Chapitre 18 - Premier combat (Partie 2)

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Ces questions et incertitudes arrachèrent un long frisson d'inquiétude à Flore.

— As-tu froid ? s'enquit aussitôt Linlin. Est-ce ta ble...

— Quelqu'un, je ne sais qui, m'a empêché de déjeuner, interrompit-elle d'un ton moqueur afin de détourner l'attention.

— À qui la faute ? Une vraie racona : tu n'arrêtes pas de dormir !

— Je travaille dur pour atteindre votre niveau.

— Que tu n'atteindras jamais ! martela Roni derrière eux. Si tes amis n'osent pas te le dire ; moi, je le proclame haut et fort. Tu devrais quitter les Imlayas, les faibles n'ont pas leur place parmi des combattants aguerris.

La novice fit face à son adversaire, entouré de son groupe ; le garçon affichant un mépris insolent.

— De quel droit juges-tu les capacités de Flore ? intervint Kishor. Nous ne lui cachons rien, je suis convaincu de sa réussite à l'examen.

Le pêcheur enjamba le banc et se rapprocha du tourmenteur qui préféra s'esquiver. Elle ne douta pas que cette « sage » attitude était incitée à la suite du duel du jeune homme, auquel il avait dû assister.

— Ne prête pas attention à ce prétentieux, la réconforta Yeldo. Tu y parviendras.

— Je n'ai pas peur de Roni ni de ses sarcasmes, mais votre soutien me va droit au cœur.

— Ne lui accordons pas plus d'importance qu'il ne le mérite ! lâcha Linlin. Promenons-nous.

Au même instant, l'estomac de la novice se manifesta et le tourbillon décréta un passage au buffet en premier. Galettes et boissons chaudes y furent expédiées. Ils entamèrent ensuite leur tour entre les différentes estrades, où ils étudièrent le jeu des uns et des autres, sans oublier de les encourager par des sifflements ou des cris brefs à l'instar des spectateurs.

Flore aperçut la gardienne, saluée avec respect par les Imlayas, qui observait les duels plutôt que les performances des femmes. Devait-elle en déduire que Lorina aurait aimé apprendre à manier l'épée ? Difficile à déterminer, surtout quand un combat créait un intérêt supérieur à un tir sur des cibles fixes. Cependant, si elle ne se trompait pas, cela signifiait que le poids des règles de la tribu empêchait celle-ci d'évoluer.

Comme au Conseil d'Aurora ! grommela-t-elle.

L'appel de Linlin brisa ses réflexions. Ses compagnons avaient pris de l'avance sur elle et l'attendaient.

— Dépêche-toi ! Yeldo veut la meilleure place pour l'exhibition de Perdina en archère.

Le garçon commença par protester, avant de détourner la tête. Flore croisa le regard de Kishor, tous les deux avaient compris que leur ami ne désirait pas trahir son goût pour le tir à l'arc. La novice grinça des dents, mais elle ne pouvait pas changer la situation.

À vive allure, le tourbillon les entraîna à l'enclos des okydas, que des Imlayas prenaient d'assaut. Si la jeune fille avait été maladroite avec Yeldo, elle fut, en revanche, d'une efficacité redoutable. Ils se retrouvèrent contre la rambarde. En plein milieu.

Flore découvrit un portique en bois au bout du terrain, parcouru d'une liane manœuvrée par un initié de chaque côté ; ce qui permettait de glisser le sac, auquel était suspendue une lourde boule rouge en tissu.

Dès que Perdina se présenta sur sa monture à l'autre extrémité, l'assistance l'acclama. Elle salua la main sur le cœur et le silence s'établit, que même les oiseaux semblèrent respecter. Le maître, au regard fixé sur sa cible, enflamma une flèche à une torche tendue par un combattant, puis lança son okyda au galop avec ses genoux. Instinctivement, la novice bloqua son souffle, comme si elle craignait de faire échouer l'Imlaya juste avec sa respiration tandis que ses yeux ne lâchaient pas la silhouette, cheveux au vent, arme bandée devant elle.

Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant