• Ch.23 - La Seringue •

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— Est-ce que... est-ce que tu en as parlé avec lui? hésitai-je.

J'étais assez confuse en réalité. Tout d'abord, car Newt était mon frère et c'était assez absurde de donner des conseils à une personne par rapport à lui alors que lui-même aurait plutôt passer un savon à la personne — c'était son rôle de frère selon lui. Ensuite, car je ne savais pas vraiment quoi lui dire. Il y avait eu Minho mais je ne m'étais jamais réellement rendue compte de mes sentiments pour lui jusqu'au baiser.

— Tu rigoles? J'aurai eu trop peur qu'il m'annonce qu'il n'aime pas les garçons et que les autres soient au courant. On était dans un bloc entier de garçons, il doit y en avoir un paquet qui se seraient fait des fausses idées sur moi.

— Il ne faut pas dramatiser comme ça. Regarde, j'ai tué quelqu'un et ma vie a pourtant continué.

— Arrête sérieusement Emilie. Ne ramène pas toujours tout à toi. C'est de moi qu'on parle, pas de toi, ok?

Il m'avait jeté un regard à la dérobée afin de surveiller ma réaction. J'avais eu un coup au coeur. Je serrai les dents pour retenir mes larmes qui menaçaient de couler et mon souffle était court. C'était une manie monstre chez moi de toujours parler de ma personne pour parler des autres. Comme si j'étais l'exemple même de l'expérience humaine sous toutes ses coutures. Comme si j'étais un modèle vivant. C'était égocentrique et stupide.

— J-je suis désolé, balbutia Thomas. Je ne voulais pas te blesser, c'est juste que...

— Ça va, ne t'en fais pas. Tu as raison. Je parle trop de moi alors que je ne devrais pas. Il faut... il faut que je réfléchisse avant de parler, c'est tout. Je suis désolée. Je suis vraiment nulle.

— Mais non, il faut pas dire ça! Il y a juste des domaines où tu es moins forte que dans d'autres. Tu es très expérimentée dans le combat au corps à corps et moins dans le fait de converser.

— Je sais pas vraiment comment je dois le prendre mais merci, lâchai-je, sarcastiquement.

— Ça prouve que tu es humaine.

— Parfois, j'en doute, grimaçai-je en me frottant machinalement la nuque.

On continua à progresser, avec lassitude. Nos pieds foulaient à présent du sable qui s'étendait à des kilomètres à la ronde. Le soleil était brûlant et semblait vouloir nous consumer à chaque instant. Je n'avais plus de drap pour me couvrir la tête et je devais donc me résoudre à utiliser ma main en guise de protection.

Les blocards devant nous firent soudain une halte et, comme je fixai le sol, je rentrai de plein fouet dans le garçon devant moi.

— Tu es aveugle ou quoi? On s'est arrêtés, je te ferai dire!

— Calme-toi, je n'avais simplement pas vu. Tu n'es pas tombé de toute manière.

Il leva les yeux au ciel et je ne lui portai pas plus d'attention. Je rejoignis la tête du groupe, Thomas sur les talons. Si nous nous étions stoppés aussi brusquement, c'était pour une raison inattendue.

Je vins me placer à côté de Caleb qui regarda quelque chose au loin.

— Eh, pourquoi tu t'es arrêté comme ça? Qu'est-ce qu'il y a?

Il me montra d'un geste vague de la main une forme au loin.

— Il y a quelqu'un là-bas. Étendu sur le sable. Je sais pas si c'est un fondu ou l'un des nôtres.

— C'est peut-être un piège, tu y as pensé? D'ailleurs, c'en est sûrement un. Repartons, on doit arriver en ville le plus rapidement possible.

Phases [TMR Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant