(44) Seconde analepse Cornelia

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En plus d'être magnifique, elle était d'une bonté innommable pour tous.
Comment pouvait-on avoir un si bon caractère?
Les premiers mois, j'étais aux anges. Elle faisait une compagne de jeu formidable, qui ne me refusait jamais rien et qui était à mes ordres. Je voulais une amie, j'avais obtenu la meilleure d'entre toutes...

Mais plus le temps passait, plus sa rayonnante présence affadissait la mienne.
A la manière d'une bougie qui est plus lumineuse lorsqu'elle est seule dans le noir que lorsqu'on lui ajoute une compagne, je me sentais lésée et dévalorisée.
Et c'était un sacré cercle vicieux puisque plus j'avais cette sensation, plus j'étais exécrable. Et plus j'étais exécrable, plus cette sensation devenait vigoureuse puisque qui apprécierait une personne insupportable?

La goutte d'eau qui fit déborder le vase de ma haine est indéniablement le moment où le jeune homme sur lequel j'avais des vues commença à se désintéresser de moi, au profit de Fabia.
Je me sentais ridicule, mais j'étais consumée par la jalousie et il n'y a pas de jeu de mot avec la bougie à voir ici.

je n'aurais pas dû céder à la tentation du mal mais c'était plus fort que moi.
je voulais la voir morte.

Alors j'ai fomenté un plan des plus ingénieux : je savais que Pompée, le jeune homme qu'elle m'avait ravi, avait une tendance à la violence plutôt marquée.
Aussi, il me suffisait d'administrer à cette chère Fabia un poison de mon cru et de me servir de sa droiture à ses dépens en lui rappelant les fiançailles de Pompée avec Aemilia.
Le poison la dépouillerait de ses forces petit à petit et, si j'avais bien calculé mon coup, elle décéderait si un petit choc lui était administré. Ce qui ne manquerait pas de se produire si elle s'aventurait sur le terrain des sentiments avec Pompée...

Bien sûr, je ne suis pas dépourvue de conscience alors je me suis sentie mal durant un petit temps. Mais le temps est parvenu à recaler cet épisode aux confins de cette même conscience...

Aussi, j'ai un petit frisson en repensant à tout cela alors que Fabia se tient devant moi en ce moment-même.
Je n'ai eu aucun mal à lui faire croire ma version de l'histoire, elle était devenue amnésique une fois dans les limbes...

Je me demande si Julia se doute de quelque chose. Ca pourrait expliquer sa subite disparition.
Je pense que personne d'autre que moi n'a connaissance du faible que j'avais pour Pompée...quand je pense qu'il a épousé ma fille, c'est d'un ironique !

Julia Caesaris Where stories live. Discover now