Chapitre 76.

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Mon cœur bât si fort qu'il me fait presque mal. Je regarde cet homme qui me sourit avec bienveillance.

— Ne prenez pas cet air-là ! rigole Bill. Bien sûr que cette maison est pour vous.

— Vraiment ? Excusez-moi. Je ne dors plus depuis que je l'ai vue. Elle correspond tellement à ce que nous sommes. Merci. dit Matt avec émotion.

—Tu entends, Jean ? C'est ce que j'ai toujours voulu ! Faisons les papiers. La maison est libre, il nous faut juste faire enlever les meubles. A moins que certains vous intéressent ?

—Vous vous moquez de nous ? C'est cela ! s'énerve Matt.

— Excusez Bill, voulez-vous ! Il est spontané, et ne réalise pas toujours qu'il peut affoler les gens, dit Jean après un regard tendre sur son époux.

— Explique-leur, Jean.

— Comme tu veux, mon chéri. Nous avons fait construire cette maison au début de notre relation. Elle a été notre écrin de bonheur. Nous nous sommes promis de ne la louer qu'à des gens amoureux. Je pense que vous correspondez à ce critère, et en plus avec cette merveilleuse enfant, il ne peut en être autrement.
Nous vous louons cette maison pour 500€ mensuels. Les meubles ne nous servent à rien. S'ils vous conviennent, gardez-les. Sinon faites venir les Emmaüs. Nous partons dans quelques jours pour un très long voyage.

— Tom ? Tu veux bien me pincer s'il te plaît ?

— Ah Ah, vous me plaisez beaucoup ! Je vous promets que vous ne rêvez pas. Allons faire ces papiers.

(Matt)

Je ne sais pas comment nous sommes revenus chez Peter. J'avais l'impression d'être en plein rêve. Tom, très silencieux, affichait bizarrement un sourire permanent, qui lui donnait un air carrément idiot.

Je vois Oliv venir vers nous. Il est tendu. Je sais très bien pourquoi. Toute la semaine, j'ai été un véritable connard avec tout le monde. Donc dans sa tête, si cela n'a pas fonctionné, je vais être particulièrement pénible. Comme je suis de très bonne humeur et que j'en ai très envie, je vais  m' amuser !

— Marche dans mon jeu, Tom ! S' il te plaît ! lui dis-je facétieux.

— Il va te le faire payer, tu le sais ! me fait-il remarquer.

— Je m'en remettrai !

— Tu es un grand gamin !


—Alors ? me demande Oliv inquiet dès que je mets pied à terre.

—Fais pas chier, Oliv ! Lâche-moi ! le repoussé-je vivement.

— Matt ! Enfin, tu es grotesque. Y en a plein des maisons, mec !

— C'était la nôtre, Oliv ! J'en veux pas une autre ! protesté-je, en en faisant des tonnes.

— Calme-toi ! Tu es ridicule.

— Moins que toi quand je vais te demander de l'aide pour le déménagement ! révélé-je dans l'impossibilité de simuler plus longtemps. On a la baraque, mec ! On l'a, dis-je en le serrant dans mes bras.

— Putain de connard, grogne Oliv. Cours !

—Ah Ah, rigolé-je trop heureux de ma vanne. Je ne vais pas courir car je sais que tu ne vas pas me foutre une volée. Tu es bien trop content !

— En effet, gamin mais tu perds rien pour attendre crois-moi.

— C'est normal ! Mais vu comment tu arrivais, j'en ai eu très envie. J'ai été un véritable connard toute la semaine. Merci, mec.

— Je n'ai pas vu de changement, tu étais exactement comme d'habitude, réplique-t-il. Le déménagement est pour quand ?

— Quand nous le voulons, la maison est libre. Ils ne veulent même pas des meubles, ajouté-je encore estomaqué par notre chance.

— Sérieux ? Tu nous emmènes quand pour la voir ?

— C'était tellement chelou. J'ai pas encore trop réalisé, en fait. Tom ? On a combien de préavis ?

— Aucun. J'ai eu le proprio. Il ne la reloue pas. Y a juste à la vider.

—Et tu comptais me tenir informé quand ?

— Quand l'ours serait parti en vacances ! Il faut réfléchir pour les meubles. Voir ce qu'on veut garder. Tu te rappelles si le studio était meublé ?

— Non.  Il faut y retourner mais pas ce soir. Là, j'ai trop envie de fêter ça avec tout le monde !

— Tu as raison, Matt. Allons rejoindre les autres.

Dans la maison, j'ai l'impression que tous  attendaient avec impatience notre retour.

— A voir vos visages, je dirais que nous allons avoir des nouveaux voisins. lâche Nicolas hilare.

— C'est tout à fait ça, mec ! Attend-toi à me voir débarquer chez toi pour distraire ta femme, blagué-je en lui tapant sur l'épaule.

— Même pas peur ! Amy sait se défendre.

— Alors vous avez réussi ? Vous avez prévenu Inès ? demande Franck, très intéressé.

— Non, pas encore. En fait, je crois que les proprios étaient déjà d'accord. Quand ils ont vu Lilou, ils ont craqué, dit calmement Tom.
Ils nous louent la maison pour cinq cent euros par mois. Et ils ne veulent pas des meubles.

— C'est génial. Tout le monde va y trouver son compte ! dit Franck très excité.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Vous avez la baraque de vos rêves. Inès pourra être aux côtés de Lilou sans être une gêne. Léo pourra avoir une personne compétente et adorable pour l'aider. Peter et Anne vont retrouvés le calme de leur maison, énumère Franck en comptant sur ses doigts.

— Et nous, notre solitude,  râlent les gars.

— En fait, on va avoir encore avoir besoin de vous pour déménager.

— C'est évident.

— Et...

Je m'arrête net au milieu de ma phrase. Subitement, c'est une évidence :  je sais qu'il va accepter. Toutes ces personnes autour de nous, ce sont nos amis et pour moi ma seule famille. Alors je me lève, ils me regardent tous, intrigués. Je me tourne vers Tom. Je mets un genou au sol et je lui prends la main.

— Tom, regarde-moi. Je t'aime profondément. Je ne te le dis pas assez souvent. Tu es celui qui m'a sauvé de moi- même. Je sais que je veux faire ma vie avec toi. Ça a toujours été le cas, sauf qu'avec mon sale caractère et mon égo, je refusais de l'admettre. Ces derniers mois, on a été deux et avec l'arrivée de Lilou, c'est devenu une évidence. Tom veux-tu m'épouser ?

— Matt ! Tu es la personne la plus exaspérante que je connaisse, souffle-t-il. Et me demander en mariage,  là comme ça en est une preuve supplémentaire. Mais tu es aussi l'homme le plus attachant, le plus honnête, franc et digne que je connaisse. Et j'oubliais aussi un merveilleux amant, ajoute-t-il ému. Oui, je veux t'épouser. Je t'aime Matt.

Petite Ellie. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant