Chapitre 21

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         Le soleil décline doucement à l'horizon lorsque je termine l'installation de la décoration chez Esther qui évolue dans une maison au style rococo. Elle correspond complètement avec sa personnalité haute en couleur. Sa propriété se révèle dans une opulence théâtrale. Les façades sont richement ornées de sculptures florales et de motifs délicats. Les lignes sinueuses et gracieuses, typiques du rococo, encadrent les fenêtres élaborées, tandis que des balustrades incurvées ajoutent une touche d'extravagance aux balcons. Les teintes pastel, telles que le rose poudré et le bleu ciel, dominent la palette de couleurs. À l'intérieur, des boiseries détaillées, des lustres étincelants et des miroirs dorés accentuent l'esthétique baroque. Le mobilier, aux formes exubérantes, complète l'ensemble qui attrape immédiatement l'œil. Ici, tout n'est qu'opulence et sophistication.

— Qu'en pensez-vous ?

Esther, une vieille dame au sourire éternel, contemple mon travail de ses grands yeux qui pétillent de satisfaction. Remontant ses grosses lunettes orange sur son nez, elle se lève lentement de son fauteuil favori et s'approche de moi en me prenant doucement les mains.

— Juliette, ma chère, c'est tout simplement magnifique ! Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi parfait. Vous avez vraiment un don pour rendre les choses spéciales. Mes amies vont être jalouses !...

Elle me tire par le bras pour me faire signe de m'abaisser.

— ... Et c'est le but recherché, glousse-t-elle en tripotant les nombreuses chaînes en or qui ornent son cou frêle.

Son éloge me remplit de fierté.

— Vous êtes adorable. Merci beaucoup.

— Tout ce travail est aussi splendide que vous, ma petite beauté. On doit souvent vous dire que vous êtes belle, mon bichon.

Je souris en repensant aux paroles d'Andrew qui m'a avoué hier qu'Estelle ne voit pas grand-chose même avec ses lunettes aux verres très épais qui lui font de gros yeux.

La cliente insiste pour me payer davantage que prévu. Je refuse poliment. Sa satisfaction est ma plus grande récompense.

— Allez, ma biche ! Un petit billet en plus ! s'exclame-t-elle tandis que sa gouvernante en tablier lui demande de se rasseoir pour prendre ses médicaments.

Esther n'en fait qu'à sa tête et enroule son bras autour du mien.

— Je vous promets de recommander les services de May's Flowers à toutes mes amies du club de potins.

— Du club de potins ? répété-je en échangeant un sourire complice avec son employée.

— Vous pensez bien qu'à nos âges, nous raconter des ragots est l'une des rares activités distrayantes qui ne nous épuisent pas. Quoique... Janine Berckley, une vieille copine, a failli s'étouffer avec sa salive quand je lui ai confié, lors de notre déjeuner, que la fille St Jones était venue nue sous son trench pour émoustiller le petit Thompson. C'est arrivé tôt ce matin.

La mâchoire m'en tombe presque. Cette révélation attise ma curiosité. J'essaie de rester stoïque.

— Vraiment ?

— Les gens me croient folle et aveugle... ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent, ricane Esther en m'emmenant du côté des fenêtres. J'étais assise dans le salon des Thompson, je prenais le thé avec Nine quand Andrew s'est proposé de me raccompagner. Alors que nous étions dans son hall, quelqu'un a sonné. Il a ouvert la porte et c'est là que St Jones a déboutonné son manteau. J'étais derrière la porte, je me suis penchée et j'ai vu ses deux petits monts et son pubis tondu. Même Lenny a plus de poils que St Jones, se marre Esther en montrant son chat, un Sphynx.

Savage loveWhere stories live. Discover now