Savage love

Chapitre 33

31 octobre

— Pas de soirée d'Halloween pour moi, révélé-je un chouïa contrariée en prenant place sur le canapé.

— Nous pouvons revoir nos plans et rester avec toi, déclare Colm déguisé en mort-vivant accompagné d'Abigail dans son costume de vampire sexy.

Abigail acquiesce.

— Vous en faites bien assez pour moi. L'un comme l'autre, vous ne comptez plus vos heures à la boutique et vous formez avec grand-mère les deux nouveaux employés. C'est déjà trop. Ne vous privez pas de vous amuser pour moi. Allez, oust !

Je raccompagne mes deux amis jusqu'à la porte.

— Tu es sûre de toi ? demande une dernière fois Abigail, toujours aussi attentionnée.

— Profitez de votre soirée !

Elle m'embrasse et m'étreint sous le regard affectueux de Colm qui me tapote l'épaule.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu appelles. OK ?

J'acquiesce en refermant la porte derrière eux que je verrouille.

— Mamie dort à l'étage. Ce soir, c'est toi et moi, mon chéri.

Je me saisis de Pudding venu se frotter à mes pieds et le couvre de papouilles en me rendant dans le salon. À présent que je ne vis plus dans l'annexe, j'occupe principalement le salon de la maison de mon père et de ma grand-mère quand je ne suis pas dans une chambre du premier.

Je suis là, blottie sur le canapé avec Pudding dans les bras. C'est une soirée d'Halloween plutôt calme cette année. Mon père est retenu par son travail, encore une urgence de dernière minute. Quant à ma grand-mère, elle dort déjà à l'étage.

La télévision projette des ombres dansantes sur les murs du salon pendant que je zappe d'une chaîne à l'autre, cherchant quelque chose qui pourrait capter mon attention. J'aimerais tomber sur un programme pacifique. Le sang et l'horreur... très peu pour moi après ce que j'ai vécu.

Soudain, la sonnette retentit et rompt le silence de la maison. Pudding sursaute avant de se recroqueviller de nouveau contre moi. Je me lève posant doucement mon chat sur le canapé et me dirige vers l'entrée. À travers le judas, je vois un groupe d'enfants déguisés — des sorcières, des fantômes, et même un petit vampire. J'ouvre amusée.

« Des bonbons ou un sort ! », chantent-ils joyeusement.

Je puise dans le grand bol de confiseries que j'ai préparé et distribue des friandises dans les sacs tendus. Les bambins me remercient avant de partir en courant vers la maison suivante.

Je retourne sur le canapé m'enveloppant dans ma couverture. Pudding ronronne, reprenant sa place contre moi. Mais à peine ai-je débuté le visionnage d'une comédie romantique qu'une nouvelle sonnerie me fait sursauter. Je soupire, la main posée sur le cœur. Puis je me lève à nouveau.

Je regarde dans l'œil-de-bœuf, il n'y a personne si ce n'est un chat noir qui se prélasse sur le perron. Je fronce les sourcils et scrute l'allée décorée de citrouilles. Peut-être est-ce juste des enfants faisant des farces ? Sur le point de retourner dans le salon, un petit garçon surgit soudain sur le perron. Sa mère est en retrait sur le trottoir. J'ouvre la porte.

— Oh, Nolan ! Tu m'as fait peur ! lâché-je en riant nerveusement tout en fouillant dans le bol de bonbons pour lui en donner.

— Désolé, Juliette ! s'exclame le petit déguisé en Hulk.

Je lui souhaite une bonne soirée. Alors que je m'apprête à refermer la porte, mon regard est attiré par une silhouette de l'autre côté de la rue transformée par une multitudes de décorations orange et noire. Un individu, debout et immobile, me fixe dans son costume de Jack l'Éventreur. Il est trop loin pour que je puisse distinguer son visage, mais quelque chose dans sa posture me met mal à l'aise. Son allure sinistre et victorienne me vole un frisson. L'individu dans son long manteau sombre s'appuie sur une canne. Quand nos regards se croisent, il incline son haut-de-forme comme pour me saluer avant de dévoiler un couteau qu'il cachait dans son dos.