malencontreusement encore trop naïve, je n'insinuais pas que tu devais te méfier des hors la loi qui te sauve la vie et enfin quand je t'ai fait part de mon dicton, je ne pensais pas que tu allais le prendre à la lettre, je ne vais pas te tuer, car quand je veux ôter la vie à quelqu'un je le fais intelligemment et sache que c'est tout sauf intelligent de vouloir te tuer après avoir empêché ta mort en faisant quelque chose d'illégal. Donc pour conclure tu peux me faire confiance jusqu'à ce que je t'emmène à l'endroit où je pense pouvoir te trouver un travail, après on verra, tu pourras me détester si tu veux, ça ne gâchera ni ta vie, ni la mienne.»

Le rouge me monta aux joues, j'avais de quoi être gêné, cette fille m'avait empêché une mort atroce et moi je la remerciais en croyant qu'elle voulait que je finisse en prison ou que je meure une balle dans la tête.
Je lui présentai mes excuses qu'elle balaya d'un revers de la main accompagné d'un
« Ce n'est rien, après tout, il y a pire que ça, on est en guerre et j'ai d'autres choses à faire qu'à m'apitoyer sur le fait que tu n'as pas une totale confiance en moi.»

Je lui souris, elle avait une certaine prestance avec sa cape noir, son chignon serré, son eye-liner, ses lèvres foncés, sa combinaison noire moulante et ses bottines à talon.
De plus, ses yeux sombres renforçaient cet air de guerrière mystérieuse.
Pendant qu'on traversait la grande place, je décidai de lui poser une question 
« Tu sais te battre n'est ce pas? »

Elle fit un signe affirmatif de la tête.
« Où as- tu appris ?
-Tu n'as pas à le savoir.»

En une seule phrase elle avait coupé nette la discussion que j'avais essayé de lancer.
C'en était presque frustrant, "la guerrière mystérieuse" ne voulait pas que je la connaisse et ne voulait pas non plus en savoir plus sur moi.
Bien, ce n'était rien, il devait bien avoir des gens curieux et sympa dans cette ville.

Il fallait que je reste optimiste, c'était ma première journée en tant que Dayana Silva, même si je n'avais rencontré qu'un fou la veille et une hors la loi, il restait un espoir pour que je rencontre une personne normale.

Nous arrivâmes devant la bibliothèque de la ville, elle n'était certes pas grande mais c'était l'un des seuls lieux où l'on pouvait avoir une réponse juste à la question qui nous taraudait. C'était un lieu respecté et fréquenté par les trois écoles, les deux collèges et le lycée de la ville.
Même si nous nous trouvions dans la capitale, nous n'avions pas la plus grande bibliothèque du pays, non, elle se trouvait à 100 km d'ici. Mon rêve autrefois était d'y travailler, étant l'un des plus beaux bâtiments de notre pays, je mettais la barre très haute puis c'était devenu une évidence pour moi, c'était irréalisable à cause de mon statut social.

La révolte du soleil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant