Chapitre 32 - Andrew

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29 octobre

       Je ris avec Paul, le père de Juliette, quand j'entends un bruit en provenance du couloir. Je tourne la tête et aperçois Juliette à peine réveillée. Ses cheveux sont en désordre et elle porte toujours le t-shirt large dans lequel elle a dormi. Elle semble perdue, vacillante sur ses pieds comme si le sol était instable.

— Bon retour parmi nous, déclaré-je en m'efforçant de garder une voix apaisée. Paul lui adresse un sourire affectueux avant de sortir de la cuisine pour répondre à la sonnette qui retentit dans l'entrée.

Juliette est sortie hier après-midi de l'hôpital et depuis elle n'a eu de cesse de dormir. Je m'approche d'elle prêt à la soutenir si elle trébuche.

— Comment tu te sens ? demandé-je tout en observant son visage pâle. Elle a l'air d'être encore loin, perdue dans les brumes du monde glacial qu'elle décrivait lors de ses hallucinations à l'hôpital.

— Un peu paumée, murmure-t-elle.

Sa voix est faible. Presque un souffle.

— Où est grand-mère ?

— Elle est à la fleuristerie, expliqué-je doucement. Colm la ramènera pour dîner. Ne t'inquiète pas.

Juliette hoche la tête, soulagée par cette nouvelle. Sa grand-mère est une figure rassurante dans sa vie, surtout en ces temps difficiles.

— Tu veux t'asseoir ? lui proposé-je en la guidant pour l'aider à marcher.

Nous nous dirigeons vers le canapé où elle s'effondre à côté de moi. Son poids contre mon épaule est léger. Je ressens toute la confiance qu'elle me porte en cet instant, ça me rend fier. Juliette ferme les yeux en prenant une profonde inspiration.

Paul, après avoir échangé quelques mots avec le voisin à la porte, réapparaît pour nous informer qu'il sort faire un tour dans le quartier dans le cadre d'une surveillance organisée par les habitants.

— Je reviens dans une heure. Prends soin d'elle, Andrew. Je te confie ma fille, dit-il solennellement en mettant sa veste

— Comptez sur moi, réponds-je avec un hochement de tête sérieux.

Lorsque la porte se ferme derrière Paul, Juliette pivote dans ma direction.

— Ça fait mal, dit-elle simplement en portant sa main à son front.

— Je sais. Je suis là pour t'aider, assuré-je en passant mon bras autour de ses épaules pour me rapprocher d'elle.

Juliette s'appuie contre moi, son corps tremblant sous l'effet de la douleur ou de la fatigue. Peut-être les deux. Je la serre contre moi et je lui offre tout le réconfort et la sécurité que je peux lui donner durant cet instant de fragilité.

— Tu veux prendre des antidouleurs ? Le médecin a dit que tu pouvais en ingérer trois maximum par jour.

— Tu es bien au fait, sourit-elle tristement.

Comment ne pas l'être après avoir passé ses prescriptions au crible avec mon propre médecin pour m'assurer qu'elle ne souffre d'aucune surdose ou d'aucune accoutumance ?

Nous restons ainsi, enlacés dans le silence du salon tandis que le soleil décline projetant l'ombre des arbres et des lampadaires sur les murs. Durant ce moment, rien d'autre ne compte plus que « nous ». Le monde extérieur semble lointain et indistinct.

— Tu es bien installée ?

— Oui... merci d'être aux petits soins, susurre-t-elle alors que je sens son corps se relâcher.

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