Chapitre 13 - Guérison (Partie 2)

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Enfin, le jour tant attendu arriva. Le guérisseur avait donné son accord, sa convalescence était terminée. Il tardait maintenant à Flore de sortir de cette « prison », d'aller à la découverte du village et, surtout, de remplir sa mission.

Quand Kishor la récupéra dans sa chambre en début d'après-midi, elle tournait en rond depuis le petit déjeuner, habillée de sa tenue d'Imlaya. La kiriahni la trouvait confortable, n'entravant pas ses mouvements : sa tunique cuivrée s'arrêtait au niveau des hanches, une élégante ceinture vert foncé ceignait sa taille et un pantalon couleur terre recouvrait des bottines fourrées. La cape brune qui complétait l'ensemble reposait sur le lit. Elle était soulagée de ne pas devoir couper ses cheveux, coiffés en queue de cheval haute. Ceux des hommes plairaient à Sojeyn : plus longs que chez les Auroréens, ils étaient rassemblés en catogan.

Le pêcheur la salua avec un sourire en coin, amusé par l'impatience de Flore. Elle ne s'en offusqua pas, mais le pressa d'avancer tandis qu'elle le suivait dans le couloir, le regard fixé sur la sortie.

Sur sa liberté.

Après avoir ouvert cette porte, son ami la laissa passer et proclama solennellement :

— Bienvenue au village des Imlayas !

Immobile à l'extérieur, Flore respira à pleins poumons l'air piquant, le visage offert aux rayons du soleil. Quand elle en fut rassasiée, elle se dirigea vers un bosquet au feuillage roux et prit au creux de sa main cette étrange matière qu'elle avait observée tant de fois à travers sa fenêtre. La neige, lui avait indiqué Kishor. Une sorte de pluie cristallisée, visible uniquement pendant les mois d'hiver.

Elle poussa une exclamation au contact glacial et relâcha sa poignée, pour souffler sur ses doigts. Alors qu'elle contemplait intriguée les formes complexes des flocons, un discret toussotement la ramena vers son ami aux yeux pétillant. Lui aussi avait découvert à son arrivée ce phénomène inconnu des doryaums.

Dès qu'il lui tourna le dos, elle le suivit. Derrière les arbres qui isolaient le bâtiment des guérisseurs, ils traversèrent un large chemin caillouté, dont elle ne discernait pas les extrémités, et remontèrent des ruelles pavées couleur sable.

Flore pénétrait au cœur du village.

Une place s'étendait autour d'une fontaine circulaire en pierre. Un cube au milieu comportait une simple fleur sculptée sur chaque face et l'eau jaillissait de leur cœur. De la surface du bassin, des volutes de fumée s'élevaient à l'aplomb de boules orange immergées. Des sphères de chaleur. Grâce à elles, tout le système de canalisation était à l'abri du gel.

La vie quotidienne des Imlayas ressemble à la nôtre sur beaucoup de points.

Si cette découverte la rassurait, elle l'étonnait aussi. Seuls les uriahs fabriquaient ces sphères. Comment se les procuraient-ils ? Une énigme qu'elle résoudrait plus tard, décida-t-elle,tandis que son regard glissait au-dessus du cube.

Un animal sculpté au pelage gris à rayures noires, avec trois traits obliques émeraude sur chaque joue, se dressait debout. Des oreilles arrondies, un museau en pointe, une queue plate tous les trois de couleur charbon et de grands yeux dorés sans pupilles lui donnaient une allure débonnaire.

— Le racona habite dans les hautes montagnes. Farouche, rusé, vif, capable de se construire un abri à partir de rien, de se défendre contre toute attaque malgré sa taille modeste, décrivit Kishor. Le parfait emblème pour la tribu légendaire. Les Imlayas utilisent les mêmes rayures vertes sur le visage.

Flore approuva, puis se tourna vers le bâtiment rectangulaire à un étage en bois, à la décoration semblable aux maisons octogonales qu'elle avait contemplées sur son trajet.

Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant