(12) La rencontre

288 23 21
                                    

Point de vue de Pompée (le 1er, c'est si émouvant d'être dans la tête d'un nouvel arrivant)

Derrière le battant de cette porte qui me séparait de ma future épouse, je me questionnais sur la meilleure façon d'amorcer la conversation avec cette jeune femme dont je ne savais presque rien. Il allait falloir apprendre à se connaître. Et je me doutais que ce ne serait pas une partie de plaisir.

Lorsqu'elle m'autorisait enfin à entrer, je bombais le torse et enfilait un masque de virilité masculine.
En toute logique, je poussais prestement la poignée de la porte vers le bas mais un objet semblait coincer.

Je réessayais maintes fois, m'échinant sur cette foutue porte comme si mon existence toute entière en dépendait.
Mais rien à faire, la porte refusait obstinément de céder.

J'entendais le bruit d'une lourde chaise racler le sol, et celui d'une fenêtre qui se claque. Des indices assez révélateur sur l'activité de la personne à l'intérieur de la pièce.

Je réfléchis un instant. J'étais arrivé dans la fastueuse villa de César le matin même. Celui-ci m'avait chaleureusement accueilli dans son péristyle avant de me faire visiter le jardin. Je crois bien que la chambre de Julia donnait sur celui-ci.
Si jamais elle était descendue, c'est par là que je la retrouverais...

Toujours dans l'étalage de ses richesses, César m'avait convié à entrer dans son triclinium, afin de partager un repas frugal.

Lorsque je l'avais interrogé à propos de Julia, celui-ci m'avait dit qu'elle désirait prendre un temps de repos avant de faire ma connaissance, et que je la verrai l'après-midi même.
Je ne voulais pas paraître insistant, j'avais donc pris mon mal en patience et respecté scrupuleusement les conditions de ma future compagne, à savoir qu'il ne fallait pas que je me présente devant la porte de sa chambre avant 15h.

J'ai attendu 15h15, pour faire bonne figure, tandis que César sortait de la villa pour se rendre au Sénat.

Mais là, c'en était assez !
Je suis un homme conciliant mais les femmes ne vont tout de même pas faire régner leurs moindres désirs !

En quelle année sommes-nous voyons !
Mes désirs prônent sur les siens, et aux dernières nouvelles je lui ait fait expressément savoir que je voulais au moins partager une conversation avec elle. A défaut de plus.

Enrageant de plus en plus, je parvins à faire sortir la porte de ses gonds (et moi aussi par la même occasion).
Je pénétrais dans la pièce tel un beau diable, en nage.

Julia était assisse sur sa chaise à dorures, souriantes, semblant se délecter de l'état d'agitation dans lequel elle m'avait plongé.

****

Point de vue de Julia

Toujours dans un objectif de séduction, je me dis que si j'étais plus difficile à attendre, je n'en serais que plus désirée par Pompée.

C'est donc bien pour cela que j'ai bloqué la poignée à l'aide d'une chaise rudimentaire. Je riais déjà de la réaction de ce cher Pompée. Mais une part de moi s'inquiétait de faire les frais de sa hargne.

Je savais bien que cela faisait plusieurs jours qu'il patientait pour passer un moment seul avec moi.

A l'entendre, il semblait bien avoir la réaction que j'avais escomptée.
Des râles s'échappait de l'autre côté.

Dans un sursaut, je le vis défoncer ma porte (paix a son âme) avant de s'engouffrer dans la chambre, ne s'attendant visiblement pas à ce que je m'y trouve.

Julia Caesaris Where stories live. Discover now