Chapitre 66.

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— C'est ton ventre qui fait ce bruit monstrueux ? se moque Tom lové contre moi.

— Ouais. Il a besoin d'autre chose que d'amour et d'eau fraîche, faut croire.

— Tu as prévu un room- service ?

— Bien sûr ! Anne et Amy ont joué les cuisinières pour nous, précisé-je tout fier.

— Elles ne peuvent décidément rien te refuser !

— Ne crois pas ça, elles n'ont pas voulu faire le lit, m'indigné-je.

— Scandaleux, pouffe-t-il. Tu as eu une merveilleuse idée, mon cœur, notre maison me manque. Je vais en parler avec Peter demain.

— Au boulot ?

— Non, je suis en récup demain. Enfin aujourd'hui vu qu'il est plus de minuit, dit-il en regardant l'heure sur son portable. Qui veille sur Lilou ?

— Tout le monde, mais Oliv est le responsable. Viens manger.

— J'arrive, je savoure l'instant présent. J'ai envie de revenir aussi. De nous retrouver tous les trois. Mais je sais qu'il va falloir mettre des trucs en place. On ne peut pas supprimer du paysage toutes les personnes qui sont chez Peter.

— Ce n'est pas mon intention. J'ai besoin de voir et discuter avec Oliv et Nicolas. Et Lilou aussi. Mais j'ai besoin de nous retrouver.

— Moi aussi. Je pense qu'il faudrait envisager de trouver une autre maison, plus grande. Lilou va avoir besoin d'une vraie chambre.

— Oui. Pas d'un placard à balais, approuvé-je.

***
(Damien)

Nous sommes au pied de l'immeuble de Marc. J'ai emprunté la voiture à un pote. La moto n'est pas pratique pour déménager des trucs. Inès est stressée et je ne suis pas très détendu non plus.

— C'est nous, tu ouvres ? dit- elle à l'interphone.

Marc nous attend à la porte et nous fait entrer.

—J'ai l'impression que cela fait une éternité que je suis partie d'ici, remarque Inès en regardant autour d'elle.

— C'était juste il y a quelques jours.  As-tu eu des nouvelles d'Ellie ?

— Lilou, il faut l'appeler Lilou, précise-t-elle. Oui, j'ai eu Peter ce matin.

— Peter ? demande Marc cherchant visiblement à associer un visage au prénom.

— Tom était au boulot et Matt était parti emmener Lilou à une visite médicale. Elle va bien, elle parle énormément, comme si elle rattrapait le temps perdu, m'a-t-il dit !

- Tu l'apprécies ce Peter, j'ai l'impression, souligne Marc.

—Bien sûr ! Il a été extrêmement gentil avec moi. Je te rappelle que j'ai tué un homme et que Peter est un policier.

— Il ressemble plus à un monstre qu'à un homme  !

— Il n'empêche que je l'ai fait. Je ne pourrais jamais l'oublier. Comme il me faudra beaucoup de temps pour reprendre une vie normale.

— Excuse-moi. J'ai encore du mal à réaliser que j'ai une nièce. Une petite fille qui a vécu des trucs incroyables, qui a de mon sang par son hérédité et du sang de l'homme qui a tué ma petite sœur, lance-t-il amer.

— J'ai longtemps hésité avant de venir te voir pour te parler d'Emma. Cela aurait été peut être plus facile que tu ne saches rien.

— Pourquoi tu l'as fait, alors ?

— Pour te parler de ta nièce, Emma me l'avait demandée. Tu es le seul à pouvoir lui parler de sa mère.

— Je ne connais pas cette Emma, je connais une gamine de dix ans qui rigolait tout le temps. C'était un rayon de soleil.

— Et tu crois que Lilou n'aimerait pas entendre parler de cet enfant  ?

— Si. Tu vas rester dans le coin ?

—Je ne veux pas m'éloigner d'elle. Donc, je vais voir avec Tom et Matt, ce qu'ils me proposent. Et puis, Damien et moi, nous avons envie de faire un bout de chemin ensemble.

— J'en suis très heureux, sincèrement. Tu me donneras de tes nouvelles ?

— Bien sûr. Je vais bien grâce à toi, Marc.. Tu m'as ouvert ta porte. Tu as le cœur sur la main, comme Emma.

— Merci.

***
(Peter)

— Peter ? Je peux te parler ? me demande Franck.

— Bien entendu.

— Je vais être direct. Est-ce qu'il y a encore des risques ?

— Honnêtement, je ne pense pas. Je crois que nous en avions tous besoin. Pour nous rassurer.
À l'heure actuelle, je vois bien que nous avons surtout tous besoin de nous retrouver avec nos proches.

— Tu sais,  Léopold a fait d'énormes progrès depuis qu'il est ici. A être avec les autres. Mais il se fatigue plus vite. Il faut arriver à trouver un juste milieu.

— Je vais en parler ce soir. Oliv et les gars ont besoin de s'occuper. Ils ont des fourmis dans les jambes. Nicolas et Amy aussi.

— Et toi ? Tu n'as pas envie de te retrouver avec Anne.

—  Si, bien sûr, même si je redoute un peu.

— Je ne vois pas pourquoi. Elle est raide de toi. Et depuis un moment.

— Moi aussi. Mais je ne suis pas sûr, au quotidien. Je vis comme un vieux gars, depuis très longtemps maintenant. Est-ce qu'elle va me supporter ?

— Elle le sait. Et puis, elle aussi,  elle a un passé.

— Oui. J'ai envie de construire une famille, je découvre les petits autour de nous et j'ai envie. Je ne lui en ai pas parlé encore.

— Prends le temps, Peter. Découvrez-vous.

— Et toi ? Tu ne crois pas qu'il serait temps de voir quelqu'un ?

— Je vois des femmes de temps en temps. Ma vie avec Léo n'attire pas vraiment, tu sais.

— Ouais. Tu peux jeter un œil sur Lilou, je vais discuter avec Oliv.

— Je vais voir, elle est devant la télé.

— Salut les gars, ça va ? demandé-je en pénétrant dans leur pièce.

— Salut Peter. Un souci ?

— Non. Vous avez vu Oliv ?

— Devant. Il fume.

— J' y vais. Merci Phil.

— Tu devrais ralentir sur la clope, Oliv ! lui fais-je remarquer gentiment.

— Je sais. Tu as vu les gars ?

— J'en viens, ils n'en peuvent plus. C'est ton cas aussi ?

— Ça se voit tant que ça ! Il nous manque de l'action. Putain ! On va avoir du mal, mais je les tiens plus. Ils vous adorent tous, mais ...

— C'est bon. Nous aussi, ça devient trop dur, on va finir par se gueuler dessus. On va en parler ce soir et organiser les trucs. Tu en parles aux gars de ton côté ?

— Compte sur moi. On se reverra ?

— C'est une évidence.  Ton sale caractère me manquerait trop, le nargué-je .

— Et moi, ta mauvaise humeur ? Anne a du mérite, réplique-t-il immédiatement tout sourire.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now