Chapitre 43.

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( Inès)

Damien me tend la main en souriant.

— Viens, je t'emmène dans mon antre.

— Même pas peur, blagué-je pour me donner une contenance.

Il ouvre une porte et me laisse entrer la première avec un léger sourire.
Je pénètre à l'intérieur, et je suis abasourdie : je ne m'attendais pas à ça. Je me trouve dans un splendide loft.
Je me retourne vers Damien, appuyé nonchalamment au mur.

— Ça te plaît ?

— Tu rigoles ! Je rêve d'avoir un jour un appart comme ça !

— Ah ouais ? Par contre, ne regarde pas trop de près, j'avais pas prévu d'avoir de la visite.

— Je regarderai pas, promis !

— Cool. Tu veux un café, un coca, une bière ?

— Une bière, s'il te plait.

— Sérieux ? Je te suis alors.

Il récupère deux bières au frigo, et après une courte hésitation,  attrape deux verres.

— Pas de verre pour moi, la bière je l'aime au goulot.

— De mieux en mieux. Je vais bientôt tomber amoureux !

— Je te le conseille pas, déclaré-je d'une voix plus sèche que je l'aurai voulu.

— Bon, enchaîne-t-il. Tu m'expliques pour ton bonhomme ?

— Je t'ai entendu tout à l'heure, et je me dois de te le dire. Il s'agit bien d'un flic.

— Tu ne lui veux pas du mal, je suppose ?

— Oh non ! Pas du tout ! Même si je ne peux pas t'expliquer, dis-je.

— Je prends le risque.  Son nom ? L'adresse ?

— Bisson Tom. 12 allée des platanes.

Il commence à pianoter sur son PC, concentré. Il est dans son élément, et je profite qu'il ne me voit pas pour le regarder en détail.

Tomber amoureux de moi ?
Pourquoi a-t- il dit ça ?
Il partirait en courant avec dégoût, s'il connaissait mon histoire. Même moi, je m'écœure. Pourtant, qu'est-ce que j'aimerais rencontrer un homme comme lui.
Avec ses yeux noisettes, ses cheveux noirs, il est très beau.

— Tu aimes ce que tu vois, j'espère ? me demande t- il en continuant de travailler.

— Quoi ? dis-je tout en rougissant comme une idiote.

— Depuis tout à l'heure, tu me mates. C'est un peu flippant mais je ne déteste pas.
Bon, j'ai des infos.

— Déjà ? Je me disais juste que tu dois avoir l'embarras du choix...côté filles.

— C'est comme ça que tu me vois ? Un putain de branleur ! Je suis vexé là, dit-il en prenant un air boudeur.

— Excuse-moi, Dam' ! Tu es mignon, drôle, gentil. Le reste me semble juste logique.

— Je reconnais que je suis diaboliquement beau, admet-il en souriant mais, drôle et gentil, pas forcément.

— Avec moi, si. Toujours.

— C'est ton mec, Marc ?

— Marc ? Non. Il m'accueille juste. Alors, ces infos ? dis-je pour changer de sujet.

— Ouais... Donc il bosse au commissariat. Flic. Commissaire Festes, ça me dit un truc ce nom... Ah c'est un homo, il est en couple avec Matt Farges écrivain.
Mais ça, je suppose que tu le savais déjà.
Alors entrons dans l'organigramme du commissariat.
Brassac Peter, officier . Ça te dit quelque chose? Inés ? demandé-je en me retournant vers elle, inquiet de son silence.

***

(Damien)

Elle s'est endormie sur le canapé. Comme elle est belle ! Son visage est plus posé, moins crispé que tout à l'heure.

Qu'est-ce que tu caches ? Pourquoi ces recherches ?
D'où tu viens ?
Jamais Marc ne m'a parlé de toi, pourtant je le connais depuis un moment.
Je retourne sur le PC et approfondis les recherches.

Certaines infos me surprennent, d'autres me semblent sans intérêt. Mais comme je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle Inès a besoin d'infos sur ce flic, je fouille.
Je sais qu'il est homo, sans ostentation, mais à priori il ne s'en cache pas non plus.
Son mec est un personnage plus secret apparemment.
Brassac est un ami et un collègue, y a plein de photos sur le compte Facebook que j'ai craqué.
Ils font partie des mecs qui ont arrêté les fumiers qui attaquaient les homos.
A mon avis, ils doivent être chez Brassac.

***
(Inès)

Je me réveille et l'espace d'un instant, je ne sais pas où je suis.
Je regarde autour de moi, le loft de Damien. J'étais fatiguée tout à l'heure, à la limite de l'épuisement. J'avais mis tellement d'énergie dans cette visite, dans l'espoir de l'apercevoir. Et encore une fois, tout avait foiré. Ils étaient partis.
Je sens un regard sur moi.

— Tu as sombré comme une masse, Chica !

— Désolée. Tu aurais dû me réveiller !

— Pourquoi j'aurais fait un truc pareil ? J'avais des recherches à faire, non ?
Et puis franchement, tu avais l'air tellement paisible dans ton sommeil.

— Je dors peu en ce moment. Tu as trouvé un truc ?

— Je pense, oui. Viens voir. Ton flic, à part son mec, a peu de relations, voire aucune. Mais il retrouve souvent son collègue Brassac. Y a pas mal de photos d'eux ensemble.

— Ils pourraient être chez lui, tu penses ?

— Cela me semble possible. Brassac a une grande baraque, et il est seul, sa femme est morte.

— Tu as trouvé ça avec le PC ?
En si peu de temps ?

— C'est mon truc, rigole-t-il pour se moquer de mon enthousiasme. Quand tu sais où chercher, c'est un jeu d'enfant. Marc te l'a dit, je suis le meilleur !

— Merci.

L'émotion me prend d'un coup, je ne contrôle plus rien. Mes larmes coulent, mes jambes tremblent.

— Inés ? Ma belle, qu'est-ce qui se passe ?

Il me prend dans ses bras. Je pleure en silence. Ce qu'il vient de découvrir me redonne un peu d'espoir.

— Tu veux me raconter ? J'aimerais  t'aider.

—Je ne peux pas, Damien, lui chuchoté-je. J'aimerais mais pour l'instant, je peux pas.

— D'accord, Chica. Quand tu seras prête. Est ce que tu veux que je t'y emmène ?

— Où ?

— Chez Brassac. Il fait nuit. Au moins tu verras si la voiture de Bisson y est. La Clio verte.

— Tu ferais ça ?

— Chica. Je veux t'aider, et je pense que tu as besoin que quelqu'un t'accompagne. Je poserai pas de question. Promis.

— Alors, oui. Merci.

— Arrête avec tes merci. Tout ça pour refaire un tour de bécane, franchement t'abuse ! dit-il en ricanant.

***
(Damien)

Après lui avoir prêté un de mes sweat à capuche noir, carrément plus discret que son bleu clair, nous avons pris la route. Heureusement, il ne pleut pas.
Je fais le plein de sensations agréables. Elle a d'elle-même, repris la position de l'aller. Serrée contre moi.
Je ne m'en lasse pas.
Je passe une première fois devant la maison, juste pour repérer. Tout a l'air calme. Je me gare plus loin.

— Inès ? Tu veux que je vienne avec toi, comme un couple. Ce sera plus facile.

—Je veux bien, répond-elle d'une voix tremblante.

Nous marchons tranquillement, sa main dans la mienne. Elle ne dit rien. En fait, je ne sais même pas si elle respire. Mais, plus nous nous approchons, plus elle serre fort ma main. Je m'arrête et je lui prends la taille.

— Chut ! Regarde dans la cour, elle est juste derrière moi, la clio. Ne tombe pas dans les vapes, s'il te plait. Accroche- toi.

Je la porte presque, puis elle se serre contre moi et je l'entends murmurer "enfin"

Petite Ellie. Where stories live. Discover now