Petite Ellie.

Chapitre 61.

Lilou ne lâche pas Inès des yeux. Elle a voulu aller voir Léo, mais celui-ci dormait. On a l'impression qu'elle ne peut plus s'arrêter de parler. Elle a dû se retrouver sur les genoux de tout le monde. Et pour chacun de nous, elle a fait des bisous. Jusque là rien de différent. Sauf que là, elle parle avec cette voix splendide de petite fille. Et du coup, nous  faisons tout pour qu'elle discute.
Et tout ça, c'est fatiguant, et depuis un moment, elle baille.
Alors, comme d'habitude, elle cherche des bras pour s'y blottir.  Son choix s'est porté sur Damien qui est béat.

Tom est avec Peter, ils discutent tous les deux, l'air sérieux et concentrés : les flics sont de retour. J'entends juste la fin de leur conversation.

— Comment comptes-tu faire ?

— Tom, laisse- moi gérer cela.

— Et risquer ta carrière ! Sûrement pas. Nous  devons réfléchir, en discuter et prendre la décision
ensemble.

— Tu m'emmerdes Tom ! s'énerve Peter. Tu...vous êtes trop impliqués dans cette histoire. Lilou a plus que jamais besoin de vous.

— Et toi, tu n'as tout simplement pas le droit de sacrifier ce que tu construits avec Anne. Pas question.

— Je n'ai pas l'intention de sacrifier quoi que ce soit et surtout pas Anne, Tom. Les seules personnes qui connaissent la vérité sur Inès sont dans cette maison. La seule chose qui relie Inès à Lilou est...

— La photo que Mariani a volé, poursuit Tom. Mais, il ne sait pas qu'Inès est vivante, ni qu'elle était là bas. Les probabilités qu'il vienne ici sont quasiment nulles.

— C'est ce que je me dis aussi. Mon seul doute est Marc. Il est très fragile et pourrait facilement craquer.

— L'affaire n'a quasiment pas été médiatisée. Et il n'y a pas d'éléments nouveaux. Ou on va faire en sorte qu'il n'y en ait pas.

— Marc va peut-être avoir envie de dire à ses parents qu'Emma est morte. Et là on serait dans la merde.

— Il faut lui en parler.

Tom approche de moi, me fait un bref sourire, et m'embrasse tendrement sur la joue. Il est inquiet et du coup, moi aussi. Donc je me lève et je leur emboîte le pas.

— Qu'est-ce que tu fais, Matt ? intervient Peter en me voyant faire.

— Je vous suis, je sens que vous allez faire une connerie !

— Circule, Matt. C'est une affaire de flic ! réplique-t-il.

— Tu sais que j'emmerde les flics, hein ? Dites-moi ce que vous avez en tête, après on verra. Cela concerne Lilou donc ça me concerne.

— On doit parler avec Marc de ses intentions.

— Je vous le laisse. Je le sens pas ce mec. Désolé.

— Un jour, il faudra que tu apprennes à réfléchir avant de parler, gamin.

— J'essaye Peter, j'essaye, commenté-je en faisant demi-tour.

(Peter)

— Marc, vous n'avez pas bougé de cette chaise, l'interpellé-je alors qu'il est prostré.

— Non, sursaute-t-il. Excusez moi, je vais rentrer chez moi, dit-il en se levant.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Vous êtes en état de choc.

—  Ma sœur et moi, on ne s'entendait pas bien, vous savez. Elle faisait plein de conneries. Pourtant quand elle a disparu, mes parents se sont effondrés. Puis ils ont baissé les bras.
Je ne l'ai pas supporté, je suis donc parti de la maison. Je reçois encore des nouvelles d'eux par ma mère.

— Tu vas leur dire ? demande Tom.

— Je ne pense pas. Mon père est un homme borné. Il a déjà jugé Emma. Cela ne changerait rien pour eux et pourrait mettre Inès dans l'embarras. Et vous aussi, d'ailleurs.

— Et pour Lilou ? Tu n'as pas envie qu'ils connaissent leur petite- fille ?

— Elle le décidera plus tard si elle veut. Pareil pour moi. Je ne suis rien pour elle.

— Juste le frère de sa mère. Elle n'a pas une énorme famille, tu sais.

— Je crois que d'après ce que j' ai vu, elle en a une et de taille. Je ne veux pas rompre le contact, mais si elle veut me parler, plus tard, je serai là.

— Merci Marc. Sincèrement.

— De rien, Tom. Elle sera heureuse avec vous. J'en suis sûr. Pouvez-vous dire à Inès que je rentre. Je n'ai pas la force pour le moment mais je ne suis pas en colère contre elle.

— Je lui dirai.

Il s'en va, les épaules basses. Phil, qui était, comme à son habitude, pas loin s'approche de nous.

— Peter, je le suis pour connaître son adresse et je mettrai quelqu'un en surveillance. Juste pour rassurer tout le monde, ok ?

— Merci. Encore quelqu'un ? questionné-je toujours surpris par ces "aides".

— Plein de mecs aident Oliv.

Et il sort.

— Bon, je crois qu'on peut lui faire confiance, non ?

— Je suis du même avis. Je vais être particulièrement vigilant. Lilou a besoin de connaître la vérité. Inès l'aidera mais Marc fait parti de son histoire.

Lilou réveillée,  elle est en train de manger avec Matt. Elle rit de bon coeur. Quand nous entrons dans la cuisine, elle descend de sa chaise, se jette au cou de Tom.

— Léo réveillé, vais le voir. dit-elle. Tu viens ?

— Oui. Bien sûr ! Va manger. Inès ? Marc vient de partir. Il avait besoin d'être un peu seul. Il va bien.

— Merci. Je vais y aller aussi. Tu peux me ramener Damien ?

— Bien sûr, tu as besoin de te reposer. Tu te sens capable de rentrer en moto, Chica ?

— Je vais la raccompagner, tu nous suis avec la moto, ça sera plus prudent. dit Oliv.

— On va chez toi ? demande-t-elle à Damien.

— Oui. Je ne te lâche plus ! dit-il tout sourire.

— Peter ? Que dois-je faire  ?

— Vous reposer tout d'abord. Rien ne sortira d'ici. J'ai donné les numéros de téléphone à Damien. Elle a besoin de vous voir et de vous sentir bien.

— D'accord.

***
(Franck)

— Lilou ? Léo t'attend. Viens, poupée, appelle Franck à la porte.

— Avec Matt et Tom.

— Si tu veux.

Je n'ai rien dit à Léo. Lilou a patienté pendant qu'il se reposait. D'être stimulé constamment le fait réagir. Mais il est fatigué. L'invention de Phil lui facilite la vie et nous permet de communiquer plus facilement.
Quand il la voit entrer son visage s'épanouit complètement. C'est à chaque fois pareil, et depuis leur première rencontre.
Elle grimpe à côté de lui, elle ne dit rien. Elle se colle à son oreille.

— Bonjour Léo

— " tu parles ?" répond l'ordi, après quelques instants.

— Oui. Tu vas bien ?

— " Très bien . Je suis heureux pour toi."

— Vais aller école, chantonne-t-elle.