Stockholm

Por Ellzace

5.9K 1.1K 5.5K

[SF~romance~morally grey] Un vaisseau, deux passagers clandestins, dix mois pour prendre le contrôle. Qui de... Más

0 - Prologue + Bande-annonce
1 - Kourou (1/2)
2 - Kourou (2/2)
4 - Capitaine Falco
5 - Premier contact
6 - Un quatrième passager
7 - A bout de souffle
8 - Dessine-moi un mouton
9 - Numéro 7
10 - Les dessins de la colère
11 - Chaos
12 - Des lions en cage
13 - Jeu de lumière
14 - Cachotteries
15 - Le seul maître à bord
16 - Œil pour œil
17 - Retrouvailles
18 - Promiscuité
19 - Souffler le chaud et le froid
20 - Let's rock
21 - Poignée de main
22 - Meilleurs ennemis
23 - L'ennemi de mon ennemi
24 - Choisir un camp
25 - Promenade de santé
26 - Froideur
27 - La chute d'un héros
28 - Captif (1/2)
29 - Captif (2/2)
30 - Doux comme un agneau
31 - Les portes du pénitencier
32 - Bon appétit
33 - Ferme les yeux
34 - Gestes invasifs
35 - Chacun ses secrets
36 - Planète de malheur
37 - Les sirènes de la colère
38 - Détention
39 - Vérité aveuglante
40 - Le cœur ou la raison
41 - Négociations
42 - Se rendre utile
43 - Coup fourré
44 - Panser ses plaies
45 - Dans les intestins du Stockholm (1/2)
46 - Dans les intestins du Stockholm (2/2)
47 - A l'embranchement des voies
48 - Tromper la solitude
49 - La gardienne de ses nuits
50 - La fin d'une parenthèse

3 - Enfermement

182 39 110
Por Ellzace

Entre songes et pensées abstraites, Ellie n'était plus certaine d'avoir fait les bons choix. Elle avait joué le tout pour le tout dans le but d'arriver là, mais maintenant qu'elle était en face de la possibilité de tout perdre, elle n'était plus aussi sûre que le jeu en vaille la chandelle.

A quoi bon se torturer l'esprit ? Les dés étaient jetés. Où qu'elle se réveille, sa vie sur Terre n'était plus qu'un souvenir. Et puis, ce n'était pas comme si elle ne méritait pas cette chance d'un nouveau départ ; elle avait jeté toutes ses forces dans cette entreprise et avait compromis de manière irrémédiable sa vie terrienne pour obtenir une place à bord du Stockholm.

Si elle se trouvait là maintenant, c'était grâce à Holtzman... 



L'homme de trente-cinq ans correspondait à l'archétype du raté dans toute sa splendeur. De sa vie, il n'avait jamais rien su faire d'autre qu'enchaîner les magouilles et escroquer qui voulait bien croire à son baratin fumeux. Cette carrière douteuse, dans laquelle il n'excellait pas, l'avait d'ailleurs conduit droit en prison. C'est là qu'il avait croisé la route d'Ellie pour la première fois.

Elle exerçait le métier de surveillante dans le centre pénitentiaire où il purgeait sa peine, et pas l'une des plus commodes ; la jeune femme suscitait un amalgame de crainte et de respect parmi les détenus. Le bruit courait qu'elle savait mater les plus irrespectueux et force était de constater que, durant les quelques mois qu'il passa derrière les barreaux, jamais Holtzman ne surprit le moindre regard déplacé ni la moindre messe-basse dans le dos de la jolie fonctionnaire.

La situation du prisonnier se dégrada vite entre les murs de béton aveugles. Ses malversations passées lui avaient apporté un paquet d'ennemis – à défaut de lui avoir apporté la fortune – et il ne tarda pas à cumuler les altercations avec d'autres détenus. Un matin qu'il s'était fait rosser dans les douches, Ellie vint le trouver. Elle lui jeta une serviette – qui prit l'eau sur le sol – et exigea le nom des hommes qui l'avaient passé à tabac.

Ces types ne s'en prirent plus jamais à lui par la suite. Holtzman ne posa pas de questions.

Les ennuis de l'escroc n'étaient pas terminés pour autant, ils ne firent d'ailleurs qu'escalader en intensité. Un soir, alors qu'il s'était mis au lit dans sa cellule, peinant à trouver le sommeil après une journée d'indolente inactivité, il subit l'attaque inopinée de son codétenu. Ce dernier s'était procuré, on ne sait comment, un couteau à la lame affutée et était déterminé à assassiner son voisin de chambre contre les gros billets d'un commanditaire extérieur.

S'il avait trouvé le sommeil cette nuit-là, Holtzman n'en aurait pas réchappé, mais son esprit et son corps encore suffisamment alertes lui permirent de résister à son assaillant juste assez longtemps pour voir intervenir la jolie surveillante. Ellie maîtrisa l'agresseur avec rapidité et dextérité comme s'il ne faisait pas du tout deux fois son poids, ce qui était pourtant le cas.

Après cet incident, Holtzman n'osa plus sortir de la cellule qu'il occupait désormais seul, craignant pour sa vie à chaque pas qu'il faisait en dehors des quatre murs si familiers. Il n'avait plus confiance en personne, pas même les surveillants qui lui apportaient ses plateaux repas. N'importe qui pouvait être le prochain assassin missionné par l'inconnu qui voulait sa peau.

Sombrant peu à peu dans la paranoïa, il décela tout de même un faible rayon de lumière le jour où l'agent San Lucar lui apporta son petit déjeuner. Il la regarda déposer le plateau sur la table puis s'en retourner vers le couloir.

— Attendez ! l'interpella-t-il juste avant qu'elle ne referme la porte.

Elle posa un regard gris perçant sur lui, dans l'attente.

Prenant son courage à deux mains, il lui expliqua alors que son cousin travaillait dans les coulisses du grand marché de Kourou et y tirait quelques ficelles. Il tenta de lui faire miroiter les richesses venues de l'espace qu'il était parfois possible d'escamoter, mais l'argent ne semblait pas être ce qui retint l'attention de la jeune femme.

La surveillante referma la porte de la cellule sans un bruit et attrapa une chaise pour s'asseoir en face d'Holtzman, son regard acéré planté dans le sien.

— Ton cousin, il pourrait réussir à me faire monter en douce sur un vaisseau spatial ? sonda-t-elle le plus sérieusement du monde.

Cette requête fit hausser un sourcil de surprise au détenu. En ces temps troubles, qui pouvait bien vouloir quitter la Terre ? Il fallait être sacrément dérangé pour troquer la sécurité, le confort technologique et l'abondance des ressources accessibles à la population décroissante de cette bonne vieille planète-mère contre les dangers de l'espace indompté, le dépouillement d'une vie de colon livré à lui-même et un avenir des plus incertains. Mais Holtzman garda ses questions pour lui ; il donna à la jolie surveillante l'assurance que son cousin pourrait lui obtenir ce qu'elle désirait. Et que désirait-il en échange, lui ? Survivre... S'échapper de cette prison avant qu'elle ne devienne son tombeau...

Ellie ne lui donna pas de réponse tout de suite, mais elle le laissa sur l'impression qu'elle prendrait son offre en considération. Et puis il n'eut plus de nouvelles pendant cinq longs jours...

Une nuit, presque à l'aube, Holtzman fut tiré d'un sommeil sans rêves par une main plaquée sur sa bouche pour l'empêcher d'appeler au secours. Il crut son heure venue et ne se débattit même pas, acceptant l'inexorable sentence comme ce qui le libérerait enfin du tourment de ses angoisses. Puis il se sentit un peu bête mais soulagé en découvrant le visage d'Ellie penchée sur lui. Lui intimant le silence d'un doigt posé en travers des lèvres, elle le laissa se redresser puis lui jeta un tas de vêtements. Elle avait réussi à se procurer une tenue de surveillant. L'homme s'habilla à la hâte, le cœur tambourinant dans sa poitrine, prêt à exploser à l'idée qu'il serait peut-être bientôt libre.

Une fois affublé de son costume, casquette de surveillant vissée sur la tête et badge clipsé à la poche de sa veste, Holtzman suivit sa complice dans les couloirs endormis du pénitencier. En dehors d'un duo de collègues affairés au bout d'un couloir qu'ils n'empruntèrent pas, ils ne croisèrent personne. Ellie l'entraîna jusqu'au vestiaire des agents où elle avait prévu une autre pile de vêtements civils pour l'homme. Ils se changèrent tous les deux sans traîner, côte à côte dans un silence quasi monacal, puis prirent la direction de la sortie.

Holtzman renfonça sa casquette de base-ball sur son crâne et suivit docilement sa sauveuse en longeant le poste de sécurité. Le gardien sortit le nez de son livre captivant pendant une demi-seconde, le temps d'adresser un signe de tête cordial à ses collègues en fin de service. Leurs badges émirent un bip positif devant la grille de sortie et celle-ci coulissa avec obligeance pour les laisser s'évader en toute tranquillité.

Dans le plus grand calme, les deux complices prirent la fuite à bord d'un vieux modèle de voiture à pilotage automatique. Ellie transmit à l'IA de bord l'adresse d'une usine désaffectée à plusieurs centaines de kilomètres de leur position. Méticuleuse, elle avait tout prévu, le plan s'était déroulé sans accroc.

Après cela, leurs routes se séparèrent. Ellie avait récupéré les coordonnées du cousin d'Holtzman, un certain Barkha Arameda qui avait, paraissait-il, le bras long sur le marché de Kourou. L'évadé reconnaissant était quant à lui parti de son côté, sans doute pour retomber dans les filets de la police peu de temps après.

Voilà comment Ellie San Lucar, surveillante pénitentiaire de vingt-huit ans, s'était retrouvée à somnoler au fond d'une caisse en bois trop petite, baignant au milieu de plusieurs centaines de sachets de rations de survie, et pas vraiment certaine qu'elle arriverait à bon port. 


——————————


J'espère que ce chapitre n'est pas trop confus, je l'ai repris plusieurs fois (et je l'ai encore modifié à la dernière minute avant de le poster) parce que j'étais incapable de me décider sur quels temps utiliser. Les flash-back c'est ma bête noire, je sais jamais par quel bout les prendre pour les raconter 😅



Seguir leyendo

También te gustarán

9.1K 1K 50
Cass Jackson est une escroc de génie, une fille sans attaches qui parcourt la galaxie avec un seul but : devenir riche...et échapper à ceux qui la po...
44.5K 3K 30
C'est l'histoire de Clarke Griffin et Raven Reyes, deux amies d'enfance inséparables. Un jour, les deux amies sont séparées car la mère de Clarke se...
37.6K 4K 68
Dans un monde divisé entre humains et Vessoryia - des êtres possédant des pouvoirs exceptionnels -, Alyia est une ombre. Entrée en résistance depuis...
135K 20.4K 31
Que direz-vous d'une femme parfaite, pieuse et belle ? Se marier pour éviter de se marier. Deux personnes qu'الله a destiné,personne ne peut les s...