Chapitre 9 - En route vers l'inconnu (Partie 2)

300 81 123
                                    

Les semaines suivantes, au milieu de ces bulles, Matoli rechercha le chemin conduisant au point de rendez-vous de la tribu. Il récupéra l'information dans celles créées avant le tremblement de terre, car un contact régulier entre les Imlayas et les habitants de Conimont perdurait.

La forêt avait malheureusement changé avec les siècles, et les routes décrites n'étaient plus fiables. Après plusieurs tentatives infructueuses, il parvint à une vaste clairière, où un magnifique cekouro au feuillage rubis, parsemé de fleurs délicates améthyste, régnait en maître.

Il avait trouvé !

L'arbre, si rare dans cette zone, correspondait à celui indiqué par la reine Edjo dans ses mémoires. La joie l'envahit tandis qu'il s'asseyait à son pied. Il patienta durant des heures. En vain.

Aucun Imlaya ne se présenta à lui.

Matoli n'abandonna pas pour autant sa quête et, régulièrement, il s'installa sous les branches du vénérable. Sans plus de succès. Un jour, alors qu'ils préparaient une potion sur le foyer externe, Maya aborda le sujet :

Nous devons nous rendre à l'évidence. Soit ils préfèrent nous éviter, soit...

Elle se tut et baissa la tête. D'une voix triste, il compléta :

Ils ont disparu avec ce terrible tremblement de terre.

Sa compagne opina. Il contempla un moment la danse des flammes avant d'objecter :

Si la tribu n'existait plus, une majorité de jeunes reviendrait à Conimont, malgré les dangers de la forêt. Comme ils sont peu nombreux à le faire, je pense que ce sont ceux qui n'ont pas trouvé la clairière. Non, la réponse est plus simple. Nous ne les intéressons pas.

Déçus, résignés, ils se concentrèrent sur leurs tâches. L'hiver arriva avec son cortège de malades et blessés, et les commandes des uriahs augmentèrent. Ils les laissaient souvent dehors la nuit, trop épuisés pour les ranger après une dure journée de labeur. Elles ne risquaient rien : avec la valeur d'entraide chez les Auroréens, le vol ne se concevait plus.

Un matin, pendant que Matoli allumait le foyer, Maya se dirigea vers la table afin de rentrer les préparations de la veille. Sa compagne l'appela la seconde suivante, et l'intonation dans sa voix l'intrigua. Elle reflétait de la stupéfaction.

Il la rejoignit, puis s'immobilisa à son côté, les yeux grands ouverts. Une plante à petites feuilles vert foncé, agrémentées de boules blanches striées de rouge, remplaçait une partie des potions. Une plante qu'il reconnut.

La cerlim, lui confirma Maya.

Difficile à se procurer, car l'herbe médicinale provenait des très hautes montagnes, ses vertus seraient les bienvenues. Lorsqu'elle était combinée à la liqueur de llyriah sous forme de boisson, elle facilitait les soins d'un guérisseur dans la réparation des cellules endommagées du cerveau à la suite d'un accident, d'une maladie ou en raison de la vieillesse. Seule, la cerlim n'apportait rien.

Les Imlayas ! déclara-t-il, le cœur frémissant. Je n'imagine qu'eux pour ne pas se présenter à nous. Un Auroréen frapperait à notre porte.

Sa compagne approuva. Quand ils recommencèrent l'opération tous les jours, ils récupérèrent différents produits à intervalles réguliers. Un troc s'instaura ainsi entre eux. À la fin du printemps et de l'automne, grâce à des extraits de potion ou de plantes déposés sur la table extérieure, ils s'indiquaient leurs besoins respectifs et effectuaient les échanges.

Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant