Chapitre 13

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12 octobre

       Au loin, le firmament se pare d'une couleur rosée lorsque je rejoins Andrew devant la maison familiale. Sa silhouette se détache du 4x4 contre lequel il est appuyé. Un sourire chaleureux se dessine sur son visage en m'apercevant. Les émotions positives m'envahissent à sa simple vue et je me sens instantanément à l'aise à ses côtés.

— Salut, Juliette, dit-il en ouvrant la portière côté passager.

— Bonjour, Andrew, réponds-je avec un enthousiasme sincère en prenant place dans le véhicule. Il y fait bon, mais la véritable chaleur émane de la présence de l'Apollon qui s'installe à mes côtés, derrière le volant.

— Tu n'as pas de chauffeur ? Toi, la star de rugby ?

Il ricane en s'enfonçant dans son siège.

— Non ! Je n'en ai pas besoin. Je peux appuyer sur les pédales, seul. Comme un grand !

— Ne me dis pas que Lancôme ne t'a pas proposé de te conduire sur le lieu de la séance photo, le taquiné-je en attachant ma ceinture avant qu'il ne démarre. C'est votre première collaboration et ils ne sortent pas le grand jeu ?

— Madame est bien renseignée ! Par hasard, tu as pu te rincer l'œil sur ma collaboration avec Calvin Klein ?

— Tu portes le boxer comme personne, assuré-je en rougissant stupéfaite par ma spontanéité.

Andrew me lance son regard le plus charmeur. Il me scotche à mon siège tant il est captivant.

— Ce que tu as vu t'a plu ? demande-t-il en jouant des sourcils.

Je glousse en tournant la tête en direction de la fenêtre.

— Je ne suis pas pudique. Je pourrais défiler spécialement pour toi, renchérit-t-il en m'épiant du coin de l'œil pour ne rien rater de ma réaction.

— J'aurais droit à cet honneur ? m'informé-je sans me démonter.

— Et à tellement plus si tu le souhaites, annonce-t-il en esquissant un sourire en coin.

Nous sommes bien loin des comportements sérieux que nous avons adoptés la nuit dernière.

Elle a été une bouffée d'air frais. Andrew a écouté attentivement mon récit sur le drame qui s'est déroulé devant chez moi. En me confiant à lui, j'ai eu la sensation qu'une partie de mon fardeau s'était dissipée. Andrew a fait office de confident. Je m'étonne moi-même de cela. Mais ce n'est pas déplaisant, au contraire. J'apprécie la tournure que prend notre relation bien que ses contours soient troubles. Passer du temps avec cet homme est comme un grand bol d'air frais. C'est revigorant.

Le trajet vers le Ring of Kerry dure environ une heure trente. Il est joyeux, ponctué par des éclats de rire et des discussions légères. Les paysages défilent, mais mon attention est surtout focalisée sur Andrew dont le profil droit n'a plus aucun secret pour moi. Rien n'a échappé à mon œil de lynx allant de la fine cicatrice devant son oreille à la constellation de grains de beauté au coin externe de sa mâchoire.

Aux alentours de dix heures, nous arrivons à destination.

Sortant de la voiture, je prends une grande claque. Andrew, qui partage mon émerveillement, se satisfait de ma réaction.

— L'air pur ! Le vrai, l'unique ! s'exclame-t-il. C'est ici que je viens quand j'ai besoin de souffler.

La Black Valley s'étire majestueusement à l'horizon, formant un amphithéâtre naturel de pics effilés et de vallées. Les sommets, drapés semblent toucher le ciel. Les versants escarpés dévoilent des falaises abruptes cernant de vastes lacs. On dirait un décor du bout du monde ! Le jeu de lumière d'un soleil timide accentue les nuances des collines, créant une palette de couleurs qui évolue de l'ocre au vert.

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