Chapitre 45.

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Je me rends compte à quel point j'ai été stupide. Marc m'a parlé de sa sœur, de sa souffrance. De sa rupture totale avec ses parents.

Mais je n'ai pas compris qu'elle était morte. Il ne l'a pas formulé. Et je viens de comprendre pourquoi il a fait cela.

C'est la seule explication crédible : pour protéger celle qui lui a annoncé cette nouvelle. Celle qui a pu lui donner des informations sur sa sœur : Inès.

Alors, pourquoi et surtout de quoi la protège t- il ? Qu'est-ce qu'elle ne lui a pas dit ? Pourquoi la fille d'Emma se trouve chez Bisson ?

Toutes ces questions sans réponses vont me rendre cinglé.

- Damien ? Tu ne dis plus rien !

- Chica, je réfléchissais c'est tout. Y a des trucs que j'ai du mal à comprendre.

- J'imagine ! Tu veux que je te laisse. Je peux appeler un taxi.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu restes là, il est presque trois heures du matin. Viens, je te montre ma chambre.

- Non. Je dors sur le canapé. Toi, tu gardes ton lit.

- J'ai une proposition à te faire. On peut partager le lit. Je suis capable de dormir dans le même lit d'une jolie femme en tout bien tout honneur. Promis !

- Je n'en doute pas un seul instant. Mais je ne veux pas te gêner. Je dors peu, ça sera plus simple sur le canapé.

- Parce que tu crois que je vais pouvoir dormir après cette journée de folie ! Au moins on pourra discuter. Allez, Chica ! Accepte.

- D'accord, abdique-t-elle.

Je lui prends la main et nous montons l'escalier pour rejoindre la chambre. Elle semble aller mieux, mais je sens que ça cogite grave dans sa petite tête. Elle semble être encore en état de choc.
Elle s'assied sur le bord du lit. Les bras autour de son torse.
Je m'installe à ses côtés, en silence. Je l'enveloppe de mon bras et la serre contre moi.

- Chica ! Repose- toi sur moi, je suis là.

- Je peux pas, je ne dois pas flancher maintenant. Je dois continuer.

- Ok ma belle ! Si tu veux tenir, il faut te reposer. Reprendre des forces. Je vais rester là à tes côtés. Je suis là, si tu as besoin de moi. Aujourd'hui, demain, quand tu voudras.

- J'ai beaucoup de chance. Je voudrais m'allonger.

- Enlève ton jean et ton sweat, tu seras mieux. Je te passe un short et un tee-shirt. Je te laisse te changer.

- Merci.

Je vais éteindre les lumières et fermer la porte. Je récupère des cachets, cela pourrait l'aider à lâcher prise.
Quand je remonte dix minutes plus tard, elle est allongée, recroquevillée au bord du lit. Et elle dort. Mon Dieu qu'elle est belle ! Je vais rester là et la regarder dormir. Je la recouvre avec une couverture. Elle gémit dans son sommeil, bouge et vient se coller à moi.
Et merde !

****

(Commissariat)

Je suis dans mon bureau et je fais le point. Dans l'ensemble, cette journée s'est plutôt bien passée.
Nos meilleurs éléments spécialisés dans l'informatique sont au boulot.
Rechercher des infos sur les fréquentations et relations des cinq suspects.
Nous devons être sûrs et certains d'avoir tous les complices.
Il faut reprendre l'enquête sur l'assassinat dans la ferme et sur la raison pour l'instant inexpliquée de la présence de Lilou.
Je ne veux pas qu'elle quitte Tom et Matt, elle a fait tellement de progrès en vivant auprès d'eux. Mais, peut-être y a-t-il une personne qui la cherche. Qui espère la retrouver en vie. Je dois en être sûr.

- Je peux te déranger ? me demande Nicolas en entrant dans la pièce.

- Ouais. Je réfléchissais. Tu as repéré quelque chose ?

- Non. A part le malaise de Mariani. Tu as eu une discussion avec lui ?

- Oui. Il est gêné par rapport à son comportement avec Tom. Je lui ai dit qu'ils devaient en parler ensemble.

- Et sinon on en est où ? Toujours pas de traces de la bagnole ?

- Rien ! Comme si elle n'avait pas existé. Je te jure, si les témoins n'étaient pas Tom et Matt, j'aurais des sacrés doutes.

- Je peux re-visionner les vidéos, j'ai une idée...

- Vas-y, explique.

- Je me rappelle d'une affaire. On cherchait un véhicule depuis un moment. Les mecs l'avait chargé dans un camion.

- On peut toujours essayer ! Tu t'en charges ?

- Je vois avec qui ? Tobias ou Sanchez ?

- Qu'importe. Tu as eu Amy ?

- Ouais, tout à l'heure. Ça se passe bien, a priori.

- J'ai eu Oliv, rien à signaler.

Une fois Nicolas parti, je reprends les différents points des dossiers laissés par Festes. Rien de spécial.

- Bisson ? Je peux te parler ? demande Mariani la tête dans l'encadrement de la porte.

- Mariani ? C'est plutôt surprenant mais pourquoi pas...

- Laisse tes sarcasmes dans ton tiroir. Ce n'est pas si simple pour moi, ok ?

- Une petite revanche, Mariani. Tu me dois bien cela...

- Bien vu. Je voulais juste mettre des trucs au clair. Voilà, dit-il après avoir repris sa respiration. Tu le sais, les homos, j'aime pas. Laisse-moi finir, s'il te plaît.
Tu es un flic génial, doué, et tout le monde t'apprécie. Moi, je suis nul. Du coup, la première fois que je t'ai charrié sur ton homosexualité, j'ai attiré ton attention. Alors comme un con, j'ai continué... même après la volée de Matt. Mais je ne suis pas comme Festes, c'est ce que je voulais te dire.

- Reprends ton souffle, Mariani. J'ai compris l'essentiel. Cela n'implique pas que je passe l'éponge. Je vais essayer de me contrôler. Je te conseille vivement de trouver autre chose pour attirer mon attention !

- Merci. Y a un autre truc, et là je vais m'en prendre plein la tête, mais je vais assumer. Est-ce que tu veux bien me suivre chez Peter ?

- Tu me fais peur Mariani, mais je te suis !

Qu'est-ce qu'il veut dire à Peter ? Si ça a un rapport avec Festes, je le massacre !

- Peter ? On peut te déranger ? Mariani a un truc à dire !

- Entrez tous les deux ! dois- je enregistrer, Mariani ?

- Si tu veux, précise celui-ci très sérieusement. Je ne reviendrai pas sur ma déclaration.

- D'accord. Alors je vais enregistrer, quitte à effacer après, conclut Peter.

Officier Brassac. Déclaration de Mariani, à sa demande. Témoin Officier Bisson.
On commence.

- Je fais cette déclaration de ma propre volonté, déclare Mariani.
Cela concerne l'enquête sur le meurtre de la ferme. Dans cette enquête, j'ai été en dessous de tout. Aucune motivation, ma rancoeur envers Bisson, m'a fait faire tout et n'importe quoi. J'en suis conscient et pas fier. Je ne pense pas que mon geste ait eu un impact grave sur l'enquête.
Mais il a pu contribuer à la ralentir.

- C'est grave ce que tu racontes là, tu en es conscient, l'interrompt Peter ?

- Oui. Quand tu es venu à la ferme avec Laval. Tu sais, la fois où y avait Valmi ? On a trouvé des photos, dans la baignoire.

- Oui, je m'en souviens.

- Tu m'as demandé de les déposer au laboratoire. J'ai pas pu résister, j'en ai photographié, pour mettre sur des sites pornos amateurs. Et j'en ai volé deux.

- Bordel ! Tu es vraiment un pauvre con ! gueule Tom en le prenant par le col.

- Arrête Tom ! Il ne mérite pas que tu lui foutes sur la gueule. Stop.

- J'ai les deux autres photos, personne ne les a jamais vues à part moi.

- Montre ! hurle Peter.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now