Chapitre 25.

674 65 36
                                    


(Anne)

Je gare la moto sur le parking de l'hôtel. Il est presque vingt heures. J'ai fait une halte au Macdo du coin, ce n'est pas forcément mon truc mais l'idée d'un resto seule ne m'emballait pas.
L'après-midi a été éprouvante. Cette petite puce, terrorisée, à qui il va falloir apprendre la confiance m'a émue. Tom et Matt sont des mecs bien, ils ont une telle patience avec elle. Peter avait raison, je les aime bien.  Nous allons les aider.
Tom ne sera muté nulle part, je connais Nicolas, il n'a jamais fait une promesse en l'air.

J'espérais manger avec Peter : il a dit qu'on irait lentement mais j'ai juste envie de passer du temps avec lui. Apprendre à le connaître, et ...

Qu'est-ce qui me prend ? Cela fait un sacré moment que je n'ai pas eu de relation sérieuse. Pas envie de faire confiance pour me retrouver seule après. Il est plus facile de ne pas avoir d'attache.

J'ai très envie d'appeler Peter pour ... mauvaise idée.
Nicolas alors ? Non. Lui et Amy ont besoin de temps. Entre leur maison et les garçons, leurs moments en couple deviennent rares.

Je me résigne à rejoindre ma chambre. Je vais encore passer une partie de la nuit à attendre le sommeil.
Après une douche bien chaude pour détendre mes muscles, je m'installe sur mon PC avec une boisson chaude. J'ai envie de fouiner sur les sites pornos amateurs. Ça peut être un endroit pour diffuser des vidéos sans grand risque.
Je visionne, fouille sur un nombre incalculable de sites, sans résultat. Je tombe sur des images violentes. Soudain un visage m'intrigue, je fouille dans ma clef USB et ... je ne comprends rien !

Je dois appeler Peter et vite.
Merde. Messagerie.
Je regarde l'heure : 1h30.
Je ne peux pas attendre demain, je rappelle, messagerie direct.
Tant pis, j'appelle Nicolas, j'ai besoin qu'on me rassure ou peut-être au contraire qu'on me dise que je suis devenue dingue !

Si je réveille les petits, il va me tuer...

— Anne ? Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ?

— T'inquiète pas je vais bien !

— Anne, il est plus d'une heure du matin, remarque-t-il enfin. Tu sais, la nuit la plupart des gens dorment.

— Je m'excuse Nico, je n'arrive pas à joindre Peter sinon je ne t'aurai pas réveillé.

— Il va bien ma belle, ne t'affole pas !

— Non, ce n'est pas ça. Je viens de tomber sur un truc sur le net.

— Ok.  Attends, je descends pour ne pas réveiller les garçons... C'est bon je t'écoute.

— Va sur ton PC ! exigé-je.

— Je peux pas, Peter dort dans le bureau.

— Quoi ?

— Il s'est fait piquer sa bagnole hier soir.

— Hein ? A quelle heure ?

— Anne ! Je suis mort, là, et tu as réussi à le réveiller, bravo. C'est Anne, l'entends-je dire à Peter.

— Anne, c'est Peter ! Qu'est- ce qui se passe ? dit-il inquiet.

— Va sur l'ordi de Nicolas sur www.bellesalesputes, expliqué-je.

Nicolas, qui a mis le haut-parleur, ouvre son ordi et trouve le site. Je le guide et le  laisse découvrir les photos qui m'ont intriguée. Nous confirmons, il s'agit bien des mêmes.

— Comment tu as trouvé ça ? me demande Nicolas.

— On s'en moque ! Je voulais être sûre que je n'avais pas rêvé. Je vais aller fouiller. Merci et bonne nuit les gars !

Et je raccroche, les laissant tous les deux, comme des idiots.

(Peter)

Elle nous appelle en pleine nuit pour nous donner une piste et elle raccroche. Je regarde Nicolas.

— Cette fille est folle ! On va la
rejoindre ? me demande-t-il.

— Mais et Amy ?

— De toute façon, ni toi ni moi n'allons nous rendormir, me dit-il en haussant les épaules. Et tu peux pas y aller à pied ! Je la rappelle ? Anne ?

— Tu en a mis du temps ? Tu vieillis, Nicolas ! Vous me retrouvez à mon hôtel ?

—Tu es sacrément atteinte, beauté, rigole-t-il comme si c'était habituel. A de suite.

Nous sommes sur le point de partir quand Amy descend. Elle embrasse son mari comme s'il partait au combat.
Dans la voiture, alors qu'il sourit comme un idiot, j'éclate de rire.

—Tu penses que quelqu'un les a mises avant ? me demande Nicolas subitement sérieux.

— Je n'en sais strictement rien.

Anne nous attend sur le parking. Elle ne tient pas en place.

— Vous en avez mis du temps ! grogne-t-elle.

Elle regarde Nicolas avec un air désagréable.

— Tu n'as pas envie de fumer, n'est-ce pas ?

— Anne, soupire celui-ci en retour. Tu viens de me tirer du lit en pleine nuit ! Si tu m'empêches de fumer une clope, je ne t'adresse plus la parole pendant au moins une semaine !

— Alléluia, réplique-t-elle en levant les yeux au ciel !

Ils rigolent tous les deux. Nicolas la nargue en allumant une clope. J'adore leur complicité.
Si nous arrivons à former une équipe avec eux, Tom, Laval et moi, le taux de criminalité va sûrement chuter.

Nous rejoignons la chambre d'Anne.

— Tu sais que ta réputation est foutue ma belle, deux mecs en pleine nuit !

— Nico ! dit-elle en rougissant. Tu crois qu'on nous a vus ?

— Idiote ! Il n'y avait personne j'ai fait attention.

Nous installons le  portable de Nicolas et Anne sort sa tablette. Ainsi nous allons pouvoir bosser tous les trois en se partageant le boulot de façon organisée. Cerise sur le gâteau, l'hôtel est équipé de la fibre.
Nous nous partageons les sites, avec plus ou moins de réussites. Vers trois heures du matin, nous devons nous rendre à l'évidence, nous avons trouvé trois autres photos. Ce ne peut pas être une coïncidence...

Malgré des connaissances informatiques plus complètes que les miennes, nous n'arrivons pas à trouver l'adresse IP.
Je demanderais à Matt tout à l'heure. C'est son truc !

De toute façon, cela n'a pas vraiment d'importance. Il est plus qu'évident que le vol de ma voiture n'était pas dû au hasard.
Mais pourquoi ? Dans quel intérêt ? Toutes ces questions sont pour l'instant sans réponse.

Nous sommes épuisés, le moral à zéro. Nous décidons de camper dans la chambre d'Anne. Nicolas ira sur le lit, moi sur le divan. De toute manière, je sais pertinemment que je ne dormirai pas. Je me sens coupable de tout ce qui se passe. J'ai beau réfléchir, je ne comprends pas.
Alors pour ne pas gêner Anne et Nicolas, je croise mes bras sous la nuque et j'essaye de me détendre.

Vers cinq heures, je ne tiens plus. Je me lève sans faire de bruit, laisse un mot pour dire que je vais courir.
Je les regarde dormir. Anne blottie dans les bras de Nicolas. Je ne peux pas m'empêcher de l'envier. Elle est très belle, on dirait une gamine de vingt ans. J'ouvre la porte le plus discrètement possible et je sors. Dehors, je réalise qu'il pleut et que je dois avoir deux euros sur moi. Bravo Peter.

— Tu as vraiment l'air malin maintenant, non ?

— Tu ne dormais pas, toi ? dis-je à Nicolas.

— Je ne vois pas comment. Entre Anne la sangsue et toi. Elle est belle, hein ? J'ai vu comment tu la regardais !Tu attends quoi pour l'inviter quelque part ?

— Je ne suis pas prêt, Nicolas, tout simplement. Et oui, elle est belle, tu as raison.

— Viens je te paye un café ! Peter, on va la résoudre cette affaire, je te le promets et je suis quelqu'un de tenace.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now