(28) Fabia-1ère analepse Pompée

80 9 2
                                    

J'aime passer du temps avec elle.

Strabo, mon père, me confie trop de tâches en ce moment. Je devrais me réjouir qu'il ait aussi confiance en moi mais je ne me sens pas assez solide pour commencer à guerroyer comme il m'y incite...je voudrais pouvoir finir mes études hellénistiques, approfondir ma connaissance de la rhétorique et du monde en général. En parlant de général, mon patriarche désire que j'en devienne un, et un grand. Il ne me consulte pas à ce sujet, ça n'est pas négociable.

Je baigne dans la violence et l'impétuosité depuis ma plus tendre enfance, mon père en a usé et abusé pour gravir l'échelle sociale. Maintenant qu'il est parvenu à une place convenable, il n'est pas près de me laisser l'abandonner !

Alors, il me fiance à la fille du dictateur de Rome, Aemilia.
Je ne suis pas le premier à avoir à subir une alliance arrangée, de tout temps cette pratique a existé. Mais je refuse de ployer sous l'autorité patriarcale...je continuerai à voir Fabia quoi qu'il m'en coûte !

Elle seule sait calmer mes coups de sang, panser mes blessures et comprendre cet ego que je trimballe partout et qui fait que je peux me montrer insolent.

Aujourd'hui nous nous sommes querellés.

Qui eût cru qu'elle me demanderait de ne plus la voir?
Mais c'est du Fabia tout craché : droiture, douceur et gentillesse.

Elle se refuse de faire du mal à cette Aemilia qu'elle ne connait même pas en continuant à me fréquenter. A-t-elle seulement songé au mal que cela me ferait, à moi?

Elle avait fait son choix et je savais qu'il n'était pas en mon pouvoir de la faire sortir du chemin sur lequel sa volonté s'était engagée.
Mais je perd toute rationalité dès que le coeur est en jeu, je deviens autre.

Peut-être que cette vieille légende selon laquelle nous aurions tous un bon esprit et un esprit mauvais qui sommeille en nous n'est pas infondée...
Enfin, cette part de moi a pris le dessus et s'est jetée sur elle.

Tout s'est déroulé à une vitesse effroyable...Durant un instant, elle était devant moi, pleine de vie et les yeux suintant le remords et la bonne action, l'instant suivant elle gisait au sol, inerte.

Quant à moi, j'étais pantelant, je me suis dirigé en titubant vers l'atrium pour sortir au plus vite de sa villa. Je n'en ai parlé qu'avec Jules, le seul à qui je peux accorder ma confiance.

                     ______________
Bon, le voile est levé sur un pan du passé de Pompée, bien que les indices n'aient pas laissé beaucoup de doutes...

Julia Caesaris Where stories live. Discover now