Chapitre 42.

600 62 18
                                    


Nous partons Tom, Anne, Nicolas et moi au commissariat ce matin.
Je dois être informé aujourd'hui du nom de la personne qui va prendre la place de Festes au Commissariat.

Tom a été réintégré dans l'équipe, sans que ce soit officiel tout du moins, au grand bonheur de tout le monde.
En toute logique, Anne et Nicolas vont rester avec nous.
Laval et Tobias, un peu en retrait font, de par leur action, des recrues sur lesquelles je peux m'appuyer en toute confiance.
Ce n'est hélas pas le cas de tout le monde.

Anne a pris sa moto. Nicolas et moi partageons la voiture avec Tom. Je dois en récupèrer une ce soir puisque la mienne n'est toujours pas retrouvée.

Nous avons passé une bonne partie de la soirée à discuter de tout cela. Amy a besoin de la voiture pour les jumeaux. En plus, vue la taille de celle-ci, Matt et Lilou peuvent y entrer aussi, donc c'est plus pratique.

Nous avons aussi décidé d'arriver ensemble tous les quatre : faire corps en quelque sorte.

Dès l'entrée, nous sentons les regards sur nous. Plutôt bienveillants me semble t- il mais mon caractère optimiste y est peut-être pour quelque chose !

Il faut dire que je baigne dans le bonheur. Anne a dormi dans mes bras, contre moi. Et j'ai pioncé comme un bébé.

J'aperçois Mariani au fond du couloir. Il regarde dans ma direction, l'air inquiet. Je pense qu'il faut que nous ayons une petite conversation tous les deux. De façon urgente : il faut que je sache si je peux lui faire confiance.

- Bonjour, Mariani. On peut se voir, tout à l'heure. Dans une heure, cela te convient ?

- Oui, Peter, c'est bon pour moi.

Je rentre dans mon bureau, regarde vite fait les quelques messages, prends contact avec différentes personnes. En fait, j'attends surtout que mon téléphone sonne. Je m'en moque de ne pas remplacer Festes, mais je ne veux pas non plus que ce soit n'importe qui.

- Bonjour chef ! Je vous écoute, dis-je dans le combiné quand enfin le téléphone sonne.

- Pas trop de surprise, vous vous en doutez. Vos états de service parlent pour vous. Vous prenez la place de Festes. Remettez de l'ordre dans ce commissariat, Brassac.

- Merci de votre soutien, Monsieur. Et pour Bisson, Monsieur ?

- Quoi, Bisson ? Il est réintégré, bien sûr. Il doit passer à la comptabilité pour régler les conneries de Festes.

- Et Morel et Valmy ? demandé-je et je me surprends à presque croiser les doigts.

- Ils restent, vous avez fait un sacré boulot. En étant professionnel malgré les risques. Autre chose, Brassac ?

- Non, Monsieur.

Je raccroche. Je ne peux pas m'empêcher d'être fier. On frappe à la porte.

- Entrez !

- Peter ? demande Tom en entrant dans la pièce. Je pense que...Hé ? Ça va ? Tu es tout blanc.

- Oui, oui ! Ça va Tom. Je suis officiellement celui qui remplace Festes. Alors, j'étais un peu "loin" !

- Putain. C'est génial mec ! Félicitations ! dit-il en me faisant une accolade amicale.

- Et tu es réintégré officiellement, faut que tu passes à la comptabilité ! Et cerise sur le gâteau Anne et Nicolas restent avec nous !

- C'est de tout ceci que je venais te parler : faire un débrief pour l'équipe, afin mettre les choses au clair.

- Bonne idée, Tom. J'ai encore un truc à faire d'important et j'arrive juste après.

- Ok.

Et il sort, juste au moment où Mariani arrive pour me voir. La rencontre entre les deux va peut-être me faciliter le travail.

- Mariani, dit poliment Tom.

- Bisson. Tu es revenu ? réplique Mariani.

- Oui, ça te pose un problème ?

- Pas plus que ça. Je viens voir Peter.

- Il est là, il t'attend je crois.

- Entre Mariani, interviens-je afin d'être clair sur le fait que j'ai entendu leur échange.

Il a l'air encore plus tendu que tout à l'heure. Déjà, ils ont réussis à ne pas s'insulter.

- Assieds-toi, Mariani.

- Non, c'est bon merci.

- Comme tu veux. Je voulais mettre les choses au clair avec toi. Comme tu viens de le constater, Tom est réintégré. Il n'est pas question un seul instant que je t'entende faire une seule remarque sur son homosexualité. Ici, c'est un flic et un bon flic. Son orientation sexuelle, je m'en moque. C'est clair pour toi, Mariani ?

- Oui. Mais...

- J'ai pas fini, le stoppé-je. Voilà donc ma proposition. Soit tu as décidé de te mettre au boulot sans passer ton temps à faire ta langue de vipère, soit tu profites du moment et tu vas dans un autre commissariat. Je te laisse la semaine pour réfléchir, en attendant je te conseille de te tenir à carreaux. Compris ?

- Oui. Je voudrais juste avoir une information. Tout le monde préférerait que je me tire, mais toi, ton avis ?

- Mariani, tu as tout fait pour que personne ne t'apprécie : grande gueule, aucune motivation au boulot et j'en passe... Mais, perso, si tu veux montrer que tu peux changer, je serais à tes côtés. La balle est dans ton camp !

- Merci pour m'avoir parlé. Je n'ai pas été bien malin. Avec Bisson. Mais je suis pas comme les autres...pas comme Festes. C'était pas trop à cause de ça que je disais des trucs.
Contrairement à moi, il est doué. Je ne suis pas très malin, tu le sais. Alors la première fois que je l'ai traité de PD, il a réagi aussi sec. Et les autres rigolaient, alors... Je suis nul mais pas comme eux.

- Mariani, j'ai entendu. J'approuve pas... Forcément. Mais je crois que c'est Tom qui devrait t'entendre. Tu y réfléchis.

- Ouais. Est-ce que je viens au debrief ou vaut mieux pas ?

- Tu viens, tu fais partie de la brigade.

J'ai fait réunir tout le monde dans la salle de conférence.
Je ne remarque rien de particulier. Mais, j'ai chargé mes acolytes de repérer des réactions surprenantes.

- Bonjour à tous. J'ai voulu ce debrief, il était nécessaire.
Alors, vous êtes tous au courant, je suppose, que le commissaire Festes ainsi que quatres autres personnes ont été arrêté. Elles sont inculpées de violences homophobes en réunion, agressions et séquestration.
J'ai été nommé pour remplacer Festes à son poste. Après y avoir réfléchi, j'ai accepté.

Des murmures s'élèvent dans la salle.

- Je n'ai pas fini. J'ai conscience que du fait de mon implication dans ces arrestations, la situation est particulière. Mais je veux être sûr que rien ne gênera le bon déroulement de cette enquête.
Autre chose, Bisson est officiellement réintégré dans la brigade. Et les officiers Morel et Valmi restent avec nous jusqu'à nouvel ordre.
Voilà. Des questions ?

- Est-ce que nous nous occupons de l'enquête sur Festes ? demande Sanchez.

- En fait, pour être complètement honnête, l'enquête en elle-même est déjà bouclée en ce qui concerne les cinq inculpés, mais nous avons la quasi certitude qu'ils ont bénéficié de complicités.
C'est en cela que va consister notre travail.
Dès demain, vous aurez toutes les infos et nous établirons des objectifs. Merci.

Je suis épuisé, pourquoi ai-je accepté de prendre tout ça en charge, déjà ?
Je sens une main se poser sur mon épaule.

- Je savais que tu étais l'homme de la situation ! me dit Tom. Tu m'as bluffé. Sérieux.

- Pareil ! acquiesce Nicolas, avec un clin d'oeil.

Je regarde Anne, qui n'a pas commenté. Elle sort son portable et je la vois pianoter un message. Mon portable vibre.

* Pareil ! Je te féliciterai plus tard. Si je t'approche maintenant ...*

Je la regarde et lui fait mon plus beau sourire.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now