Chapitre 3 - Andrew

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        Après avoir enfilé des vêtements d'intérieur, je quitte ma chambre. Dans le couloir du premier étage, je m'arrête face à une vitrine abritant l'ensemble des trophées que j'ai remportés durant ma carrière. Il en manque un, le plus important. Celui d'une coupe du monde. La prochaine sera organisée dans moins d'un an en Angleterre, l'occasion rêvée pour le rugby irlandais de s'illustrer. Après tout, c'est l'une des meilleures équipes au monde depuis deux ans, si ce n'est la meilleure ! Ce n'est pas moi qui le dis, mais la World Rugby* avec son classement officiel.

Je m'observe dans la vitrine et remets en place des mèches de mes cheveux en bataille que j'ai frictionnés vigoureusement avec la serviette en sortant de la douche.

— Ça fera l'affaire, monologué-je en frottant ma barbe de trois jours qui a le don d'exaspérer Nine, la gouvernante.

Elle trouve que ça me donne un style négligé et peu appréciable. Comme je me fiche des conventions, c'est avec fierté que j'affiche ma trombine mal rasée aux yeux de tous. J'ai toujours été un rebelle. On me dit d'aller à gauche, je vais à droite. On me dit rouge, je dis jaune. On me dit foot, je dis rugby. Point.

Je me rends au rez-de-chaussée dans le salon qui semble être un endroit propice aux confidences. Si on peut dire ! Juliette Campbell, assise dans un fauteuil, discute vivement avec Nine de la soirée de samedi.

Je m'approche lentement, m'amusant du manque de détails que la gouvernante partage avec notre invitée. Le visage de la jeune femme trahit un certain agacement face aux réponses vagues qui lui sont formulées. Je décide d'intervenir et de mettre fin à cette mascarade.

— Mesdames, lancé-je en me frayant un chemin jusqu'au canapé. Je crois qu'il est temps de faire un point clair sur la soirée de samedi.

Juliette, surprise de ma soudaine apparition mais souriante, se lève pour me saluer.

— Ne vous levez pas pour moi, dis-je en allant à sa rencontre pour lui serrer la main.

Immédiatement, je suis saisie par la délicatesse de ses grands yeux en amande.

— Enchanté de faire votre connaissance, Juliette.

Ce qu'elle est belle, pensé-je en réussissant difficilement à lâcher cette brunette du regard. Son nez et ses joues sont parsemés de taches de rousseur. Ils donnent à son visage ce je-ne-sais-quoi qui a attiré mon attention lorsque je l'ai aperçue une semaine plus tôt dans un restaurant de Cork. Elle y dînait en compagnie de sa grand-mère. Je n'ai pas osé l'aborder de peur de la déranger. De toute façon, je suis naze en drague. J'avais besoin d'une approche plus subtile.

— Je vous retourne le compliment, Monsieur Thompson, répond-elle en se rasseyant dans le fauteuil.

Je lui souris en retour, charmé par la douceur qui émane d'elle.

— Comme je vous l'ai précisé tout à l'heure, c'est pour ma sœur que nous organisons cette soirée. Je veux m'assurer que tout soit parfait.

Nine se racle la gorge.

— Une petite toux ? lui demandé-je. Il y a des pastilles au miel dans la pharmacie à l'étage.

Je ne lui apprends rien. C'est elle qui la gère et Dieu sait qu'après mon opération il a fallu la remplir de compresses, de pansements et de divers médicaments.

— Tout va très bien, Andy, répond-elle impassible.

Je crois qu'elle essaie de me faire comprendre de ne pas donner trop de détails sur la soirée.

Je m'installe confortablement dans le fauteuil qui se trouve à côté de celui de Juliette.

— Je vais prendre le relais, Nine. Merci.

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