Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020

Chapitre 1 - L'épreuve de la Maîtrise (Partie 2)

Sous les doux rayons rosés de l'astre au zénith, Flore s'installa auprès de la fontaine de l'uriah, encerclée d'un savant fouillis de plantes. Elle désirait se ressourcer en préparation à l'examen, mais aussi chasser son malaise qui persistait depuis le petit déjeuner. Au point de décliner toute invitation.

Après une longue respiration, elle baissa les paupières et se concentra sur le bruit de l'eau, jaillissant du cœur de neuf fleurs, surmontées d'une imposante sphère irisée. Elle écouta ensuite le chant des oiseaux : leur mélodie s'écoula le long de sa peau avant d'alléger son corps. Flore rêva alors de s'envoler avec eux dans le ciel limpide, d'où elle contemplerait la silhouette de l'édifice. Il devait ressembler à un soleil avec son bâtiment principal circulaire et ses logements perpendiculaires, recouverts de tuiles aux teintes pastel. Une vue sûrement magnifique !

Ce petit mot si magique déchira les derniers voiles de son inquiétude, l'apaisa.

En fait, se trouver à l'uriah la comblait, car il était son vrai chez elle. Les kiriahnis y vivaient et travaillaient. Ces hommes et ces femmes possédaient d'autres pouvoirs psychiques en plus de la communication par la pensée et le déplacement d'objets, partagés par tous les Auroréens. Les fameux kiriahs si utiles au peuple. Ainsi, chaque membre de la communauté se dévouait aux tâches ou aux soins des habitants, puis s'occupait de la formation des leurs. Flore contribuerait à son tour... en devenant un maître.

Oui, j'y parviendrai ! conclut-elle, après avoir ouvert les yeux.

Quand la princesse entra dans la salle de préparation des travaux, emplie de tables ordonnées et de différents ustensiles rangés dans des armoires, la responsable des lieux, l'uriahmi Ixli, l'attendait en compagnie de deux maîtres et d'un second candidat. Même si elle ne connaissait pas ce dernier, elle ne s'inquiéta pas. Il ne la concurrençait pas, et ils seraient acceptés s'ils réussissaient l'épreuve.

Flore reporta son regard sur Ixli et les maîtres qui l'encadraient de part et d'autre. Les trois étaient revêtus d'une robe longue, brodée de la fleur de llyriah en filigrane. Seule la couleur les distinguait : indigo chez la première, azur pour les seconds. Identique à celle de leur diadème, support à une perle en apesanteur.

L'uriahmi posa la main sur son cœur, en geste d'accueil, que retournèrent la princesse et le deuxième candidat. Puis elle s'engagea dans le vif du sujet :

— Pour votre épreuve, vous dirigerez un Cercle et accomplirez une tâche particulière avec lui. Chacun des maîtres vous observera sans jamais intervenir, sauf si un des membres se trouvait en danger. Je garderai un contact mental pendant l'examen, sans quitter cette pièce. Une fois votre travail achevé, nous délibérerons. Vous obtiendrez vos résultats demain. Avez-vous des questions ?

Flore répondit par la négative, ainsi que le jeune homme. Tous les deux appartenaient déjà à un Cercle : il permettait d'augmenter le pouvoir psychique d'un kiriahni ou d'en combiner plusieurs, afin d'exécuter une tâche complexe qu'aucun d'eux ne serait en mesure de réaliser seul. Il représentait le cœur de l'uriah, son essence.

— Choisissez un des maîtres, ajouta Ixli. Il vous emmènera dans sa salle. Un des exercices sera la création de perles et de sphères ; l'autre, la fabrication des diadèmes. Vous avez deux heures.

Le deuxième candidat s'inclina devant elle, la laissant sélectionner en premier par respect pour son plus jeune âge. Flore jaugea les hommes et se plaça face à celui dont les cheveux avaient un reflet rose. Au hasard, sans critère. Puis elle souhaita bonne chance à son collègue, avant de suivre son examinateur, qui se présenta sous le nom de Merioni.

Derrière son guide, elle parcourut le couloir du rez-de-chaussée, focalisée sur le bruit de leurs pas contre le sol dallé et le froissement des habits. Un son incongru dans ce silence solennel. Sitôt parvenue à l'extrémité du bâtiment, elle pénétra dans une pièce où sept personnes patientaient. Son regard fut attiré par une table, accolée à un des murs, sur laquelle trônaient quatre petites boîtes et deux plus grandes.