Chapitre 1

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Assis à son bureau, Matt jette un œil sur l'heure, et soupire. Il est bientôt quatorze heures. Qu'est-ce qu'il aimerait que Tom rentre tôt ce soir !

Il sourit de ses propres pensées. Où a disparu  l'homme solitaire qui ne supportait la compagnie de personne ?

La sonnerie de son portable interrompt son peu de concentration.

— Je rentre. Je suis là dans une demi-heure.

— Géant ! Et tu repars quand ?  râlé-je sans pouvoir me contrôler.

— Arrête de grogner ! réplique Tom en se marrant avant de raccrocher.

Qu'est-ce qu'il m'énerve quand il fait cela ! Je ne peux m'empêcher de  sourire car je sais pertinemment que je n'en pense pas un mot.
Je n'ai toujours pas compris pourquoi il m'aime.

Nous sommes tellement différents lui et moi. Physiquement déjà : Tom mesure un bon mètre quatre-vingt, avec un teint légèrement halé, yeux foncés hypnotisants, des cheveux châtains.  Très sportif, il est relativement musclé. Comme si cela ne suffisait pas, ce mec dispose en plus d'un caractère aimable et d'un sourire extraordinaire.

Un sacré portrait, hein ? Et il m'aime moi qui suis son parfait opposé. Je déteste le sport, je ne suis pas  à l'aise avec les gens. Bon, vu mon look de bad boy, avec mes cheveux bruns broussailleux, mes piercings et mes tatouages associés à un visage volontairement fermé,  les gens ont suffisamment de bon sens pour m'éviter.

J'entends sa voiture. Le bruit de la porte d'entrée, le tiroir de la commode, le bruit de son arme de service qu'il range. Tous ces petits gestes ritualisés à cause de son métier de policier.

  Mon bureau est dos à la porte, Tom approche,  fait tourner mon fauteuil, me sourit, et me plante un baiser sur la bouche.

— Salut, toi ! Ton histoire n'avance pas ou tu es juste grincheux ? m'interroge-t-il, inquiet de mon humeur.

— Mon histoire n'avance pas,  soupiré-je. J'en ai marre de rester comme un con depuis trois jours !

— Matt, s'il te plait... Il fait beau dehors, je me disais, on pourrait aller se balader, prendre l'air... sortir de la maison... tous les deux, qu'en penses-tu ?  me demande-t-il toujours penché sur moi.

— J'en dis que la proposition est alléchante. Mais ne crois pas un seul instant que je vais monter sur un vélo pour autant !

— Ok, pas de vélo ! se moque-t-il. Embrasse-moi.

Et évidemment, je lui obéis.

— On va où ? Faire le tour du lac ? demandé-je.

— J'ai vu un coin sympa l'autre jour, un truc à vendre. On va jeter un œil ? suggère-t-il, un léger sourire au coin des lèvres.

— Un truc à acheter ?  C'est peut-être un peu prématuré non ? Je te rappelle que nous vivons  ensemble que depuis quelques mois seulement.

— D'accord, me coupe-t-il. Va pour le lac, monsieur grognon !

— Arrête ! Je déteste quand tu m'appelles comme ça ! dis-je en lui jetant mon regard désagréable.

— Alors, cesse de grogner ! me répond-il même pas impressionné. Au fait, j'ai oublié de te dire, je suis en repos... jusqu'à lundi ! Demain grasse matinée, me précise-t-il avec un clin d'oeil très suggestif.

Pour la première fois depuis plus d'un an, je n'arrive pas à sortir un mot qui me plaise. Pas d'inspiration, rien ne vient et ça me rend marteau.

J'ai lâché mon boulot dans l'édition pour écrire, et  profiter de Tom.

Un flic n'a pas franchement des horaires réguliers  surtout Tom qui se donne toujours à fond sur chacune de ses enquêtes. J'en avais ras-le-bol de le voir débarquer chez moi, épuisé. À cette époque-là, je vivais à une demi-heure de son boulot, cela devenait impossible.

Pour couronner le tout, j'occupais un appartement petit, sombre et très mal rangé, ce qui n'arrangeait rien. Le sien, plus spacieux, plus lumineux me convient mieux. Ici je me sens bien.

— Matt ? Eh oh ? A quoi penses-tu ?

— Excuse-moi ! Ça me stresse de ne pas réussir à écrire une ligne ! Mon éditeur commence sérieusement à me faire suer ! Il m'appelle tous les jours pour savoir où j'en suis !

— Dis-lui la vérité, Matt ! Si lui ne le comprend pas, je vois pas qui peut le faire.

Il a raison, je le sais, mais je suis quelqu'un de très buté parfois ! Nous marchons tranquille sur une petite route de campagne quand une bagnole débouche d'un chemin à toute vitesse et nous frôle.

— C'était quoi ça ? Quel connard ! Tu as eu le temps de voir sa plaque ?

Petite Ellie. Where stories live. Discover now