Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020

Chapitre 16 - La quête (Partie 2)

L'heure suivante, Flore géra les chutes, les refus de saut des okydas et la difficulté des cavaliers à les diriger. Si Yeldo, Linlin et Roni parvenaient à effectuer le parcours sans trop de difficultés, Kishor demeurait à la traîne. À la fin de la séance, il descendit de sa monture la tête basse.

Elle l'accompagna au box de son étalon avec des mots d'encouragement, auxquels il ne répondit pas. À l'intérieur, alors qu'elle dessellait l'animal, au poil collé par la sueur et à l'odeur piquante plus prononcée, le pêcheur s'épancha. Il se savait à l'abri des oreilles indiscrètes.

— Je suis le plus mauvais de tous ! Je n'arrive à rien.

— Si c'était le cas, Roni ne se gênerait pas pour te ridiculiser ! Et il ne le fait pas, car il respecte ton talent à l'épée. Tes progrès sont lents, mais bien présents.

Les prunelles dubitatives du garçon la fixèrent.

— J'ai l'impression que les okydas ont peur de moi, ou moi d'eux.

La novice immobilisa son geste. Les paroles résonnaient tel un écho aux siennes sur ses doutes d'être à la hauteur de sa mission. Ne s'était-elle pas trop vite inquiétée ? Si elle réussissait à rassurer Kishor, peut-être serait-elle convaincue de son erreur ?

— Récompense ton compagnon pour son travail, lui rappela-t-elle d'un ton sec, comme si elle n'avait pas entendu sa dernière phrase.

Le reflet orange des cheveux de son ami s'intensifia tandis qu'il obéissait sans une protestation. Flore se mordit les lèvres devant la culpabilité ou la honte qu'elle avait provoquée, pourtant elle tint bon. Le pêcheur attrapa une brosse et frotta en douceur la tête de l'étalon, qui poussa son bras, heureux du traitement reçu.

— Es-tu toujours persuadé d'avoir peur ? Ou lui de toi ? s'enquit-elle.

Kishor la remercia d'un pauvre sourire, puis ouvrit la bouche avant de la refermer. Il se dandina ensuite d'un pied sur l'autre. Que voulait-il lui dire ? La réponse à cette question ne tarda pas.

— Pourrais-tu me donner des leçons particulières ? J'ai confiance en toi. Effectuer des figures d'adresse avec tes conseils m'aiderait. Je t'ai observée, tu es douée. Debout, bondir sur le côté, te pendre à la selle. Tu nous impressionnes ! 

Sous le coup de la surprise, Flore recula d'un pas. La demande de Kishor représentait un compliment après tous ses efforts, même si elle avait encore du chemin à parcourir. Au moment où elle s'apprêtait à rétorquer, une idée fulgura dans son esprit. Une idée qui la ferait progresser dans sa formation.

Non, devenir une combattante digne de ce nom.

— À une condition, répliqua la novice, avec un calme qu'elle était loin de ressentir.

— Laquelle ?

— En échange de mes cours, tu m'enseignes le maniement de l'épée.

Elle réprima une grimace devant la mâchoire défaite de son ami.

— Tu n'es pas sérieuse ! souffla-t-il au bout d'un moment.

— Très ! Depuis le début, j'ai désapprouvé l'interdiction aux femmes de se servir d'une arme. Tu étais gêné lorsque Yeldo m'a rabrouée à ce sujet. Oserais-tu le nier ?

Kishor la dévisagea tout en se passant les doigts dans ses cheveux devenus orangés.

— Accepte ! Je t'en prie, exprima-t-elle par ses yeux.

Est-ce que sa supplique visuelle suffit à convaincre le pêcheur ? Elle n'en avait aucune idée, toutefois un poids s'envola de ses épaules quand il chuchota :