Julia Caesaris

(56) Aurelia

Il y eut de la pitié dans le regard de la vieille ronchon, fugacement.
« Mais enfin...sais-tu qu'il est impossible de sortir une fois entré ? D'ailleurs as-tu pris le temps de voir ta meurtrière de mère? Tu risques de passer plus de temps avec elle que prévu ! »
Julia crut voir toutes ses illusions s'effriter entre ses doigts, comme si l'illusion était un biscuit fragile.

Elle modula son humeur sur le déni, et insista.

« Tu ne sais pas ce que tu dis mamie ! Trêve de plaisanteries ! Et que me racontes-tu à propos de maman? Fariboles ! »

Cette fois, la vieille avait l'air sincèrement désolée.

« Je suis loin de plaisanter...tu penses bien que si une quelconque sortie existait, il suffirait de suivre les morts qui s'y presseraient sans tarder ! Et pour ta mère...c'est elle qui a tué Fabia, par jalousie. J'étais encore en vie à ce moment-là et je l'ai entendu en discuter avec son dévoué miroir : elle avait tout d'une hallucinée.»

Julia avait peur de la croire. Pour les deux réponses.

« Alors...nous sommes coincés ici ?
-Normalement, Mors ne laisse pas les vivants dans les parages trop longtemps, il s'occupe de les repérer et de les renvoyer à leur juste place. Mais j'ai comme l'impression que son organisation est quelque peu détraquée par les temps qui courent...
-Alors il n'existe pas de porte ?
-Si, il y en a une. Celle qui permet de transvaser son esprit dans le corps d'un enfant à naître. Mais ce n'est pas ce que tu veux, je me trompe ?
-Tu as raison...où pouvons-nous trouver Mors ? »
La peau ridée se dota d'un sourire malicieux.
« Je peux vous conduire jusqu'à lui sans problème. »

C'est ainsi que le cortège se mit à suivre Aurelia comme si elle était une oracle indiquant la direction.

Julia ressentait comme un manque. Sans parvenir à déterminer d'où il lui venait. Troublant.