• Ch.20 - Le Combat •

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Le premier homme ayant pris la parole, éclata d'un rire gras, presque malade. Il semblait fiévreux. Et imprévisible. Il se tourna pour faire face au garçon derrière lui, un blocard à l'allure robuste bien que le visage miroitant de sueur et des yeux traduisant un affaiblissement sûrement dû à un manque d'alimentation et de sommeil. Ce dernier reserra sa prise sur son pistolet et le leva doucement, pour pointer le canon entre les deux yeux de l'homme. Celui-ci se remit à rire, en le regardant avec un air malsain.

— Une bande de gamins. C'est qu'une foutue bande de gamins! Vous avez vu ça vous autres?

Les autres hommes se mirent à rire à leur tour. Je n'aimais pas le fait qu'ils soient si sûrs d'eux. Ça allait forcément mal tourner, ça ne pouvait pas se passer autrement. Une balle était vite partie, sous le coup de la peur. Et qui sait ce qui arriverait ensuite? Les hommes pouvaient parvenir à nous dépasser malgré les armes en prenant l'un de nous en otage. J'avais peur que le blocard n'appuit sur la détente et Thomas était du même avis que moi, étant donné les regards inquiets qu'il lançait à intermittences régulières vers lui.

— Vous pensez nous faire peur avec vos petits pistolets?

— Ils sont chargés, le mit en garde le garçon en face de lui en retirant la sécurité de son arme.

— À quoi ça te servirait de tirer sur un mec condamné, garçon? lui murmura-t-il en de penchant vers lui, de sorte à ce que l'arme se retrouve collée à son front.

Une pression et le coup partait, assourdissant et fatal. Une pression et c'était un affrontement assuré. J'espérais que le garçon saura se contenir assez pour ne pas craquer.

— Tu ne tirerais même pas, susurra l'homme.

En voyant les traits du garçon se durcirent et une lueur de colère passer dans ses yeux, j'intervins, en hésitant un peu sur mes mots:

— Si vous êtes condamnés, à q-quoi on vous servirait exactement? On ne vous est d'aucune aide.

L'homme pivota vers moi et fit deux pas en avant. Tous les blocards se crispèrent, prêts à dégainer.

— C'est bon, je vais pas la toucher votre poupée. Pas assez blonde pour moi, ricana l'homme.

Je grimaçai, me retenant de lui sauter dessus. Il n'avait pas à me juger sur quoi que ce soit, ni aucune autre femme d'ailleurs.

— Vous êtes dégoûtant, lâchai-je.

— Pardon?

— Vous avez très bien entendu.

Il s'avança de deux pas à nouveau. Il n'était plus qu'à deux mètres de moi à présent. Je sentais mon coeur battre à une allure anormale, à tel point qu'il donnait l'impression qu'il allait déchirer ma peau et s'enfuir dans l'obscurité de la nuit.

— Tu sais quoi? Tu me plais en fait. T'as du répondant et t'es plutôt mignonne sur la forme. Je pourrais faire une exception pour toi, mais je crois que ça rendrait jaloux mes amis, si tu vois ce que je veux dire.

J'avalai avec difficulté ma salive. Je sentais leurs regards carnassiers sur mon corps, plus prononcés, plus insistants. Jamais je n'avais eu affaire à pareil comportement et jamais je ne l'aurait cru. Avec les blocards, je me sentais rassurée, à part vis-à-vis de certains garçons trop voyeurs. En général, ils avaient toujours été respectueux ou n'avaient, du moins, jamais formulé leurs pensées à voix hautes.

J'avais l'impression d'être une proie, d'être plus vulnérable que je ne l'avais jamais été. Que répondre à ça? Je souhaitais juste m'enfoncer sous terre, disparaître et ne plus jamais avoir à croiser leurs chemins.

Phases [TMR Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant