(42) Infiltration en territoire ennemi

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Le vieillard était sympathique mais il avait un système de pensée plutôt arriéré.
Rester à voir s'il était représentatif de son factio politique...
Visumclausa, car il se prénommait ainsi, les fit accoster d'une main de maître, comme s'il avait fait cela durant toute sa mort (ce qui était sans doute le cas).

Julia se demandait si le nom qu'il leur avait donné était un nom de code ou une autre plaisanterie, il lui semblait improbable que quelqu'un se nommat réellement ainsi...
Elle ne tarda pas à apprendre que dès leur arrivée au camp optimate, ils ne seraient plus Julia, Appius et Titius mais bien Pueraleam, Conscius uno et Conscius duo. (amusez-vous à chercher la traduction....vous pourriez être surpris !)
Elle ne comprenait pas un traitre mot de latin malgré toute son éducation...sans doute les lacunes dues à sa naissance hors de Rome !

C'était une sorte de consul qui les avait nommé ainsi, et il avait échangé des regards amusés avec ses condisciples, ce qui n'était pas pour rassurer Julia.
Comment avaient-ils bien pu les appeler?

Lorsque l'on était pas chargé d'organiser ou de participer aux combats, il n'y avait pas grand chose à faire en ces lieux... Julia et ses acolytes avaient bien un objectif, mais ils devaient se montrer discrets et procéder par étapes.
Ils enrageaient secrètement de devoir rester aussi oisifs pour ne pas attirer l'attention, et serraient les dents pour assécher leur impatience.

Julia ne pouvait s'empêcher de se renseigner subrepticement "N'auriez-vous pas vu une troupe d'enfants dans les environs? N'y a t-il aucun enfant ici?"
La plupart ne lui répondait pas et la regardait de travers, de leurs yeux criblés de ridules, puisque l'âge était assez avancé dans ce camp. A croire que toute jeunesse avait déserté.

Un jour où ils s'étaient éloignés pour s'octroyer une petite visite des Enfers, elle entendit des vagissements infantiles se propager depuis le sommet d'un mont.
Un drôle de type poussait une pierre jusqu'au sommet, avant de la regarder béatement descendre lorsqu'il y était parvenu. Il paraissait échouer continuellement, et ne pas s'en lasser.
L'absurdité de la situation effarait tout bonnement Julia.
Comment pouvait-on persister à s'infliger ce châtiment alors que l'échec était la finalité?

Touefois, elle ne s'attarda pas dans sa complainte envers Sysiphe (Appius était plus renseigné qu'elle manifestement) et s'intéressa plutôt aux cris d'enfant.
Ils provenaient...de l'intérieur de la boule poussée par Sysiphe !

Il s'avérait impossible de le convaincre de l'abandonner...comment faire?
Elle prit les avants et décida de l'accoster alors qu'il était sur la descente de la montagne.
Elle prit soin de se racler la gorge pour signifier sa présence.

"Hum hum...excusez-moi, monsieur Sysiphe?"

Le jeune homme, bien que musclé, affichait une mine patibulaire qui n'était pas franchement en harmonie avec son physique.

"Vous n'avez pas l'impression que je suis occupé?"

Julia ne s'offusqua pas le moins du monde de cette réponse : pour quelqu'un qui s'acharnait sans cesse sur une tâche impossible à accomplir, il avait les nerfs relativement solide.
Et avec pour seule compagnie cette balle, il n'était pas surprenant qu'il soit devenu misanthrope...

"Je le vois bien mais cela vous dérangerait-il de vous arrêter un instant?"

Pas de réponse, il ne l'écoutait déjà plus.
Elle fut obligée de lui arracher la balle des mains ce qui provoqua une vague de fureur inattendue chez cet être si apathique.

"Rendez-moi ça !"
-Pas avant que j'ai pu vérifier quelque chose..."

En effet, la balle était bien une sorte de coffre. Qui dit coffre, dit clé pour l'ouvrir...

Julia Caesaris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant