(66) Discussions en tout genre

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Julia et Fabia

"Je sais que cela ne va pas être facile à entendre, et que tu risques de ne pas me croire, mais le fait est que tu n'as pas été tuée par Pompée."
Fabia l'incita à poursuivre en fronçant les sourcils.
"C'est ma mère qui t'a empoisonnée et t'as fait croire que tu avais succombé à un accès de violence de Pompée, profitant de ton amnésie pour te faire avaler ce mensonge.
-Mais pourquoi?
-La jalousie, rien d'autre que la jalousie. Tu étais si parfaite..."

Fabia était interdite.

"Je comprend mieux pourquoi elle a mis fin à ses jours une seconde fois...elle a certainement su que tu avais été mise au parfum de ses crimes.
-Elle est morte, même ici?
-Crois en ma compassion mais oui...
-Comment peux-tu encore compatir après ce que je viens de t'apprendre? Décidément, personne ne mérite plus que toi son retour chez les vivants !"

Les deux jeunes filles, ayant le même âge à cause de cette entourloupe temporelle, se mirent à rirent si fort qu'elles en pleurèrent. Un rire nerveux sans doute, un rire de joie aussi, pour exprimer leur allégresse de reprendre une vie normale.

"Et cet infâme Marcus? Que fait-il?
-Toujours à la tête des opérations les plus dévastatrices des Enfers...lorsque Mors se mêlera de ces petites affaires, il risque d'être durement châtié !"

Somnus et Mors

"Somnus, je me vois dans l'obligation de te relever de tes fonctions. C'est ton fils Morphée qui prendra le relai tandis que tu croupiras dans les cachots situés sous le Styx.
Tu voulais la gloire? Être vénéré par les optimates pour ton aide? Tu n'auras que les rats pour te vouer un culte...quelque chose à ajouter?"

Penaud, Somnus n'ajouta pas un mot. Il ne tenta rien, connaissant parfaitement son infériorité par rapport à son frère : il se contentait d'endormir alors que Mors pouv ait tuer.
Morphée se chargea lui-même d'enfermer son père, sous la surveillance accrue de son oncle.

Les enfants

L'instinct maternel de Servia prit le dessus sur les autres lorsqu'elle se tourna vers les petites têtes effarées par tous ces évènements.

"Dites-moi les enfants...Où vous rendiez-vous à bord de cette charrette?
-Chez mes parents !
-Mon oncle !
-Travailler chez un riche patricien et rejoindre mon frère !"
Cette réponse émanait de Lucia, la soeur de Tonio, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute.
Servia lui sourit avant d'écouter les réponses de ceux qui n'avaient pas encore parlés. Sous ces airs inoffensifs, cette question avait pour but de repérer le fameux optimate réincarné.
"Etudier la rhétorique !
-Apprendre à écrire !
-Aider un vendeur du forum !"

Chacun avait sa raison, elles étaient toutes plus hétéroclites les unes que les autres.
Une petite fille ne parvenait toutefois pas à répondre.
Servia ne pouvait pas l'inculper à partir de ce simple mutisme mais elle s'intéressa de près à elle.

"Tu ne parles pas ma chérie? Tu as perdu ta langue?"
Puis, se tournant vers les autres :
"Elle est muette depuis le début?"

Tous hochèrent la tête, d'un commun accord.
Pour tenter de provoquer chez elle une réaction révélatrice, Servia la secoua doucement et les légionnaires l'incitèrent à parler.
Enfin, ils obtinrent gain de cause et elle devint même intarissable, répétant la même phrase en boucle sans plus s'arrêter, comme une formule apprise par coeur.

"La conservation des traditions est l'essentiel. La conservation des traditions est l'essentiel.
La conservation des traditions est l'essentiel..."

Elle paraissait mue par une volonté autre que la sienne, son petit corps sans cesse secoué par des vagues successives de convulsions.
Servia ferma les yeux et hocha la tête lentement.

"Nous avons affaire à notre réincarnée, cette phrase est l'un des principes qui régissent les optimates. Elle s'est trahie sans le vouloir, il ne reste plus qu'à demander à Mors si l'enfant peut être sauvée ou si elle est indissociable de l'esprit optimate qui l'habite..."

Appius et Titius se chargèrent de contrôler le petit corps furieux pendant que Servia s'entretenait avec Mors. Celui-ci secoua la tête, le visage fermé.
Il se pencha vers l'enfant avec une grande précaution, et toucha son front avant de prendre la parole.

"Le caractère martial est gravé en elle, il est impossible de continuer à la faire vivre en faisant disparaître cet esprit puisqu'il fait partie intégrante de sa personnalité...nous prendrons les mesures nécessaires pour elle mais vous ne pourrez pas l'emmener parmi les vivants, je regrette."

Julia Caesaris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant