Ysaïne (Chapitre 188)

Începe de la început
                                    

Les deux adultes paraissent alors se figer dans une attitude stupéfaite. Moi même je sursaute, consciente d'avoir dit une bêtise. Papa me répète tout le temps que c'est un secret... Les larmes me montent aux yeux et je n'arrive pas à retenir un léger hoquet.

L'homme s'approche de moi et me saisit violemment le bras.

-Des cheveux bleus ! Astrala, si tu es tombée par hasard sur la gamine que je cherche je...

Il plonge alors ses yeux cruels dans les miens et demande :

-On te les teint ?

-D... Deux fois par semaine. Maman dit que c'est important.

Alors l'homme me lâche et éclate d'un grand rire qui me fait reculer de terreur.

La sorcière -celle qu'il a appelé Astrala- s'avance alors et murmure :

-Ce n'est peut être pas la bonne enfant...

-Mais regarde-là ! Comment n'ai-je pas pu remarquer ? Elle ressemble à la reine comme deux gouttes d'eau !

Quelque chose en moi comprend alors que cet homme est mauvais. Que je ne peux espérer aucun secours ou véritable explication de sa part. Je lance un coup d'œil apeuré à Astrala et celle-ci paraît alors s'immobiliser.

Elle répond à l'homme d'une voix un peu dure :

-Tu vas la vendre au plus offrant ?

-Tttt... Pourquoi tant de publicité ? Sa mère n'a assurément pas les moyens de payer. Mais la reine Edilyn...

-Papa et Maman vont venir me chercher !...

Aucun des deux ne me prête attention. Je resserre mes mains sur mon doudou pour tenter de cacher les larmes qui me montent de nouveau aux yeux.

Maintenant, les deux adultes semblent se défier des yeux. Astrala rétorque avec une autorité tranquille :

-Nous pourrions faire un autre usage de l'enfant.

L'homme s'avance vers moi et m'enlève dans ses bras forts. Je tente de me débattre mais me contente de le rouer de petits coup de pieds qui ne font que l'énerver.

-Tiens toi tranquille la gamine... Quand à toi, Astrala, je ne vois vraiment pas pourquoi je m'embêterait alors que j'ai un petit tas d'or dans les bras...

La vieille croise les bras sur sa poitrine. D'une voix parfaitement calme et toujours assurée, elle répond :

-Nos affaires ne sont pas honnêtes. Un jour, nous nous ferons prendre. Cette gamine, comme tu dis, c'est la meilleure des monnaies d'échange. Si nous la gardons, le jour venu, nous pourrons la donner contre avantages à n'importe lequel des deux clans... Quelle que soit leur politique. Contentons nous de répandre discrètement la rumeur du fait qu'elle soit encore en vie...

L'homme me repose à terre. Je m'éloigne précipitamment, tombe sur le parquet, ce qui le fait rire de nouveau méchamment, avant de me relever et de courir me cacher comme je peux derrière une table.

-Astrala, tu commences à m'énerver... Mais je suis sensible à tes arguments. Je n'ai aucune envie, si un jour je venais à être capturé, de finir la peau trouée d'une balle. Garde donc la gamine précieusement... Ce sera notre petit secret. Mais qu'elle ne t'échappe pas surtout. Et ne t'amuse pas à me jouer de mauvais tours.

Il me lance un coup d'œil mauvais avant de tourner les talons et de quitter la pièce. Pendant de longues minutes, la main droite toujours serrée autour de mon doudou, je ne bouge pas de derrière ma table.

La vieille dame s'approche alors à petit pas de moi et je me recroqueville, souhaitant presque disparaître de sa vue mais sans pour autant fuir.

Elle s'agenouille devant moi et demande avec un sourire amusé :

-Tu sais ce que c'est qu'un voleur ? Un tueur sur gage ?

Les mots sonnent dans mon esprit, sans que je comprenne vraiment. Mais une image de Papa me revient. Il était en colère, parce que son aéronef avait disparu. C'était ça. Un voleur.

-Ça veut dire des bons à rien.

La vieille dame se relève alors, hausse la tête vers le ciel, et se met à rire. Et encore à rire. Mais elle me fait peur comme ça.

Alors, elle me saisit par la main avant de susurrer à mon oreille :

-Eh bien, j'ai hâte de voir ce que cela donne, une princesse royale éduquée pour devenir la meilleure dans notre... respectable profession.

Et elle éclate de nouveau de rire tandis que je me rappelle une phrase de Maman. J'ai l'impression d'être serrée dans un terrible étau qui refermerait ses pinces sur moi...

Intemporel T3 & 4Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum