Chapitre 2

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       Je décide de me rendre à Crosshaven pour avoir une meilleure idée des espaces de la maison à fleurir. En réalité, je n'ai pas le choix. Colm a assuré à Clara que je me présenterai au rendez-vous qu'elle a fixé. Je dois l'honorer sous peine d'être étiquetée comme une fleuriste peu professionnelle. En chemin, je songe que cette visite n'est en rien une réponse positive de ma part à la pseudo proposition faite par Clara.

Pendant quelques instants, je cesse de penser au travail et j'admire le panorama qui défile derrière le pare-brise de mon SUV. Je ne devrais plus tarder à arriver à Crosshaven qui est un village situé sur la côte où se trouvent des propriétés de luxe avec vue sur la mer. Les routes sinueuses serpentent à travers les collines verdoyantes de la campagne irlandaise. Le calme règne en maître. Je ralentis laissant mon esprit vagabonder dans cette nature que j'aime tant.

        Le village se dessine à l'horizon et constitue un tableau pittoresque. Les rues sont étroites bordées de maisons colorées qui donnent sur le port de plaisance, où les bateaux se balancent doucement au gré des marées. Les pubs animés et les cafés conviviaux créent une atmosphère chaleureuse, invitant les habitants et les visiteurs à profiter de la beauté tranquille de ce lieu maritime.

Je poursuis mon chemin et je m'éloigne du centre de Crosshaven en rêvant de la possibilité d'un jour venir vivre ici... Bien que le coût de la vie dans cette région idyllique semble trop élevé pour mon compte en banque.

Arrivée au point de rendez-vous, je suis accueillie par l'élégance discrète de la propriété. J'atteins l'immense portail en fer forgé. Les grilles richement décorées, ouvragées avec précision, laissent entrevoir un jardin verdoyant. Aucun nom sur la sonnette sur laquelle je m'apprête à appuyer quand un gardien, d'une politesse typiquement irlandaise, me salue chaleureusement avant de vérifier mon identité. Après quelques instants, il retourne sans sa cabine. Le portail s'ouvre majestueusement, révélant une allée ombragée qui s'étend à perte de vue. Je conduis à travers ce tableau bucolique qui me vole un large sourire.

Waouh, pensé-je en garant ma voiture devant la demeure en pierre, entourée d'un vaste jardin agrémenté de plantes et d'arbustes mis en valeur par des pots sublimes. En sortant du véhicule, mon sac dans une main, mon manteau dans l'autre, j'observe les alentours et repère sur le côté de la propriété un chemin sinueux constitué de pavés vers lequel je m'avance. Il mène à une grande véranda qui offre un espace idéal pour se détendre tout en admirant le paysage. Tout autour de la maison, des arbres matures et imposants cernent le terrain, créant une atmosphère paisible.

Qui peut bien vivre dans cette propriété ? me demandé-je. Andrew Thompson comme semble l'affirmer Colm ? Le coin est parfait pour un joueur célèbre en pleine convalescence. Personne ne peut le déranger ici.

— Madame Campbell ?

Je me retourne en entendant une voix féminine dans mon dos.

Une femme aux pattes d'oie et aux rides du lion prononcées, un chignon soigné et bien haut sur la tête, dans une robe cintrée d'un bleu dur, vient à ma rencontre.

— Enchantée, je suis Madame Delaney. La gouvernante de ces lieux, annonce-t-elle en se frottant les mains à cause du froid. Veuillez me suivre à l'intérieur, il y fait bien meilleur.

Son ton est neutre. Son visage ne laisse transparaître aucune émotion.

J'approuve, c'est vrai qu'il fait frisquet, et je l'accompagne jusqu'à l'entrée de la maison. En franchissant le seuil de la porte, mes yeux s'écarquillent devant la splendeur du hall d'entrée. La lumière tamisée met en valeur les détails raffinés du parquet sombre et des moulures délicates qui ornent les murs. Un lustre majestueux, suspendu au plafond, diffuse une lueur étincelante sur le grand escalier en bois évoquant une élégance intemporelle.

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