- AATIFAH ATTEND MERDE !!
Je fonçais dans ma voiture en larmes sous la tempête qui annonce sans doute une forte pluie. La seule chose que je voulais était qu'il ne me rattrape pas, je ne veux ni le voir ni l'entendre parce que pour moi il n'y a rien qui justifie son acte. Le fait est que je n'arrivais toujours pas le croire réellement, je peux dire que je suis tombée des nues. Oh ça oui, ça m'a prit de haut, très haut... je démarre direct et fonce sans réfléchir, je voulais juste partir loin de lui, loin, loin...
Amane Sidibé
Les choses ne devaient absolument pas se passées comme ça. Mais actuellement ce qui me préoccupe le plus c'est sa sécurité. Elle est partie sans dessous ni dessus et il va sans aucun doute pleuvoir dans quelques minutes, j'ai tellement peur qu'elle fasse une crise d'angoisse au volant, je la suivait mais elle conduit très rapidement.
En ce moment j'ai juste peur du pire et j'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine..! Il fallait que j'accélère vraiment et c'est ce que j'ai fais. Les autres voitures sur la route n'arrêtaient pas de klaxonner mais tout ce qui m'importait était la sécurité de ma femme.
J'ai beaucoup hésité mais j'ai finis par me mettre avant elle pour qu'elle freine, elle a freiné mais a manqué de me tamponner. Je me gare rapidement sur le côté et descend direct pour aller ouvrir sa portière, elle criait et pleurait. A cet instant je m'en voulais plus que tout au monde de lui avoir infligé ça. Cette femme je l'ai vu et je l'ai tout de suite aimé, un amour sincère que je n'ai jamais ressenti auparavant et je m'étais fait une promesse, c'était de ne jamais la faire souffrir parce qu'elle ne le mérite pas. Elle a déjà trop endossé à cause de tout ce qu'elle a vécu et il a fallut que j'en rajoute.
- Sadate il faut que tu m'écoute, descend, s'il te plaît.
- Pourquoi tu m'as fais ça...je..
Elle pleurait vraiment à chaude larmes et ça me brise le coeur. Je n'en pouvais plus, je l'ai soulevé pour l'amener dans ma voiture mais elle s'est rebellée et est descendue en me donnant des coups. Je la regardait pleurer, me frapper, crier, se déchirer en face de moi sous cette pluie qui s'abattait sur nous.
- Il faut que tu m'écoutes.
Dis-je en tenant ses mains, c'est pas possible, j'ai trop mal de la voir comme ça.
- Tu vas l'épouser demain ?
Dit-Elle d'un trait en ravalant ses pleurs. A travers ce regard j'ai su que ma réponse va tout achever entre nous. Je voyais dans ses yeux l'espoir que je lui dise ce que son cœur veut entendre, un simple "non", qui pouvait faire de ce moment un mauvais cauchemar, un simple "non", un énorme mensonge. Et Dieu sait qu'en un instant j'ai eu l'envie de mentir et de lui dire non, de m'en foutre complètement de mon grand-père mourant et du reste de ma famille. De ne simplement pas penser et de me barrer avec elle...Mais non, ce n'est pas la réalité, ce n'est pas juste pour nous.
- oui.
A peine avais-je prononcé cette syllabe qu'elle s'effondra en larmes, depuis que j'ai connu cette fille je ne l'ai jamais vu dans un état pareil et c'est moi qui lui ai affligé tout ça.
- Aatifah écoute...
- je...t'ai aimé si facilement..Amane...tu..je te hais, je te déteste plus que tout.. laisse moi y aller.
- non je ne peux pas Aatifah, pas avant que tu ne m'écoutes.
- je ne veux pas t'écouter lâche moi...tu as brisé le peu qui restait en moi.
- C'est..familial..c'est trop compliqué, je te jure que ce n'est pas ce que tu crois. Je m'en tape complètement de Fatima. Aatifah..je n'aime que toi, tu dois me croire.
- laisse moi je t'en prie.
Je ne l'écoute pas et la tire à ma voiture pour nous y enfermer, des secondes passent sans que je ne dise quoi que ce soit et à vrai dire je ne savais même pas par où commencer.
- Tu dois me comprendre, je ne..
- Comprendre quoi au juste ? Que tout ça n'était qu'une perte de temps ? Que tu m'as fait rêver pour rien ? Tu savais qu'il n'y avait pas d'avenir dans cette relation tu l'as quand même laissé se nourrir. Et puis Amane tu voulais vraiment m'achever une bonne fois pour toute n'est-ce pas ? Si cette fille n'était pas arrivée, je me serais réveillée demain et te saurais juste marié.
- NON BORDEL DE MERDE NON !
- ...
- Aatifah tu ne comprends pas que moi je n'ai jamais aimé personne que toi ?! Fatima c'est le souhait de mon grand-père putain il meurt là ! Que voulais-tu que je fasse ?? J'ai la pression de partout venant de ma famille et Dieu sait à quel point cette décision m'a travaillé jour et nuit. Je..c'est justement ce que je voulais te dire depuis, mais merde je n'y arrivais tout simplement pas parce que je ne peux pas te voir comme ça !
- ...
- Écoute Sadate, depuis le début j'ai toujours été sincère avec toi. Je ne t'ai jamais caché ce que je ressens et je ne t'ai jamais trahit. Je t'aime vraiment et je n'avais qu'un souhait c'est de faire ma vie avec toi. Jusque là j'ai toujours pensé qu'il ne faut que de la volonté pour avoir ce qu'on désire, mais les choses ne se passent pas toujours comme voulu. Ce qui est certain c'est que je ne ressens absolument rien pour Fatima et..
- Tu ne l'aimes pas et puis quoi ? Elle va tout de même devenir ta femme, et toi son mari. Que tu l'aimes ou pas, cette relation vous allez la vivre. Et moi au milieu de tout ça Amane ? Que veux-tu que je fasse ? Que je reste là à admirer ton ménage avec cette femme ? Que je sois ta maîtresse à côté ? Désolée mais je ne peux pas ! Laisse moi partir s'il te plaît je veux rentrer !!
- Sadate, si tu étais vraiment sincère avec moi et que tu ferais vraiment tout pour notre relation. Accepte de devenir ma femme, je t'épouserais quand même car j'en ai le droit.
- je n'ai jamais été aussi sincère de toute ma vie, et donc si je te dis que je ne peux pas t'avoir qu'à moitié tu peux me croire les yeux fermés Amane. Même si ça me fait mal, je t'aime trop pour te partager avec une autre. Et je considère ton acte comme une trahison, je ne te pardonne pas. Je veux que tu me laisses tranquille.
- Sa..Sada ne fais pas ça...
- Tout ce que je désire en cet instant et je prie au plus profond de mon âme afin que je sois...débarrassée de cet amour que j'ai à ton égard Amane Sidibé.
Oh ça fait mal, oui entendre ça m'a atteint au plus profond de moi, tellement que ma gorge se noua. Que j'en perdis tout simplement mes mots, mon cerveau a bégayé et j'étais même incapable de penser correctement.
- Ouvre moi la portière.
- Sada...
- OUVRE MOI CETTE PORTE !!!
- D'accord Aatifah. Mais il est hors de question que je te laisse conduire sous cette pluie. Je te raccompagne.
Elle ne dit rien et je démarra, elle posa sa tête contre la vitre et je l'entendis renifler. Sur tout ce que j'ai de plus chère au monde, je jure qu'il m'a fallu un sang d'encre pour dire ce que je viens de dire. J'étais si en colère que j'ai l'impression que le volant va se diviser en miettes et que les veines des mes bras allaient exploser. Je n'ai jamais passé un si mauvais moment de toute ma vie. Arrivés devant chez elle je n'arrivais tout simplement pas à la laisser partir, j'étais là devant elle ne lui laissant pas le passage pour entrer chez elle dans cette obscurité et sous la pluie qui s'était un peu calmé.
- Mon chauffeur te ramènera ta voiture demain.
- Ok. Je peux passer ? Il pleut, tu es au courant ?
De force, je l'attira à moi et la colle à moi. Je la sentais trembler dans mes bras.
- Je ne suis pas prêt à te laisser partir. S'il te plaît, Sadate, ne fais pas ça.
Chuchotais-je contre son visage.
- Lâche moi je t'en prie.
Sans attendre je captura ses lèvres, au début elle essaya de me repousser et de ne pas y répondre, puis finit par craquer. Dans ce baiser je misais tout, quelque chose au fond me disait que c'était peut-être le dernier que j'aurais d'elle, mais non, je ne peux pas accepter ça... C'était tellement intense que je l'ai soulevé pour la mettre sur le siège côté passager après avoir ouvert rapidement la portière. Je ne contrôlais plus rien, et m'accapare de son cou, je crois que mon côté bestiale de mâle faisait surface et j'avoue que j'avais juste envie d'elle, envie de partir la tout de suite, nous deux, pour ne plus jamais revenir.
Ma raison me rattrape, ce qui me prouve encore que cette femme c'est celle qu'il me faut, parce que je veux vraiment la reconquérir que je ne peux pas lui faire ça et la laisser croire que je l'ai juste utilisé.
Et je sais comment elle est, elle en culpabiliserait à mort. Pourtant je sais que je peux la mettre d'accord et je suis sure qu'elle le sera. Si c'était l'ancien Amane, il l'aurait amené dans son lit et aurait profité de sa vulnérabilité et de son amour. Mais non je ne peux pas lui faire ça, impossible... Quand je la lâche un peu, elle me poussa de toutes ses forces et couru à l'intérieur.
Énervé, triste, frustré, bref je ne sais même pas quel autre qualificatif synonyme aux précédents pouvait s'associer à ce que je ressens là ou j'en suis. Et je viens de me rendre compte de la puissance du mal retourné par le mal. J'en ai brisé des cœurs, et voilà qu'aujourd'hui on m'a complètement brisé le mien..."Ce que tu fais, on te fera"...c'est sacrément véridique. Je n'ai jamais été autant mal de toute mon existence; encore moins à cause d'une femme.
...
- Reveille toi Amane, c'est quand même le jour de ton mariage !
- je n'irai pas à la mosquée.
- Mais Am...
- J'irai pas maman, je peux bien rester ici non ? J'ai déjà donné mon consentement et je pense bien que c'est ce qu'il faut ?!
- hey lijē teregaga, mini iyehone newi ānegagirenyi. ( Mon fils, calme toi. Que se passe-t-il ? Parle moi.)
Je la regarda, elle sait que ça ne va pas, raison pour laquelle elle m'a parlé doucement malgré le ton que j'ai employé. Ma mère a grandit en Éthiopie et elle parle parfaitement l'Amharique, elle me l'a apprise et je comprend aussi la langue meme si je ne la parle jamais. Cela me rappelle son passé et je déteste me souvenir de ce qu'elle a pu vivre. Bref, J'ai passé une nuit horrible, j'ai jamais autant mal dormit de toute ma vie.
- Il n'y a rien. Je suis juste fatigué, j'ai mal à la tête.
- D'accord je te fais un thé, va au moins prendre une douche froide et habille toi. Tes oncles seront bientôt là.
- ...
Je croyais qu'elle était partie, je souffle en lançant mon portable. Quand j'entendis.
- Tu aimes vraiment cette fille hein ? In shaa Allah desitawo ke'iriswa gari kehone ālahi menigediwoni yadirigewi. ina āyich'enek'u ፣ mikiniyatumi le'irisiwo kehone līyagenyuti yichilal.
( Si ton bonheur est avec elle, Qu'Allah la mette sur ton chemin, et ne t'inquiète même pas car si elle t'est destiné alors tu la retrouveras )
- In shaa Allah Mama.
Je me résigne à prendre ma douche, à ma sortie Izak était bien installé sur le pouf dans ma chambre et surtout bien habillé en bazin.
- way mec, bien ou quoi ?
- c'est la merde.
- je sais, mais bon, tout va bien se passer.
- Quoi ? Qu'est-ce qui va bien se passer ? Tu ne sais pas dans quel état j'ai laissé Sadate hier soir. Je lui ai fais trop de mal Izak. Et cette putain que je veux même pas voir et bien je vais me retrouver coincer avec elle dans un putain de mariage dans quelques heures ?!
- Tu t'avoues si facilement vaincu ? Ce n'est pas toi ça Amane.
- ouais et bien ce n'est pas si facile. La fille son du'as c'est qu'Allah la débarrasse de l'amour qu'elle ressent pour moi s'il te plaît ?! Elle prie Dieu pour m'oublier. J'ai été détesté par pas mal de femmes mais je n'ai jamais eu à faire à ça.
- C'est juste la colère ça, elle t'aime tu le sais.
- Tu ne connais pas cette fille, Izak.
- Elle peut-être, mais toi je te connais.
- En tout cas ce qui est sure c'est que je suis loin d'être prêt à la laisser partir comme ça.
- voilaaa, on se comprend maintenant. Fais vite là, il est bientôt 16h. Ne fais pas patienter son altesse la reine Fatimata Zahra haha..
- Elle peut bien aller se faire foutre celle-là.
Quand nous sommes descendus, il y avait toute une délégation. Mon oncle et mon père étaient là bien sure, je me dirige direct vers mon grand-père qui est assit dans son fauteuil roulant sans calculer personne. De toute façon il y avait des gens que je ne connais même pas, je reconnais quand même certains amis de la famille et collaborateurs de l'entreprise familiale. Et je suis prêt à parier que c'est mon cher beau père qui a eu le temps d'inviter tous ces gens, après tout il est le seul enthousiaste pour cette union de merde.
- Salam Aleykoum.
- Wa'Aleykoum Salam, tu es très élégant.
- Merci.
- Tu sais je suis fière de toi, merci d'avoir honoré ma volonté. Que Dieu te protège.
- Amin.
Après j'ai un peu salué vite fait tout le monde, maman était aussi avec d'autres femmes sur la terrasse. Et la mère de Fatima qui m'embrassa de partout comme si elle et moi c'était l'amour. Elle m'a toujours méprisé cette femme, son comportement me dégoûte. Je préfère même oublier qu'elle fait partie de ma famille... J'ai suivis ma mère dans la cuisine pour boire le thé qu'elle m'a fait.
- Amane ? Vas-tu aménager avec Fatima dans ta maison ?
- Non je ne l'amène pas là-bas.
Cette maison j'ai promis à Aatifah qu'elle en sera la dame. Et si je n'y l'amène pas un jour, aucune autre n'y aura sa place.
- je prendrai certainement un appart entre l'un des deux immeubles de Mr Bathily, on verra bien. Pourquoi ?
- Non, restez ici ! Ton côté de la maison est éloigné de toute façon vous aurez votre espace.
- c'est comme tu voudras maman.
- merci mon chéri !
...- Amane vient le mariage va être scellé.
- ils ne devaient pas aller à la mosquée ?
- ton père a appelé l'imam.
- décidément...j'arrive.
15 minutes après j'étais officiellement lié à cette folle. Je peux dire que j'étais assez dégouté mais wallah que Fatima avec moi, elle va apprendre à se tenir à carreaux in sha Allah !
Pendant que ma mère et mes tantes faisaient leur trucs de tradition et tout leur blabla pour à ce qui parait préparer l'arrivée de ma "femme".
Moi, j'ai passé tout le reste de soirée a côté de mon grand-père on discutait posément. Son état s'améliore petit à petit et ça me fait sacrément plaisir.
- Dommage je ne vois pas ce grin de bonheur sur ton visage.
- ...
- Celle que tu as sur le cœur, tu décides de la faire tienne quand tu le souhaite. Je t'ai certes demandé de prendre Fatima, mais tu es musulman et tu as droit à 4 femme, donc libre à toi de prendre qui tu veux. A condition qu'elle soit digne de toi bien sure !
- Ahah... si seulement c'était si facile...
- Amane, je sais pertinemment que tu te pose cette question sans doute depuis un bon moment. Laisse moi te dire qu'au moment venu je te le dirai in sha Allah patience. Si je suis toujours parmi vous.
- Ne dit pas ça.
Bien évidemment que cette question me trotte dans la tête ! Pourquoi il a voulu que ce soit elle ? Juste pourquoi ? Quelle en est la vraie raison ?! Et le temps, j'avais justement envie de lui répondre que le temps même moi qui suis assit avec lui en bonne santé je n'en ai pas, car il n'y a pas d'âge pour qu'on retourne vers notre créateur. En une seule seconde, tout, absolument tout, peut basculer.
Cette soirée est la pire que j'ai passé de toute ma vie vraiment. Après que tout soit enfin terminé, et qu'ils m'ont amené l'autre folle, c'est là que j'ai vraiment réalisé l'absurdité de la chose... J'entre dans la chambre et trace direct dans mon dressing sans un regard pour la chose assise sur le lit. Je m'habille en ensemble jogging et sors m'installer sur le canapé pour mettre mes chaussettes et mes baskets.
- Amane ? Tu comptes sortir là ?
- Tout de suite !
- Non mais je rêve, c'est notre nuit de noce et tu veux sortir ? Je te rappelle qu'on est sensés...
- On est sensé quoi Fatima ?
Lui dis-je en me tournant vers elle, je crois que mon regard l'a remise à sa place, vu comment elle s'est rétractée.
- je sors comme je veux depuis toujours et ce n'est pas pour ça que je vais changer mes habitudes. Et puis je te le dis direct n'attend absolument RIEN de moi ! Bonne nuit.
Je sors sans attendre. Juste le simple fait d'y penser me dégoûte, je veux dire, je l'ai toujours prise pour une sœur quoi ! Et franchement je ne sais pas si un jour je pourrais la toucher. Bref la seule chose qui pourra détendre mes nerfs est la salle, la seule chose quand je ne peux pas l'avoir elle pour me calmer, juste avec son sourire...