Chapitre 78.

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Je dois aller fumer, de toute urgence. Parler avec Isa m'a fait replonger en arrière,  il y a des périodes de ma vie que j'oublierai volontiers.

— Tu as vraiment une sale tête, Matt ? Tu regrettes déjà ta demande en mariage ? blague Nicolas, toujours aux aguets.

— Non, Nico. Je ne regrette rien, déclaré-je fermement. Tom est l'homme de ma vie.

— Pourquoi cette tête alors ? s' étonne-t-il très sincèrement.

— Des souvenirs qui remontent. Je viens d'inviter quelqu'un qui compte pour moi.

— Tom connaît cette personne ? m'interroge-t-il, les sourcils froncés par l'inquiétude.

— Il connaît son existence mais il ne l'a jamais vue.

— Et ?

—Je ne l'ai pas vu depuis très longtemps. Et elle est sacrément remontée contre moi.

— Elle va te pourrir ! Pourquoi l'as-tu invitée, alors ? insiste-t-il.

— Elle a changé ma vie, je dois assumer. J'ai envie de la serrer dans mes bras et lui présenter Tom et Lilou.

— Ça veut dire que tu as réussi ? intervient Oliv qui a dû remarquer lui aussi ma disparition.

— Ouais. Elle vient, Oliv.

— Vous avez parlé un peu ? se renseigne-t-il mine de rien.

— Pas vraiment mais elle sera là. Lâche-moi avec ça ! ralé-je en partant brusquement les laissant en plan tous les deux.

— Quel sale caractère ! Y a des jours où sérieusement je lui foutrais volontiers une volée, gronde Oliv.

—Allez ! Il avait l'air d'être mal. Tu la connais cette fille. Rencarde-moi, mec.

— Tu as raison, Nico. ils se connaissent depuis très longtemps. Ils étaient toujours ensemble.

— Sa nana ? insiste le père des jumeaux qui ne veut décidément pas lâcher l'affaire.

— Non.

— Elle ne va pas tout faire foirer ?

— Non. J'y veillerai, ne te tracasse pas. Elle m'écoute.

— Ah et pourquoi t-écoute-t-elle ?

— C'est ma petite sœur.

— Ta frangine ? s'exclame-t-il les yeux écarquillés. Je savais que vous vous connaissiez bien mais au point de fréquenter ta sœur !

— Je ne te dirais rien de plus, Nicolas. C'est leur histoire.

—Je ne posais pas de question, je m'inquiète juste. Va lui parler, il ne va pas bien. Il fume comme un pompier.

— J'y vais. Avant qu'il se bloque définitivement, grommèle Oliv en se dirigeant vers où Matt  s'est enfui.

***
(Oliv)

— Je fais quoi ? J'appelle ma sœur pour lui gueuler dessus, ou je hurle  direct sur l'ours qui est en train de latter avec énergie le mur de Peter ?

— L'ours. Avant qu'il se casse les orteils, réagit-il immédiatement.

— Tu veux te marier avec des béquilles ? en rajouté-je pour finir de l'énerver.

— Je t'ai pas demandé de me lâcher ?

— Je n'ai pas l'intention de t'écouter ! Par contre, je crois que si tu continues, je vais devoir te montrer que j'ai toujours la forme !

— C'est peut-être ce que j'ai besoin, tout compte fait ! D'une bonne bagarre !

— Bordel Matt ! Tu as un mec super qui t'aime. Vous avez une petite qui vous adore. Qu'est-ce que tu veux de plus ?

— Son pardon. Qu'elle comprenne ! Mais c'est une putain de tête de pioche !

— Elle a fait quoi ?

— Rien. De la provoque. J'ai retrouvé la gamine qui m'envoyait paître au lycée. Elle attend de moi quelque chose que je ne ferais jamais.

— Elle vit des trucs durs avec son connard de mec !

— Elle m'a dit, oui. Bref, je lui ai expliqué que je voulais lui présenter Tom et Lilou. Elle n'a pas réagi. Ça m'a fait mal. Je lui ai dit de rester chez elle.

— Bordel Matt ! Allez- vous cesser un jour ? Je vais l'appeler. Elle va venir.

— Elle vient. Elle m'a envoyé un sms.

— Alors, pourquoi tu fais cette tête ?

— Parce que je pète de trouille. Isa compte pour moi. Si elle n'aimait pas Tom ? Ou si lui l'aimait pas ? Je fais quoi ?

— Tu ne peux pas vivre sans te mettre toute cette pression ? Tu as changé de prénom pour oublier cette période. Là j'entends Mattys. Réfléchis-y.

(Matt)

Il a raison et je me dirige vers la maison. Tom, Lilou dans les bras, lui lit un livre. Oliv a raison. Pourquoi je me prends la tête. La voilà ma famille. Mon homme et ma fille. Qui ne les aimerait pas ? Et quand bien même !

— Vous me faites une place ? demandé-je.

— Avec plaisir. Reste avec nous.

— Ouais. Avec ma famille, complété-je en me glissant contre eux.

En fin de journée, on a été voir la maison avec Inès et Damien, Oliv et Dan, Peter et Anne.
Tout le monde a été enthousiasmé.
Pendant que les autres faisaient le tour, Tom et moi avons entraîné Inès et Damien vers le studio.

— Voilà, Inès. C'est ici. Entre, dis-je en lui montrant la porte.

— Il est dans votre maison et indépendant.

— Oui. C'est pour cette raison, que nous avons pensé à toi. Tu seras chez toi. Et nous chez nous. Ouvre la porte.

Elle appuie sur la clanche et entre. Son regard s'illumine. Je dirais que ça lui plaît !
Le studio est fait avec le même goût que la maison. Une grande pièce avec une cuisine ouverte, une mezzanine et un puits de lumière.
Tout ceci dans des teintes chaudes.

—C'est très beau. Et tellement lumineux.

— Est-ce que ça te plairait d'y vivre, Inès ? Quand Damien ne sera pas là.

— Comment pourrais- je refuser, vous êtes incroyables.

— Inès, Lilou a besoin de toi. Et nous savons que tu as besoin d'être près d'elle. Est-ce que les meubles te plaisent ? On vous laisse regarder...tranquillement. Si un truc cloche, dis-le. A tout de suite.

— D'accord.

Une furie arrive vers nous. Elle me tend les bras, sans dire un mot. C' est drôle, malgré le fait qu'elle parle, elle a gardé cette habitude et ça me convient tout à fait.

— Salut toi ! Pourquoi tu es toute seule ?

— On est là, Matt. Elle court vite. Magnifique baraque, les gars. Vous allez être bien ici. Elle vous ressemble : Chaleureuse, ouverte, conviviale. Juste un truc, me précise Oliv, je vais squatter souvent.

— Elle est où Inès ?

—Viens, on va la retrouver et montrer le studio à Oliv. Cours devant en faisant du bruit, mon ange.

— Pervers ! Tu es insupportable, Matt, me sermonne gentiment mon futur mari.

— Allez Tom ! Je serai très heureux pour eux. Crois-moi !

—Tu crois qu'elle va rester ? Je n'ai rien dit à Lilou encore. Je voulais attendre.

— On va être fixés, dis-je en atteignant le studio. Alors Inès, votre avis ?

— Matt, Tom ? Je peux vraiment rester ici ? Ce n'est pas une blague ?

—Inès, je suis un connard mais pas à ce point, la taquiné-je. Nous serions tous heureux de vous avoir ici.

— Alors, je reste.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now