Chapitre 12

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11 octobre

      Le silence enveloppe la maison, mais mes pensées résonnent avec une intensité étourdissante. Allongée dans mon lit, je me tourne et me retourne. Je recherche désespérément le sommeil. Les événements de cette nuit s'acharnent à défiler en boucle dans mon esprit. Plus je m'obstine à les chasser et plus ils reviennent déterminés à me hanter.

Je ne peux m'empêcher de repenser à Charlotte, la victime qui a trouvé un refuge de fortune dans notre petite rue. Les secours ont agi avec une efficacité redoutable pour la réanimer. J'ai senti mon cœur se serrer dans ma poitrine en attendant, impuissante, des nouvelles de son état. Après une heure durant laquelle les premiers soins lui ont été prodigués dans l'ambulance pour la réanimer, elle a été transportée à l'hôpital. Le destin était de son côté ce soir. Charlotte ne devait pas mourir. Ce n'était pas son heure.

Rapidement, la lueur d'espoir qui accompagne cette réanimation s'assombrit. J'ai entendu les policiers faire le lien entre cette attaque et le meurtre de Carrigaline. Un tueur est aux aguets. Qui sera sa prochaine victime ?

La chambre est plongée dans une semi-obscurité. Ma berceuse lumineuse se reflète sur les murs. Les ombres des événements récents dansent devant moi tels des fantômes qui ne souhaitent pas disparaître. Chaque recoin de mon être est en proie à un sentiment de confusion. Carrigaline, ce nom résonne dans ma tête comme un écho lugubre. L'inquiétude me serre le cœur et mes pensées deviennent un labyrinthe hostile où je me perds sans cesse.

Incapable de trouver le sommeil, je me lève. Pudding, qui ne me lâche plus, me suit pendant que je m'aventure dans les couloirs enténébrés de la maison familiale.

N'ayant pas la moindre envie de me recoucher, je vérifie chaque pièce. Ce rituel me tranquillise. La salle de séjour, le salon, la cuisine... Tout semble normal, mais le sentiment d'insécurité persiste. Mes peurs d'enfants se mêlent à mes peurs d'adulte. Le cocktail est amer.

Je fais un détour par la chambre de mon père. Il dort paisiblement loin d'être conscient du tumulte qui trouble ma nuit. Plus loin, ma grand-mère est également plongée dans un sommeil profond. Sa respiration régulière est une mélodie qui malheureusement ne parvient pas à calmer l'agitation qui persiste en moi.

Revenant dans la chambre d'invités, je me glisse sous les couvertures avec Pudding blotti contre moi. La chaleur réconfortante de sa présence me procure un semblant de consolation. Je ferme les yeux, espérant que le sommeil viendra enfin m'engloutir dans ses bras salvateurs. Me concentrant sur le cliquetis de l'horloge, je remarque que mes pensées sont moins nombreuses et confuses. L'épuisement est là.

Pendant que le silence enveloppe la maison endormie, je m'accroche à l'idée que chaque nuit trouble cède sa place à un nouveau jour, avec l'espoir que la lumière dissipera la négativité qui hante mon quotidien. Dans l'éclat naissant de l'aube, peut-être trouverais-je la clarté qui me manque encore, non ?


       La journée au travail s'étire péniblement comme si le temps lui-même résistait à s'écouler. Je lutte pour me concentrer sur les tâches professionnelles qui exigent mon attention. Les chuchotements des collègues et les regards compatissants ne font qu'ajouter à mon malaise.

— Tu es sûre que ça va, Juliette ? s'inquiète Colm en me prenant des mains le bouquet que je compose.

— Pourquoi ça n'irait pas ? demandé-je en contournant la table pour me saisir de feuillage.

— Tu devrais rentrer. On s'occupe de tout, lance Abigail qui vient de raccompagner un client jusqu'à la sortie.

— Je vous assure que ça va. J'ai juste mal dormi.

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