Savage love

Chapitre 37 - Andrew

21 novembre

          Je me tiens là, les bras croisés, regardant les vagues se briser contre les rochers de Tonnara di Scopello. L'air salé est apaisant, mais l'agacement me pique à chaque fois que je repense à Scarlett. Elle dit être venue en Sicile pour se reposer et qu'elle n'imaginait pas m'y croiser. Je n'en crois pas un mot.

« — Je suis désolée Andrew, s'excuse ma sœur. L'information m'a échappé. J'en discutais avec mon assistant et Scarlett se trouvait dans les parages. Elle doit vraiment être folle de toi pour te suivre à la trace.

— Son petit jeu doit cesser. Sa présence met Juliette mal à l'aise.

— Andrew... soupire ma sœur. Si tu n'avais pas agi comme tu l'as fait, tu ne craindrais pas que Scarlett...

Comprenant à quoi fait référence Maureen, je l'interromps.

— Ma vie privée ne regarde que moi.

— Je suis d'accord. Mais tu t'es mis dans de beaux draps. Imagine que ce qui est arrivé au gala de Dublin soit dévoilé à Juliette ? Imagine que tes cachotteries pour aider notre désespéré et désespérant cousin parviennent jusqu'aux oreilles des médias et de la fédération de rugby ! Non seulement ta vie privée en pâtira mais ta carrière professionnelle risque...

— ... Merci beaucoup pour ton soutien, Maureen, lâché-je amer.

— Andrew, se radoucit ma sœur. Tu sais bien que je serai toujours de ton côté. Quoiqu'il advienne je te soutiendrai... Tu veux que je rapplique pour botter le derrière de Scarlett ?

— Je vais gérer ou tout du moins essayer de gérer.

— OK. Je suis vraiment désolée. Je lui en toucherai deux mots à son retour. Je te le promets. »

La conversation avec ma sœur terminée, je rejoins Juliette dans le hall de l'hôtel. Elle finit d'entourer sur une carte les lieux qu'elle souhaite visiter pendant notre séjour. Je lui souris sans parvenir à oublier Scarlett dont la présence me fait craindre le pire.

J'ai merdé... et l'avocate pourrait faire basculer ma vie entière.

— Vous à nouveau ! s'exclame Scarlett en retirant la paire de lunettes de soleil sur son nez.

Je peine à cacher l'agacement que me procure la jeune femme et je pivote vers Juliette qui se contente de l'observer l'air neutre. Elle semble remarquer mon regard et esquisse un sourire forcé, celui qu'elle utilise quand elle ne veut pas que je m'inquiète. Je me rapproche d'elle, passant un bras autour de ses épaules.

L'expression de Scarlett se durcit. Cependant, elle fait bonne figure, car nous ne sommes pas seuls. Il y a la réceptionniste ainsi que des clients à proximité.

— Vous partez en voyage ensemble. Je vois que ça devient sérieux entre vous deux, lâche Scarlett en fronçant les sourcils avant de nous servir son sourire le plus hypocrite. Je sors profiter de ce beau temps pour aller me détendre sur la plage. Ensuite, j'irai faire des emplettes. J'aimerais m'acheter une ou deux robes à l'occasion d'un bal donné à Paris en décembre. Un bal où seule l'élite est invitée ! dit-elle en considérant Juliette de la tête aux pieds sans cacher son mépris. Êtes-vous déjà allée à Paris, Juliette ?

Je m'apprête à intervenir mais Juliette lui répond.

— Quelques fois.

— Je suis ravie que l'on ait démocratisé les offres de vols low-cost pour que chaque personne, même pauvre, puisse voyager... à moins que cette personne ne trouve un pigeon qui prenne le séjour à ses frais... assène Scarlett en gloussant.