Chapitre 67.

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- Tu as tout fermé ?

- Oui. Je veux revenir vite, Tom. J'ai envie de pouvoir t'embrasser sans sentir les regards sur moi.

- Ce ne sont pas des mauvais regards, tu le sais, précise Tom.

- Je n'ai pas vécu toutes ces merdes toutes ces années pour ne pas me sentir libre de montrer que je t'aime.

- Je parlerai à Peter ce soir. Il comprendra. S'il faut avoir des gars, on trouvera une solution avec Oliv.

- Non. On ne revient ici que s'il n'y a aucun danger.

- Vous revoilà tous les deux, nous salue Nicolas alors que nous nous garons dans la cour de Peter.

- Tu veux que je te parle franchement, Nicolas. Si Lilou avait été avec nous, on ne serait pas revenu. Je vous apprécie tous mais je pense qu'il est grand temps que l'on reprenne nos vies, bougonné-je.

- Je suis du même avis, Matt !

- Où est Lilou ?

- Avec Amy, dans la cuisine.

Je rentre dans la maison. Lilou est en train de dessiner assise à la table, très concentrée. Amy donne le biberon à Max. Quel tableau ! Nicolas a beaucoup de chance.

- Bonjour ! Une telle concentration de beauté dans la même pièce, c'est incroyable !

Je me penche vers Lilou, l'entoure de mes bras et la soulève pour la blottir contre moi.

- Salut, toi ! Tu m'as manqué . As- tu été sage ?

- Oui. Bisou, demande-t-elle la bouche en cœur. Il est où Tom ?

- Il arrive, il parle avec Nicolas. Tu dessines ?

- Non. J'écris. Regarde, Oliv m'a mis des mots, rectifie-t-elle en me montrant son cahier.

- Je vois ça. Et tu les recopies ?

- Oui. Pour l'école. Tu veux bien que j'aille à l'école, hein ? me questionne-t-elle.

- Bien sûr. Tu parles bien. Tu ne disais rien. C'est dingue. Et j'adore t'entendre mon cœur.

- Il m'avait dit que j'avais pas le droit, explique-t-elle. Plus un mot, silence Ellie, il a dit.

- Il ?

Je connais la réponse à la question mais c'est la première fois qu'elle en parle réellement.

- Monsieur, lâche-t-elle sans hésiter. Sinon il lui faisait mal.

- Inès va bien, Lilou.

- Oui. Elle est où ? demande-t-elle.

- Je te l'ai dit. Elle n'est pas loin. Tu veux la revoir ?

- Oui. Je peux ?

- Bien entendu. On l'appellera pour voir quand, d'accord ?

- Tom aussi, il veut bien ?

- Il est d'accord aussi, la rassuré-je.

- Monsieur, il est où ? questionne-t-elle encore.

- Il ne te fera plus de mal, ni à Inès. Plus jamais.

- Plus jamais ? répète-t-elle en me fixant de ses grands yeux.

- Je te le promets.

- D'accord. J'vais jouer.

Et elle descend de mes bras pour galoper hors de la pièce. Je sens des bras autour de moi, et la chaleur du corps d'Amy. Elle a tout entendu de notre conversation.

- Lâche- tout, Matt ! Y a que toi et moi, me chuchote-t-elle.

- C'est un bébé ! Ça fait plus d'un mois qu'elle ne dit pas un mot. Pour lui obéir. Comment je vais pouvoir dire ça à Tom ?

-Tout simplement. Arrête de le protéger !

-Tu veux me cacher quoi, Matt ? demande Tom en s'approchant de moi, l'oeil noir.

- Je vous laisse, dit Amy en sortant de la pièce avec Max.

Il vient près de moi, face à moi, me prend le visage entre ses mains, ses yeux ancrés dans les miens.

- Je t'écoute. Je veux savoir ce qui t'a troublé et pourquoi tu pleures dans les bras d'Amy et pas dans les miens !

- Je ne t'exclues pas, Tom. J'ai juste pas eu le temps. La douleur m'a transpercé.

- Lilou ?

- Elle ....

Je n'arrive pas à parler. C'est trop dur. Alors, je pleure comme un enfant... dans ses bras... sans aucune retenue.
Au bout d'un long moment, j'arrive à lui raconter ma conversation avec Lilou. Difficilement. Puis, à mon tour, je le prends dans mes bras et calme ses sanglots.

- On va faire tout pour l'aider à oublier. A redevenir une petite fille.

***

( Nicolas)

Dans la chambre, je finis de changer Fred lorsque j'entends Amy arriver dans mon dos. Je reconnais le son de ses pas, toujours. Prêt à lui raconter une blague, je me retourne vers elle et me fige. Des larmes récentes coulent sur ses joues. Sans un mot, je dépose Fred dans son lit, lui enlève Max des bras pour l'installer à son tour dans le sien.

Amy n'a pas réagi et continue à pleurer en silence. Je l'entoure de mes bras, et elle se pelotonne contre moi. Amy est une force de la nature. Elle déteste être faible. Je m'en fous car je sais que c'est sa façon de se protéger.
Alors, de la voir dans cet état, cela me terrorise. Qu'est-ce qu'elle a ? Ce ne sont pas les garçons, ils sont tous les deux en train de babiller à côté de nous, ni moi. Alors cela ne peut être que Lilou ou Matt. Elle est tellement fusionnelle avec ce mec. Ils sont tellement semblables.
Elle a été forte et a encaissé... tout. Gérer son angoisse, les jumeaux, mon absence. La présence de Matt et Oliv à ses côtés lui a permis de lâcher du lest. Ils ont le même humour.
Ses sanglots se sont arrêtés, mais j'attends. Elle parlera quand elle sera prête.

- Je crois que ton pull est mort, se risque-t-elle en relevant son minois chiffonné.

- Pas grave. Ma femme m'en achètera un autre, plaisanté-je.

- C'est Lilou, commence-t-elle, il lui avait dit de ne plus parler... sinon il faisait mal à Inès. Comment un homme peut faire cela, Nic ?

- Je ne sais pas ma belle. Elle te l'a dit à toi ?

- Non. A Matt.

- Il va falloir le soutenir, pensé-je à voix haute.

- Tom est arrivé juste après. Je les ai laissés. J'avais besoin de vous trois, souffle-t-elle en se serrant contre moi.

- Je comprends. Je dis à Dan de prendre le babyphone, on va aller marcher un peu.

- On ne peut pas faire ça. Ils ne seront pas toujours là.

- Ben justement. J'ai besoin d'être un moment, plus ou moins long, avec ma femme. Peut-être que je ne vais plus avoir envie de rentrer. C'est possible...

- Allons marcher alors. Je t'aime.

- Évidemment. Je suis le meilleur, lui dis-je en lui embrassant le bout du nez.

- Prétentieux, rigole-t-elle !

- Salut tous les deux, nous salue Dan quand nous apparaissons dans la cour.

- Salut. Tu peux écouter le Babyphone, lui dis-je en lui confiant l'appareil. On va marcher un peu.

- Pas de soucis, dit-il en le glissant dans sa poche. Oliv et Peter sont avec Matt et Tom. Lilou regarde un film avec Léo. Anne dort. Tout ça va me manquer. Une véritable troupe de frappa-dingues ! C'est ce que je voyais avant. Maintenant aussi d'ailleurs.

- Un très beau compliment ! commenté-je.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now