Chapitre 21.

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(Anne )

Je m'arrête à la station service faire le plein de ma moto. Pas moyen de réfléchir sereinement.
Qu'est-ce qui m'a pris ? Je ne suis pas comme cela habituellement, plutôt sur la réserve.
Les femmes qui travaillent dans des milieux masculins doivent constamment prouver quelque chose. Elles doivent être fortes et pas faciles. Pourtant les mêmes hommes n'hésitent pas à nous reprocher  notre force et nos refus ! Un paradoxe ! Aussi ai-je pris l'habitude au fil des années d'accepter des plaisanteries et des moqueries. Plusieurs fois il m'a fallu, en tête à tête, expliquer à certains de mes collègues que leur comportement n'était pas à mon goût. Une fois, Nicolas l'a même signifié plus clairement à un de ceux-ci, un peu moins malin.
Cela avait même provoqué une dispute entre nous. Il m'a fallu admettre que son côté protecteur était un atout.  J'ai mis ma fierté dans ma poche et je suis allée m'excuser. Et depuis, Nicolas est là. Je sais qu'il veille et il sait que je le sais !

Ce qui ne change rien au fait que Peter me trouble. Cela a été le cas dès notre rencontre fracassante sur le parking.
Et pour l'instant, rien n'a démenti cette première impression. Tout à l'heure, dans la cuisine, j'ai su qu'il me regardait bien avant qu'il ne tousse pour m'indiquer sa présence ! A-t-il compris que s'il m'avait prise par la taille à ce moment là, je l'aurais laissé faire ? Est-ce dans ses habitudes ?
Quelque chose en lui me dit que non. Il semble tellement sûr de lui et fragile à la fois.

Comment réagir tout à l'heure devant ses hommes ?

Ne devrais-je pas mieux renoncer ?

Je décide de me laisser un peu de temps, comme a dit Peter.

Je réserve une chambre pour huit jours au Campanile de la ville, fais quelques courses rapides que je dépose à l'hôtel. Il est huit heures, je dois aller au commissariat.

Sa voiture n'est pas là et comme une gamine, l'envie me prend de me garer à sa place. Avant de la repérer, garée à la place de Bisson. L'a-t-il fait exprès ? C'est fort probable...
Je descends de la moto, au moment où Nicolas arrive.

- Salut, Beauté, dit-il en me serrant dans ses bras. Ça va ? A voir ta tête, la nuit a été courte !

- Tu me connais, je dors mal hors de chez moi.

- Oui, oui ! Et puis ce n'est pas tous les jours que tu dors chez un Peter, conclut-il avec un clin d'oeil appuyé.

- Pourquoi dis-tu cela ?râlé-je ce qui le fait encore plus sourire.

- Parce qu'il te trouble et que je le sais. La preuve, tu viens de rougir, se moque-t-il.

- Ça se voit tant que ça ? chuchoté-je en regardant autour de nous.

- T'inquiète pas, je le remarque parce que je te connais trop bien. Par contre, vu le gabarit du gars, ne compte pas sur moi pour intervenir !

- Quoi ? Tout se résume à la taille ? Je suis déçue, Nicolas, terriblement déçue !

Et nous rentrons tous les deux dans le commissariat en rigolant.

A l'accueil, on nous indique où retrouver Peter. Celui-ci apparaît d'ailleurs comme par enchantement. Un regard vers Nicolas qui range son portable dans sa poche en souriant, m'explique la raison de son arrivée. Je lui donne une tape sur le bras et je rigole.

Peter nous accompagne vers l'aquarium où Laval est déjà installé. Ils ont positionné  les tableaux remplis hier. Comme si de rien était...

- Bon. Nous avons imprimé les photos et on va les envoyer dans tous les services. Avec un peu de chance, un collègue en aura déjà vu une, explique Peter, entrant direct dans le sujet.

Petite Ellie. Where stories live. Discover now