• Ch.15 - Le Tireur •

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– Il faut qu'on se mette en route dès maintenant, annonça Beth.

– Caleb n'a même pas eu le temps de se reposer, fis-je remarquer.

– Il en a eu l'occasion et il ne l'a pas fait, c'est de sa faute. Allez, debout.

Je me relevai sur mes jambes qui tremblèrent sous l'effort tant elles étaient courbaturées et engourdies. Cela faisait des semaines que je n'avais pas user de leurs capacités et elles étaient en quelque sorte redevenues faibles.

J'attrapai mon sac, vérifiai son contenu puis glissai mes bras dans chacune des bretelles, Beth m'imita. Caleb, lui, n'avait pas de sac, comme il sortait tout droit de WICKED et qu'il avait le statut de prisonnier en cavale.

J'espérais que nous ne nous ferons pas trop repérer en sa présence étant donné qu'il était recherché. Nous étions en mission toutes les deux, nous n'étions pas en danger – du moins face à WICKED – mais mieux valait ne pas attiser leur colère.

La brune fut la première à sortir de la petite maison et à affronter le soleil brûlant émergeant de son sommeil. C'était un soleil plus chaud que celui du bloc mais c'était la première fois depuis que je l'avais quitté que je revoyais cet événement naturel. Je fus submergée par une vague de nostalgie. Je me revoyais partir au soleil levant dans le labyrinthe, ou le matin de mes jours de repos, allongée dans l'herbe, le soleil embrassant ma peau.

– Si on part maintenant, on peut parvenir à parcourir une trentaine de kilomètres voire plus. On croisera peut-être même les filles au passage, nous rassura Beth, en tête de file.

Je hochai la tête pour approuver ses propos mais elle ne put le voir étant donné qu'elle se trouvait de dos. Elle nous dirigeait à travers les dunes de sable pendant que Caleb et moi traînions du pied à l'arrière. Je voulais engager la conversation, lui poser des questions sur sa conversation avec Beth ou sur nous deux mais je n'osais pas; ma maladresse m'aurait joué des mauvais tours.

– Je t'ai connue plus bavarde.

Je tournai du mieux que je pus la tête vers mon compagnon de route. Un morceau de drap cachait partiellement son visage ne me permettant pas de retracer des yeux les courbes de ses traits. Je restai prostrée quelques instants, ne sachant comment enchaîner.

– Je vais pas te manger, tu sais.

– Je le sais.

Pas une once d'ironie ne perçait ma voix. J'avais compris ce qu'il disait mais ma réponse sonnait beaucoup plus froide et provocante qu'amusée. C'était affligeant, je détestais ça.

– Excuse-moi, je voulais pas te froisser ou quoi que ce soit... s'excusa-t-il en baissant la voix.

– Non c'est moi. Je suis juste un peu fatiguée d'hier.

C'était l'excuse du siècle. Allait-il vraiment accepter ma pathétique justification ou allait-il creuser plus loin?

– Parle-moi, Emilie. Depuis que je me souviens de toi, je n'avais qu'une hâte: je voulais te revoir.

– T'as dû être un peu déçu par la marchandise...

– Ne dis pas de bêtises. Au contraire, tu es plus belle encore que dans mon souvenir. À l'occasion, je voudrais aussi vérifier si tu es toujours pourrie en combat, me taquina-t-il.

Je lui adressai un petit coup de poing dans l'épaule droite en lâchant un léger rire.

– Tu vas regretter ce que tu viens de dire, ignorant. Je suis beaucoup plus forte que toi!

– C'est ce qu'on verra.

Je lui tirai la langue, espiègle, et il ria à son tour. C'était bon de nous voir ainsi, le sourire aux lèvres, libérés de toute onde négative durant quelques instants.

Phases [TMR Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant