(37) Retrouvailles impromptues

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Nos trois protagonistes sont maintenant aux abords du lac, ils n'osent pas se rapprocher du camp des optimates et se contente de rester là où ils sont pour l'instant sous couvert "d'étude du comportement de l'ennemi". Le souci, c'est qu'ils n'ont pas vraiment réussi à l'identifier, cet ennemi. Les deux camps ont causé des pertes humaines considérables dans l'autre.
Enfin, des pertes humaines...des pertes ectoplasmiques s'il en est.

Julia

Appius a posé une question très judicieuse il y a quelques instants : est-ce que lorsque l'on est tué sous forme d'esprit, le souvenir de nous que gardaient nos proches disparaît lui aussi?
Nous étions bien en peine de lui répondre...
Je devinais au tremblement de sa voix que ce sujet était sensible (pour qui ne le serait-il pas?) et supposais qu'il avait laissé un amour éploré dans son sillage...
Cette interrogation en a fait apparaître une autre : concrètement, tout ce qu'il reste des personnes qui m'entourent, c'est leur façon de penser, leur personnalité. Je suis la seule qui puisse espérer un corps encore fonctionnel à mon retour. Mais si chacun désire encore exister dans l'au-delà, c'est parce que chaque nouvelle enveloppe corporelle disponible, chaque nouvelle naissance, est en réalité une résurrection d'une âme défunte.
Je reconnais que ça fait un peu froid dans le dos.
Cela signifie qu'il n'y a eu que quelques personnalités modelées par les dieux, et qu'ils les réinsufflent à chaque nouvelle naissance. Tu n'es pas toi mais simplement une manière de faire perdurer l'esprit d'un autre. Je crois que ce sont en priorité les filiations qui conservent leurs ancêtres en eux. Mais il est possible que ce soit quelqu'un qui n'a aucun rapport avec toi de ton vivant. Enfin ! Je me perd dans les méandres de cette réflexion et la situation stagne.

Je me demande si c'est le fait de n'être plus qu'une tête à penser qui fait que j'oublie toute la dimension "interaction avec les autres" de l'univers. Mais non, j'étais déjà ainsi avant.

"Bon les amis, ma mère est du côté des optimates normalement.
Il nous suffit de nous y rendre, je saurais bien la reconnaître.

Les garçons arquèrent les sourcils dans un même mouvement. C'était donc si simple?
Etant donné la profonde transe dans laquelle Julia s'était plongée, ils auraient juré que la solution était difficile à trouver. Mais non ! Sacrée Julia...

La petite troupe, Julia en tête, chemina jusqu'au camp des optimates.
Il n'avait rien à envier à un camp de guerre de vivants, hormis l'absence de tentes pour dormir. En effet, les esprits ne sont pas soumis aux mêmes lois que les vivants...
Quant aux armes, elles étaient surprenantes pour qui ne les a jamais vues.
De simples billes à l'apparence inoffensives, mais qui produisaient un effet des plus insidieux sur la personne qui était leur victime. En effet, un produit s'infiltrait dans leur mental, pour qu'ils se mettent à penser qu'ils ne méritaient pas de vivre à nouveau sous une autre forme, qui leur envoyait des images issues de leur propre mémoire, des souvenirs de tous leurs mauvais actes et enfin, le coup de grâce même pour les plus robustes, qui falsifiait les réactions de leurs proches et les montrait méchants et médisants sur leur compte.

Une fois que l'on était touché, pas le moindre espoir de rédemption.
Nos compagnons avaient beau tenter de nous raisonner, en vain.

Julia ne mit pas longtemps à découvrir sa génitrice en pleine discussion avec celui qui semblait tenir le rôle de dirigeant des opérations. Elle se dirigea vers elle, ne s'attendant pas à une effusion de tendresse et d'amour... mais n'ayant pas non plus expecter le masque d'effroi qui se dessina sur le visage matrimonial.

Julia Caesaris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant