Stockholm

Galing kay Ellzace

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[SF~romance~morally grey] Un vaisseau, deux passagers clandestins, dix mois pour prendre le contrôle. Qui de... Higit pa

0 - Prologue + Bande-annonce
1 - Kourou (1/2)
2 - Kourou (2/2)
3 - Enfermement
4 - Capitaine Falco
5 - Premier contact
6 - Un quatrième passager
7 - A bout de souffle
8 - Dessine-moi un mouton
9 - Numéro 7
10 - Les dessins de la colère
11 - Chaos
12 - Des lions en cage
13 - Jeu de lumière
14 - Cachotteries
15 - Le seul maître à bord
16 - Œil pour œil
17 - Retrouvailles
18 - Promiscuité
19 - Souffler le chaud et le froid
20 - Let's rock
21 - Poignée de main
22 - Meilleurs ennemis
23 - L'ennemi de mon ennemi
24 - Choisir un camp
25 - Promenade de santé
26 - Froideur
27 - La chute d'un héros
28 - Captif (1/2)
29 - Captif (2/2)
30 - Doux comme un agneau
31 - Les portes du pénitencier
32 - Bon appétit
33 - Ferme les yeux
35 - Chacun ses secrets
36 - Planète de malheur
37 - Les sirènes de la colère
38 - Détention
39 - Vérité aveuglante
40 - Le cœur ou la raison
41 - Négociations
42 - Se rendre utile
43 - Coup fourré
44 - Panser ses plaies
45 - Dans les intestins du Stockholm (1/2)
46 - Dans les intestins du Stockholm (2/2)
47 - A l'embranchement des voies
48 - Tromper la solitude
49 - La gardienne de ses nuits
50 - La fin d'une parenthèse

34 - Gestes invasifs

92 19 109
Galing kay Ellzace

Luc se sentait plus nerveux qu'avant de passer ses examens à la fin du lycée, plus nerveux que le jour où il avait invité Lucia – la fille qui lui plaisait depuis le collège – au cinéma seul à seul. Il rajusta le col de sa chemise qui s'obstinait à se placer de travers.

Tout va bien, les papiers sont en règle, il n'y a aucune raison que ça se passe mal, se répétait-il jusqu'à s'en convaincre à moitié.

L'écran principal, en cabine de pilotage, annonçait l'amarrage réussi du patrouilleur de l'ADICT : le Waterloo. Les dés étaient jetés, aller de l'avant restait la seule direction possible. Luc récupéra la liasse de papiers posée sur la console et se dirigea vers le pont d'accueil.

En sortant de la cabine, il tourna la tête vers la cellule du prisonnier au bout du couloir ; la porte était entrouverte. Il espérait qu'Ellie avait correctement vidé la pièce pour ne laisser aucune trace de leur passage. Dorénavant, le jeune homme se sentait comme une marionnette impuissante entre les mains du destin. Les courants qui l'emportaient ne lui accorderaient pas un mot dans les événements qui s'annonçaient. Il ne pouvait que jouer sagement son rôle et se laisser charrier par les vagues impétueuses. Advienne que pourra.

La salle qui recevrait les visiteurs ressemblait à un vestiaire de piscine ; il y avait des casiers le long des murs et des bancs en métal rivetés au sol. Au fond, une porte-écoutille à verrouillage par volant central faisait figure de dernier rempart entre les deux navires joints. Lorsque le système d'ouverture commença à tourner en grinçant, Luc se crispa sur ses documents déjà froissés.

Enfin, la porte se débloqua, accompagnée par un bruit de dégazage de nature à inquiéter un jeune apprenti inexpérimenté. L'atmosphère du Waterloo se mêla à celle du Stockholm tels les relents d'un baiser non consenti. Des cliquetis et des pas lourds résonnèrent derrière la paroi, juste avant que le passage ne soit complètement dégagé. Trois paires de rangers frappèrent le sol du navire arraisonné avec assurance et autorité.

— B-bonjour, bafouilla Luc en reculant de deux pas.

Les trois soldats affichaient un air conquérant et crâneur. Ils portaient des treillis bleu nuit surmontés de gilets pare-balles à l'utilité incertaine dans un environnement qui interdisait l'utilisation d'armes à projectiles perforants ; à leur ceinture pendaient une matraque et un shocker à impulsion électrique ; sur leur tête trônait un casque noir équipé de jumelles. Le plus âgé, flanqué de ses subalternes, s'avança si près de leur hôte que Luc sentit son espace personnel être violé.

— Capitaine Dubrov, se présenta l'homme en se penchant au-dessus du civil intimidé et plus petit d'une bonne tête. Votre vaisseau a franchi les limites d'une zone restreinte, comment vous expliquez ça, mon garçon ?

— J'ai les autorisations nécessaires, regardez ! se défendit Luc en tendant les papiers en question à bout de bras dans l'espoir de rétablir un minimum de distance entre eux.

Dubrov lui arracha les documents des mains pour les examiner d'un œil suspicieux. Pas le moindre commentaire ne franchit les lèvres de l'officier. Il adressa des coups d'œil équivoques à ses soldats – Horton et Nevak à en croire l'inscription sur leur poitrine – qui contournèrent le jeune mécanicien suppléant de part et d'autre avant de se rejoindre dans son dos. Luc était cerné ; les premières gouttes de sueur perlèrent sur son front.

— Conduisez-nous en cabine de pilotage, ordonna Dubrov.

L'apprenti acculé s'exécuta sans broncher, se retournant vers le couloir ainsi que vers les deux hommes dans son dos. Il n'eut pourtant pas le loisir de guider grand monde, Horton et Nevak ouvraient la marche et donnaient l'impression de très bien savoir où ils allaient. A l'évidence, la majorité des vaisseaux de transport qui quadrillaient l'espace colonisé étaient conçus sur un modèle similaire ; la configuration du Stockholm n'avait pas de secret pour ces soldats expérimentés.

— Vous n'êtes pas Rémi Falco, assena le capitaine Dubrov, davantage comme une remarque rhétorique que comme une véritable interrogation.

— Non, admit Luc. Je suis son neveu et apprenti.

— Pourquoi ne nous a-t-il pas accueilli lui-même ? C'est plutôt déplacé d'envoyer son apprenti à sa place.

Luc déglutit avant de vomir dans la précipitation son mensonge pas assez préparé :

— Mon oncle est tombé malade la veille du départ et je l'ai remplacé au pied levé.

Le militaire n'eut pas l'air convaincu par cette assertion. La voix mal assurée du jeune homme ne plaidait pas en sa faveur.

— Vous voulez me faire croire que vous êtes seul à bord, mon garçon ?

Ils arrivaient en vue de la cabine de pilotage ; Horton et Nevak se trouvaient déjà à hauteur de la porte et s'engouffrèrent dans la pièce pour fondre sur les ordinateurs de bord.

— Cette mission humanitaire était très importante, tenta de justifier le jeune mécanicien remis en cause. Il fallait qu'elle parte le jour prévu, sans faute, alors c'était trop tard pour recruter un nouveau chef de mission. Je me suis porté volontaire, la solitude me fait pas peur.

— Vos deux noms apparaissent sur les registres, alors soit cette magouille de dernière minute est pas très légale, soit vous me montez un bateau et vous avez profité du voyage pour zigouiller votre oncle incognito.

L'homme n'avait pas l'air de rire, il fixait d'ailleurs sa cible avec un grand sérieux. Mais s'il y avait une chose que ces huit mois passés aux côtés d'Ellie et Falco avaient appris à Luc, c'était à se méfier d'un humour pince-sans-rire dispensé avec sarcasme. Aussi se garda-t-il de répondre trop vite quand le capitaine se pencha vers lui avec un regard perçant.

— Vous savez ce qu'on dit, susurra l'homme avec gravité. Dans l'espace, personne ne vous entend crier.

Le visage encore une fois bien trop proche de Dubrov se déforma peu à peu en une grimace jusqu'à afficher une expression hilare. Le rire débridé qui courut dans les couloirs du Stockholm traversa Luc jusqu'à la moëlle dans un frisson désagréable. Il avait senti la plaisanterie potache arriver, mais n'en était pas moins terrorisé ; il ne savait pas comment se comporter face à ce type de tempérament indécryptable pour lui.

Alors qu'ils avaient atteint la cabine de pilotage, l'apprenti effarouché découvrit Horton et Nevak affairés sur les consoles. Leurs doigts couraient partout, s'immisçant dans les programmes les plus confidentiels de l'IA, mettant les fichiers sens dessus dessous, à nu, complètement assujettis à la curiosité vorace des soldats. Ainsi penchés sur les écrans, on lisait très clairement les grosses lettres blanches de l'ADICT imprimées sur leur dossard.

— Ils cherchent quoi ? s'inquiéta Luc.

— Ils vérifient ce qui se cache sous les jupons du Stockholm, indiqua Dubrov. Les dernières commandes entrées dans le système, l'état de la cargaison, ce genre de choses...

Le sol se déroba subitement sous les pieds de l'apprenti et son estomac fit une dégringolade vertigineuse. L'historique des commandes allait tout révéler à ces sans-gêne : les tentatives répétées pour interrompre le pilote automatique, la prise de contrôle temporaire par leur passager clandestin et les jeux de pouvoir qui avaient opposé ce dernier à Falco durant de longues semaines. Aucun secret n'échapperait aux fouineurs insatiables, et Luc n'avait aucune explication cohérente à leur présenter.


⭐⭐⭐


S'en remettre à une humaine, c'était bien la chose la plus insensée qu'il puisse imaginer ; et pourtant Seth s'était soumis sans résister à sa geôlière, se laissant guider à travers les coursives sans même voir où il mettait les pieds. C'était d'ailleurs la première fois qu'il s'agrippait à une main ennemie de cette façon ; une main chaude à la poigne ferme qui n'avait rien à voir avec les gants en latex invasifs si nombreux dans ses souvenirs et ses cauchemars.

Ellie s'arrêta tout net et le prisonnier aveugle la heurta.

— Attends, l'arrêta-t-elle d'une main sur le torse.

Il y eut du mouvement et un bruit de ferraille avant que la jeune femme n'enchaîne :

— Vas-y, entre dans le local technique, invita-t-elle en le guidant d'une pression sur le bras.

Seth tendit les mains devant lui et tâtonna pour se glisser dans l'étroit passage. Il y avait des câbles et des tuyaux un peu partout mais, même sans rien voir, il connaissait suffisamment bien la configuration de ce réseau secondaire pour s'y retrouver. Au-dessus de sa tête, à un peu plus de deux mètres du sol, se trouvait une trappe que le sommet de son crâne frôlait. Il dégagea l'ouverture et s'y hissa sans difficulté.

En bas, Ellie observait le prisonnier maintenant hors de portée. Ainsi niché dans le conduit obscur qui courait au plafond, il pouvait prendre la fuite sans demander son reste, s'il le désirait. Elle n'était pas assez grande pour suivre son acolyte là-haut sans l'aide de ce dernier ; elle était dépendante de son bon vouloir.

Seth se pencha sur la trappe et tendit une main à l'intention de sa geôlière démunie. S'il comptait bien lui faire faux bond à un moment où à un autre... dans l'immédiat, son intérêt était plutôt d'aider la jeune femme à passer sous le radar de l'ADICT. Elle attrapa sa main sans hésiter et il la hissa à ses côtés dans le conduit à peine assez large pour accueillir un homme à quatre pattes.

Ellie referma la trappe, les isolant enfin de la lumière sans repos des coursives.

— Tu peux retirer ton bandeau maintenant, suggéra-t-elle en avançant la main dans la direction où elle avait aperçu son visage avant que la nuit ne l'efface.

Le bout de ses doigts rencontra la texture du tissu, mais Seth l'arrêta en bloquant son poignet avec fermeté. Il y eut un instant de flottement immobile, plein d'hésitation. Dans l'obscurité environnante, ils étaient deux aveugles face à face.

Après quelques secondes, Seth libéra le poignet de la jeune femme entreprenante et consentit à ce qu'elle le délivre de son bandeau. Dans le noir quasi complet, il y voyait encore suffisamment clair pour épier sa geôlière maintenant vulnérable. Ellie noua le long bandeau autour de sa propre taille pour ne pas le perdre, il leur serait à nouveau utile plus tard.

— Bon ben y'a plus qu'à attendre... soupira-t-elle en s'installant dans une posture moyennement confortable.

Seth s'approcha pour examiner les traits de la curieuse humaine à son insu, il n'avait jamais pris le temps de l'étudier de si près. La détermination qui émanait d'elle contrebalançait la douceur de son visage. Ici, ses pupilles ténébreuses perdues dans le flou étaient moins intimidantes. Ses cheveux noirs avaient poussé de façon notable depuis le début du voyage, une fine mèche collait aux lèvres pleines de l'intrigante demoiselle et une veine palpitait à la surface de sa gorge blanche.

Peut-être qu'elle perçut l'intensité du regard posé sur elle, car elle tourna la tête dans l'autre direction.

— On a été interrompus tout à l'heure, dans la chambre, rappela Ellie.

Seth resta muet.

— On parlait de ceux qui t'ont capturé pour faire de toi un cobaye.

— ADICT, cracha-t-il avec dégoût après une courte hésitation.

— Tu as été le prisonnier de l'armée ?

— Cinq ans, précisa-t-il.

— Je peux même pas imaginer le calvaire que t'as vécu. Toi et tes amis, c'est ça ?

— Huit prisonniers. Je suis seul survivant.

— On tombera pas entre leurs sales pattes, décréta Ellie en levant une main dans le noir.

Seth regarda cette main offerte avec conviction, toujours méfiant envers l'humanité, mais un peu moins envers l'individu singulier qui partageait pendant un bref moment la même galère que lui. Il joignit sa main griffue à celle d'Ellie, signant un pacte silencieux entre eux. S'ils avaient une chance de se tirer de ce mauvais pas, c'était ensemble.


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Un point bonus pour ceux qui ont la petite réf à Alien ^^


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