Chapitre 11.

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Tom regarde la chambre dévastée.

- Tu étais très en colère, hein ? Je comprends. Tu les as crues mais c'était des mensonges.

Elle regarde autour d'elle, cherchant quelque chose du regard. Elle s'immobilise, ramasse le MP3 éclaté en morceaux. Elle se tourne vers moi, le visage baigné de larmes. Je me mets à genoux, je le lui prends des mains.

- Ce n'est pas grave, je t'en achèterai un autre. Tu étais en colère et c'est moi qui te l'avais donné. Alors tu l'as cassé. Ne pleure pas.

On frappe à la porte. C'est le docteur.

- Bonjour ! Je viens de prendre mon service et on vient de me dire ce qui c'est passé. Pourquoi tu as tout cassé ? Ce n'est pas bien, lui reproche-t-il.

- Arrêtez ça tout de suite ! Ne la grondez pas. Deux de vos employés ont eu un comportement inadmissible, s'exclame Matt. Faites les papiers de sortie, nous allons  partir.
Tom ? Tu peux rester avec le docteur et la petite ? La puce, je reviens très vite et après on s'en va.
Tous les trois, d'accord ?

Elle hoche de la tête. Je sors et me dirige droit vers la salle du personnel. Je me mets dans l'entrée, en travers de la porte. L'infirmière me voit et blêmit.

- Comment va t- elle ? me demande-t-elle.

- Mieux. Où sont-elles ?

Elle se retourne vers deux femmes en train de prendre un café. Je les fusille du regard.

- Je suis dehors, côté parking, leur signalé-je d'une voix froide et tranchante. je vous attends.

Si je leur avais parlé ici, les agents de sécurité auraient dû intervenir ! Je dois essayer de contrôler ma colère ! Cela peut sembler excessif de vouloir leur expliquer mon point de vue.

Je sors de l'hôpital et me jette sur mon paquet de clopes.
J'en allume une et  tire dessus comme un fou. J'ai eu tellement peur ! J'entends des pas. Elles sont devant moi, et à leurs têtes, il est visible qu'elles n'en mènent pas large !

- Excusez-nous !

- Je n'ai rien à vous pardonner ! C'est à une petite fille que vous avez fait du mal, pas à moi. Elle m'avait donné sa confiance, ce qui, vu ce qu'elle a dû vivre, était déjà un miracle. Et vous, par connerie, vous avez failli tout foutre en l'air ! S'il lui était arrivé quelque chose, qu'elle se soit fait mal, je... je ne sais pas ce que j'aurais fait, balancé-je d'une traite d'une voix agressive.

- Elle avait son casque ! On pensait qu'elle ne comprenait pas !

- Putain ! Et le respect vous connaissez ? Même si elle n'entendait pas, on ne parle pas des gens comme ça...comme s'ils existaient pas ! En plus, pour dire des conneries.

- C'est ce qui se disait hier à l'hosto ! réplique une des deux femmes.

- Qu'elle allait à l'asile ?

- Oui.

- Et bien pour votre info, et je vous conseille que ça reste entre nous trois, elle vient vivre à la maison. Et pour éviter des ragots supplémentaires, je suis homo donc personne ne la touchera. J'en parlerai à son avocat. ( j'espère qu'elles vont flipper grave !) Il décidera quoi faire vous concernant.

- L'officier de Police nous a demandé d'aller faire une déposition. On n'a pas réfléchi aux conséquences...

- Pour moi, l'affaire est close. Je ne vais même pas en parler à vos supérieurs. Je suis certain que cela vous servira de leçon.

Et je m'en vais ! C'est tout ce que je voulais ! Ne pas perdre mon sang froid. Elles n'ont pas fait cela méchamment, juste sans réfléchir. Je ne veux pas qu'elles perdent leur boulot mais qu'elles prennent conscience des dégâts sur une petite déjà bien abîmée par la vie.

Je retourne vers la chambre 12. Tom signe les papiers de décharge.
Je réalise qu'elle n'a que la tenue de l'hôpital sur le dos. On est parti tellement vite tout à l'heure que l'on n'a pas été acheter ne serait- ce qu'une tenue.

- Elle ne peut pas sortir comme cela. Je reviens !

Je sors et je me retrouve face à l'infirmière de tout à l'heure.

- Est-ce qu'il y a moyen que vous nous prêtiez un pantalon et un sweat. Elle n'a rien et on est partis vite de la maison.

- On va vous trouver quelque chose, ne vous inquiétez pas. Vous savez, elles n'ont pas fait attention, mais elles ne sont pas méchantes. Elles ont besoin de ce boulot.

- Je sais. Perso je n'ai pas l'intention de les faire virer mais c'est de votre compétence de faire en sorte que cela n'arrive plus.

- Vous l'emmenez quand ?

- Dès que nous avons de quoi l'habiller !  plaisanté-je tout sourire.

- Je vous apporte cela dans un instant. Et merci.

- Vous savez, le look voyou ne veut pas dire qu'on en est forcément un !

Je retourne une autre fois dans la chambre. Mon visage radieux rend Tom heureux à son tour.

- On dirait un chat qui a attrapé une souris ! Tu étais où ? me questionne-t-il, enjoué.

-  J'expliquais des choses à des gens idiots. Sans éclats et entre nous, en toute discrétion, rassure-toi! Mais il le fallait. Puis,  j'ai demandé un don de vêtements pour sa sortie. Elle ne  peut pas sortir comme ça. C'est indécent ! Mon tee shirt serait trop grand et pour le coup, c'est moi qu'on ne laisserait plus sortir. Les papiers sont faits ?

- Oui ! Tout est en ordre.

On frappe et l'infirmière revient avec des habits.

- La puce ? Tu sais t'habiller toute seule ou tu veux de l'aide ? demandé-je.

Elle nous regarde, descends du lit, prends les fringues et commence à se déshabiller sans aucune gêne, ce qui nous fait rire Tom et moi.

L'infirmière nous regarde tous les deux.

- Excusez-moi ! Je viens de comprendre ! Elle sera bien chez vous ...deux. Puis-je vous laisser mon numéro de téléphone. Une infirmière dans vos contacts cela peut être utile... enfin si vous voulez !

- Ça peut nous rendre service en effet. Merci beaucoup. Vous répondez aussi aux questions idiotes ? demandé-je. Y a plein de choses que nous allons découvrir dans les jours prochains !

- Je ne me moquerai pas, promis ! Et puis l'essentiel de ce qu'elle a besoin, je sais que vous allez lui donner.

Notre regard sur la petite nous fait de nouveau éclater de rire.

- Rectification, elle ne sait pas faire ! Viens mon cœur ! Je t'aide !

Et je lui remets le tee shirt à l'endroit.

- Te voila habillée ! On s'en va ? On va à la maison ?

Elle me tend la main gauche et prend  la main droite de Tom. Oh putain ! Je vais pleurer comme un gosse ! Je jette un œil à Tom, il a les yeux qui brillent lui aussi.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now