Petite Ellie.

Chapitre 30.

(Nicolas)

Je  regarde Anne.

— On y va, beauté ? Un bisou ?

— On ne vous dérange pas ? gronde Peter.

Il a vraiment l'air en colère !
Je n'ai pas le temps de réagir, Peter a déjà ouvert la porte d'Anne et l'a sortie sans ménagement de la voiture. 

— Peter ? Mais ça va pas ! Arrête ! crie-t-elle, surprise.

— Tu vas bien ? l'interroge-t-il en scrutant son visage. Où étiez-vous ?

— Calme-toi, s'il te plait. Je vais bien. J'ai juste eu du mal à gérer mes émotions. Je suis désolée de t'avoir inquiété.

— Moi aussi. Mais vous disparaissez tous les deux et vous chialez au téléphone. Comment voulez-vous que je réagisse !

— On va vous expliquer, me lancé-je. Déjà tout est de ma faute. Tu vas me détester Peter, mais je dois commencer par ça.
J'ai volontairement choisi de bosser avec toi. Je n'avais pas d'autre choix. Il fallait que je sois dans ton équipe. Désolé... J'espère que tu me comprendras après.
Anne n'était pas au courant, elle ne connaît l'histoire que  depuis ce matin. Rappelle- toi de cela.

— Continue Valmi, dit Peter d'une voix peu aimable.

Je me dois d'être honnête. J'ai conscience que je risque de perdre son amitié. Je le connais depuis peu mais je sais que je peux le compter dans mes amis.

— Cela fait plus de deux ans que je suis sur cette histoire, avec mon meilleur ami. On cherche des preuves, des témoignages. Même Amy ne sait pas. Et là ça y est, on a tout, demande à Anne.

— C'est vrai, Peter, confirme-t-elle. Tout est clean.

— Je ne comprends toujours pas, râle Peter.

— Les coupables sont cinq. Dont deux flics. Ils ont agressés six mecs. Des homosexuels. Ils les ont tabassés. Toutes les plaintes ont été retirées suite à des menaces.

— Festes en fait partie,  c'est ça ? en déduit Peter prouvant à quel point il est intuitif. Ce qui expliquerait ta rage à peine contenue et le fait de vouloir bosser avec moi, poursuit Peter.

— Ouais. Mais ce n'est pas tout. Tom ? l'interpellé-je. Tu es bien silencieux.

— Je te rappelle que je suis homo, travaillant sous les ordres de Festes. Tu attends quoi, tu veux que je hurle ? Tu crois que ces histoires, je ne les vis pas ? Matt et moi, on se bat tous les jours pour qu'on nous respecte, Nicolas.

— Tom, Peter ! Si on est là, c'est parce que nous savons que vous êtes des mecs bien, lui explique Anne.

— Arrête. Tout- de- suite. Bordel, Anne, s'énerve Peter, il pouvait nous en parler l'autre jour chez Tom. Je croyais que tu avais confiance en moi, Valmi, me lâche-t-il une moue de dégoût sur les lèvres.

Je comprends sa réaction même si cela me fait de la peine.

— Je ne pouvais pas. Pas sans l'accord de Franck, soufflé-je.

— Alors, raconte-nous. Nous sommes là pour cela, non ? aboie Peter.

— Léopold est le frère de Franck, mon meilleur ami depuis l'école primaire, commencé-je. Il est la septième victime. Ces cinq salopards l'ont enlevé, tabassé à mort, violé à multiples reprises pendant les cinq jours de sa séquestration...

Je m'interromps, conscient du silence autour de moi. Mes mots étaient durs, sans fioritures.

Puis ils l'ont jeté aux ordures, reprends-je. Il avait dix-sept ans. Maintenant, il  est paraplégique.
Franck est sa seule famille. L'enquête, il l'a menée quasiment tout seul, il ne voulait pas que je mette ma famille en danger. Mon rôle était surtout de veiller à ce que ce soit clean.
Voilà pourquoi je ne pouvais rien dire.
Anne me connaît et elle a vu que je n'allais pas bien. Franck a accepté de la rencontrer, car il a confiance en moi.
Grâce à sa présence, il a admis que nous avions besoin d'aide.
Pour être sûr de les interpeller tous les cinq, il faut le faire en même temps. Nous l'avons convaincu qu'il pouvait vous faire confiance, à vous deux et Laval. Avec Anne et moi. Avons-nous eu raison ?
Mon instinct me dit oui mais je peux comprendre votre colère. Depuis une semaine j'ai l'impression de te trahir...

— Ta gueule, Nicolas ! Tu me connais peu mais Tom peut te le dire, je suis un sanguin, mais bordel, tu ne peux pas imaginer la journée de merde que j'ai eue. Allons voir ce mec.