Chapitre 18 - Premier combat (Partie 1)

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Flore souleva une paupière et constata que l'aube pointait ses premières lueurs par un interstice entre les rideaux fermés. Il lui restait quelques heures de sommeil à grappiller. Elle se blottit sous la couverture, trop heureuse d'être bien au chaud dans son lit.

Hélas, c'était oublier l'existence du tourbillon !

Elle comprit son erreur lorsque son amie entra dans leur chambre et entama une mélodie.

— Linlin, arrête ! lui cria-t-elle. Tu chantes juste, mais laisse-moi dormir !

— Certainement pas ! Sais-tu quel jour nous sommes ?

— Aucune idée. Je m'en fiche, mes cours me suffisent.

— Comment oses-tu, novice !

La tête dissimulée sous son oreiller, Flore pouffa. Son amie tentait d'imiter Tsioli, le maître des sports, qui utilisait avec abondance sa voix de ténor, sans posséder le talent de Yeldo.

— Comment oses-tu ignorer le Nouvel An des Imlayas ! poursuivit Linlin.

Éberluée, elle sortit de sa cachette.

— La fête de la tribu ? Déjà ?

— Tu veux dire... seulement ? Nous sommes à la moitié de notre formation et avons mérité cette journée de repos. Le petit déjeuner est servi.

Moins de deux mois avant notre épreuve, calcula la novice dès le départ du tourbillon.

Elle n'avait pas vu le temps passer après la découverte de la fausse prophétie, car elle s'était jetée à corps perdu dans son entraînement. Tant pour éviter de songer à cette abomination de croire que les kiriahnis projetaient d'exterminer les Imlayas, que pour se donner toutes les chances de réussir son examen.

Heureusement, la présence de ses amis, avec leur chaleur et leur insouciance, soutenait son moral. Elle était consciente de ce qu'elle leur devait et avait l'intention de les remercier quand la vérité éclaterait au grand jour.

La novice se leva et s'habilla. Lorsqu'elle enfila sa tunique, une douleur remonta du bras vers l'épaule : Kishor avait entaillé la chair, par accident, à un endroit où le plastron était plus abîmé. Devant l'air angoissé du jeune homme, elle avait minimisé son état.

Elle toucha sa blessure et la vue de ses doigts ensanglantés lui arracha une grimace. Elle se morigéna de s'être couchée la veille sans contacter Ixli : elle l'aurait soignée dans l'Entre-Deux monde.

Grâce à la fête, je n'ai pas d'entraînement. Je m'en occuperai la nuit prochaine.

Les sens en alerte, la kiriahni tendit une main, son esprit se concentrant sur ses affaires. Une vieille chemise propre s'extirpa parmi les habits, puis s'étala sur le lit. Une large bande s'en détacha, s'éleva dans les airs et entoura la plaie, sans omettre de former un nœud de maintien.

L'épanchement de sang se réduisit.

Flore regarda ensuite son matelas et l'élixir de llyriah, caché en dessous, émergea. Le liquide émeraude scintilla sous le rayon du soleil rose nacré quand la fiole se déboucha au-dessus de son gobelet, posé sur sa table de chevet. Dès que plusieurs gouttes furent ajoutées à de l'eau, l'objet retourna se dissimuler. La kiriahni vida le verre d'un trait. La boisson calmerait la douleur lancinante et l'aiderait à patienter après des soins plus appropriés.

Dans le salon, elle retrouva Linlin qui se régalait devant une assiette remplie de galettes.

— C'est quoi cette tenue ? s'offusqua son amie.

Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant